Accès+sur tablette
Accès+ sur tablette : les défis
À la mi-février, le journal Accès lancera l’application Accès+, la version augmentée du journal papier Accès. À terme, c’est une nouvelle expérience qu’Accès offre à ses lecteurs. Entrevue avec Bruno Taquois pour un tour d’horizon de l’appli Accès+.
Qui êtes-vous?
J’ai créé une entreprise dans les Laurentides qui distribue les logiciels d’un éditeur espagnol, Protecmedia. Ces logiciels aident les journaux à produire leurs contenus sur tous les supports : papier, Web, tablettes et téléphones. Nous sommes présents dans 25 pays dans le monde et plus de 1000 journaux utilisent nos produits.
Me concernant, je travaille dans les journaux depuis 1986, j’ai passé 14 ans dans un groupe de presse à Paris qui édite l’Équipe et Le Parisien pour les plus connus. J’ai ensuite été Directeur technique d’un groupe de journaux en Normandie où j’ai moi-même eu à sélectionner un nouveau système informatique et devinez-quoi ? Après avoir comparé de nombreux systèmes j’ai choisis Protecmedia.
Installé maintenant au Québec, c’est naturellement et par conviction dans ce produit que je suis venu ici, tenter de convaincre des éditeurs de choisir cette solution pour affronter le futur avec de meilleures armes.
J’ai approché l’Association des Hebdos du Québec (Hebdos Québec) pour implanter ce logiciel. Et Accès a été le premier journal au Canada à voir ce produit.
Quel est votre rôle dans le projet d’implantation?
Créer une application comme La Presse+ n’est pas intuitif, il n’y a pas de manuel 101 pour expliquer comment relever ces défis. Aussi, avec mon expérience, ma connaissance du produit Protecmedia, je me sens redevable d’aider les éditeurs à identifier les défis à venir et à leur donner les clés que je connais. À eux d’en profiter ou pas, je n’ai d’autre prétention que de leur proposer mon aide, de faire un bout de chemin ensemble et d’être là, quoiqu’il arrive dans le futur.
Quels sont les défis auxquels fait face Accès avec l’arrivée d’Accès+?
L’arrivée d’une application de nouvelles sur les téléphones intelligents et sur les tablettes est tout un défi en termes d’organisation pour un éditeur local et indépendant.
Au Québec, nous avons la chance d’avoir un grand quotidien comme La Presse+ qui a déjà préparé le terrain, donc certaines lignes sont déjà tracées, mais la comparaison s’arrête là, car nous avons d’un côté des entrepreneures locales, avec une équipe réduite et des moyens financiers limités et, de l’autre, une grande entreprise qui a dépensé plus de 40 millions de dollars et qui dispose de ressources de plusieurs centaines de personnes et des capitaux de la famille Desmarais.
Mais au moins, le modèle d’affaires est maintenant démontré, le lecteur a pris l’habitude d’ouvrir son journal sur tablette avec son café du matin et le marché publicitaire connaît l’offre et le produit, il n’est plus nécessaire de faire de l’évangélisation.
Pour autant, le changement est énorme et il faut le maîtriser.
La première révolution est le volume. L’impression et la distribution d’un journal papier représentent la moitié des coûts de fabrication. Avec le numérique, on s’affranchit complètement de ces coûts et il n’est plus nécessaire de compter ses pages. Avec le numérique, ajouter une page ne coûte pratiquement rien de plus, pour peu que la fabrication ne nécessite pas d’engager des employés supplémentaires.
On peut donc en donner plus aux lecteurs, enrichir les contenus avec des galeries de photos, des vidéos, du son et, bien sûr, aller aussi plus en profondeur dans un article. Bref, on n’est plus limité par l’espace et ce qu’il coûte.
La deuxième révolution est le contenu. Même si Internet a déjà ouvert une porte, c’est un vrai métier que de prendre des photos, des vidéos et du son de qualité puis de s’attacher à une mise en scène de l’information pour la rendre attrayante.
Tout ceci passe évidemment par de la formation et du transfert de compétences pour que les journalistes et les ateliers puissent ensuite exprimer leurs propres talents.
Et évidemment, ces enrichissements de contenus doivent aussi s’appliquer à la publicité. Ne pas profiter de ces outils pour créer des publicités plus efficaces et moins ennuyeuses serait une grosse erreur. Il faut jouer avec les outils, s’amuser pour proposer des publicités animées qui permettent aux lecteurs de jouer avec et aux annonceurs, même locaux, de renforcer la persistance de leurs marques, en améliorer leur notoriété. Qu’on se dise en jouant avec leur publicité : « Wow! C’est bien hot! » et qu’on se précipite pour la montrer à son chum ou à sa blonde.
La troisième révolution est la mesure. Aujourd’hui, sur le numérique, on mesure immédiatement la performance, le nombre de lecteurs réel, leur localisation et ce qu’ils ont regardé et lu comme articles. On peut pester contre les cookies et le sentiment d’être scruté à la loupe, mais c’est ainsi… Et on râle d’un côté, mais on en profite largement aussi, déjà en rendant Internet gratuit.
Maintenant, pour un journal local, c’est un nouvel espace-temps, avec un nouveau vocabulaire et de nouveaux acteurs. Et il faut apprendre et maîtriser cet espace et ses règles, pour ensuite pouvoir offrir des services aux clients et aux lecteurs.
Maîtriser la mesure pour orienter ses contenus vers ce que les lecteurs apprécient et maîtriser la mesure pour offrir aux annonceurs des statistiques de performance et la publicité la plus efficace possible.