15 M$ pour rafraîchir l’eau de Sainte-Agathe

Par Éric-Olivier Dallard

La ville de Sainte-Agathe construira une nouvelle usine de filtration en vue d’améliorer la qualité de son eau potable. Ce projet a été rendu possible grâce à une aide financière gouvernementale de 7,5 M$, tiré à même le Programme d’infrastructures Québec-Municipalités.

L’autre moitié de la facture sera épongée par la Ville, qui planche sur le dossier depuis 2002. «C’est un des plus gros investissements que j’ai eu à annoncer», a confessé la vice-première ministre et ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, qui a multiplié les visites et les poignées de main en ce lundi après-midi.
L’usine en question sera construite en bordure du lac Grignon et pourra approvisionner quelque 10 000 personnes. En plus des travaux de déboisement et de rehaussement de barrage, une conduite de recharge sera également aménagée entre les lacs des Sables et Grignon. À terme, le projet vise la mise aux normes des installations de production d’eau potable en vue de répondre au règlement adopté en juin 2001 par le gouvernement du Québec.
«Il a coulé beaucoup d’eau sous les ponts, a déclaré le maire Laurent Paquette depuis le début du projet. Cinq variables ont été analysées pour tenter de définir une solution optimale. À la fin de 2005, on avait usé près de toute la patience qu’on avait. Mais d’ici un an et demi, on devrait pouvoir offrir une qualité d’eau irréprochable.»

Les municipalités du Québec avaient jusqu’en juin 2008 pour se conformer aux nouvelles normes gouvernementales, mais compte tenu des nombreuses contraintes observées, les villes pourront bénéficier d’un délai supplémentaire. L’usine de Sainte-Agathe devrait être en opération au plus tard au printemps 2009. Seulement 90 municipalités sur 1141 s’approvisionnent à même l’eau de surface, comme c’est le cas à Sainte-Agathe. C’est l’un des plus gros projets des dernières décennies, a lancé le maire au sortir de la conférence de presse.
À quand les eaux usées?

Par ailleurs, la cause opposant l’Association de protection de l’environnement du Lac Raymond et la ville de Sainte-Agathe n’a toujours pas été entendue. On se rappellera que l’année dernière à pareille date, l’association intimait la ville de cesser tout déversement de ses eaux usées et pluviales non traitées dans la Rivière-du-Nord. Le 28 juillet dernier, son président Guy Drouin, sonnait l’alarme auprès de la direction régionale du Centre de contrôle en environnement du ministère du Développement durable, des parcs et de l’environnement (MDDEP) en indiquant qu’à chaque grande crue, le trop-plein de l’usine d’épuration de la ville se déverse directement dans la Rivière-du-Nord, pour aboutir dans le Lac Raymond, à 16 kilomètres au sud. En plus de causer un problème de salubrité et d’hygiène, cette pratique met en péril les acti­vités nautiques à Val-Morin.

Plus d’une vingtaine de kilomètres de réseau sanitaire agathois recueillent à la fois les eaux pluviales et usées. Dès qu’il y a surcharge, une partie de ces eaux se déverse directement dans la rivière. Des analyses ont démontré que les rejets dépassent jusqu’à 30 fois les normes permises. Le problème n’est pas unique à cette ville, a déclaré alors Marc Léger, directeur-adjoint du bureau régional du ministère de l’Envi­ronnement.
«Ça coûterait des milliards de dollars si le gouvernement décidait du jour au lendemain de faire des conduites séparées.» Rien qu’à Sainte-Agathe, une telle opération s’élèverait à 20 M$.

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