800 éditions plus tard

Par Journal Accès

Eric Nicol

Encore une fois, le paysage médiatique des Pays-d’en-Haut vient de changer. Le journal qui m’employait depuis près de 17 ans n’existe plus, ou du moins plus dans la forme qu’on connaissait.

En ce qui me concerne, c’est une fin de parcours. Je ne suis plus un employé de ce journal. Ma collègue IsabelleHoule, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler durant les six dernières années, non plus.
Serons-nous encore journalistes dans quelques mois? C’est l’avenir qui le dira.
Au fil des quelque 800 éditions que j’ai envoyées à l’imprimerie, j’ai découvert la région, ceux qui l’habitent, avec leurs aspirations, leurs revendications.
En 2000, j’ai débuté en interviewant des gens qui voulaient créer un parc naturel chevauchant Val-David et Val-Morin.
Un projet qui allait faire couler beaucoup d’encre, provoquer la crise de Guindonville et diviser une communauté.
J’ai terminé ces 17 années en interviewant des amis d’un ex-athlète olympique décédé trop jeune, en parlant de lumières de rue parfois trop brillantes et en évoquant un centre sportif qui se fait encore attendre.
Entre les deux, il y a eu des centaines d’entrevues et de photos, des rencontres inspirantes et instructives.
Des gens nous ont fait confiance en nous livrant des informations, en se fiant sur nous pour faire valoir leur point de vue, leurs revendications.
Nous avons fait écho à leurs inquiétudes et à leurs préoccupations le plus fidèlement possible.
Chaque semaine, il y a certainement eu des lecteurs au rendez-vous. Des lecteurs parfois déçus ou choqués de l’angle que nous avions choisi. Des lecteurs qui avaient leur mot à dire sur les enjeux de l’heure et des lecteurs qui ont pris quelques minutes de leur temps pour nous féliciter. Je les en remercie tous.
Le journalisme est une forme de conversation avec le public.
La disparition ou la fusion d’un journal n’est pas une bonne nouvelle en soi parce que c’est une voix de moins.
Je ne l’aurais jamais souhaitée quand j’étais « de l’autre côté », au Journal des Pays-d’en-Haut. Le journalisme est une forme de conversation et plus il y a de voix, plus solide est cette conversation.
Mais le contexte change et, de toute évidence, il n’y a plus de place pour tout le monde dans un marché difficile où les revenus publicitaires sont à la baisse. C’est une situation regrettable.
Laisser derrière soi 17 années d’informations régionales n’est pas une chose facile. Il y a tous ces gens à qui on n’a pas eu le temps de dire au revoir. Ceux qu’on voulait rappeler pour développer un nouveau sujet de reportage.
Plusieurs projets sont en suspens…
Mais au-delà de ces considérations personnelles, c’est le public qui compte. C’est à ces citoyens qu’on doit une information de qualité et qui attendent chaque jour des nouvelles de leur ville, de leur région.
C’est maintenant à ces citoyens de continuer la conversation avec leur média.
C’est, quelque part, la santé de notre démocratie qui est en jeu.

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