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1976

Par Josée Pilotte

Dernièrement j’ai mis la main sur de vieux clichés pris dans les cabines photos instantanées au centre d’achat. À l’époque, c’était la grosse mode. Les photos cabines instantanées. Les centres d’achats aussi. Je me rappelle qu’on se donnait tous rendez-vous le jeudi après l’école pour aller flâner au Centre Laval.

En fait, la jeunesse des années ‘80 s’est déroulée entre le centre d’achat et l’aréna, à magasiner du linge ou un chum; dans tous les cas on repartait souvent les mains vides. Ah oui!, j’oubliais: il y avait aussi le dépanneur Perrette et ces fameux «mini sip» à 10 cents et nos «K-Way» bleu-ciel. La belle époque quoi!

Toujours est-il que parmi ces vieux clichés, une date: 1976.

L’année des Jeux. Des vrais.

Je ne sais pas pourquoi mais je me sens vieille tout à coup de vous raconter tout ça… pourtant je n’étais qu’une petite fille (vraiment p’tite!)… mais anyway, trêve de coquetterie, mon sujet est sérieux lui. Il commence par la grande féminité et la flexibilité de Nadia Comaneci, me renvoyant à la gueule mon manque de flexibilité à moi et mes cheveux courts (ma mère trouvait que c’était moins de troubles). Je n’ai jamais eu aucune habileté pour tout ce qui commande une certaine souplesse. Mais vraiment pas. Sauf, évidemment pour accepter certaines colères de nos élus… ça aussi c’est de la gymnastique!

Donc, disais-je, toutes les filles de ma génération ont rêvé de gymnastique et de patinage artistique pendant que tous les gars, eux, se nommaient Guy Lafleur ou Ken Dryden.

Quant à moi, ma mère n’ayant pas de voiture pour me «barrouetter» d’un aréna à l’autre, j’ai troqué jupette à paillettes et patins blancs, pour des shorts Adidas et des sneaks Converse. N’empêche que je les trouvais chanceuses, mes copines de l’époque, cheveux au vent, de pouvoir exécuter une pirouette cambrée vers l’arrière sans se casser la gueule.

Tout ça pour dire que le sport marque l’imaginaire, que les athlètes sont souvent charismatiques et inspirants. La preuve? On ne peut pas s’appeler Nadia et cacher son âge…
Ça m’enrage d’entendre que certaines commissions scolaires veulent retirer les périodes d’éducation physique. Nous sommes à une époque où le décrochage scolaire chez les garçons est ahurissant. Comment peut-on penser mettre de côté quelque chose qui souvent les tienne, les motive, leur donne confiance en eux dans un cadre pourtant de plus en plus féminisé où leur voix est de moins en moins entendue.

Le palmarès dans les Laurentides est d’autant plus triste puisque nous sommes la région qui a parmi les taux de décrochage les plus élevés de la province: de 30 à 40% de nos élèves ne décrochent pas de diplôme secondaire.

Je ne dis pas que le sport sauve tout mais, comme on dit: un esprit saint dans un corps sain, cela contribue certainement à l’estime de soi et cela permet aussi de développer l’intérêt d’aller plus loin, plus haut.
Ça permet de danser sa vie et même d’y mettre quelques arabesques! En mémoire de Nadia Comaneci et de sa série de notes parfaites.

1976. «C’était l’année de l’amour, c’était des Jeux».

Un moment magique qui permet à une petite fille, pourtant sans aptitude dans ce domaine, d’y croire tout en essayant de faire la «split» dans son salon…

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