« C’est urgent » : des tronçons routiers qui inquiètent les élus
Un segment de la route principale de Wentworth-Nord, sous la responsabilité du ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD), s’est récemment retrouvé dans le palmarès des pires routes du Québec selon CAA. Une reconnaissance peu enviable, mais loin d’être surprenante pour les élus de cette municipalité.
Depuis plusieurs années, les résidents se plaignent de l’état de ce tronçon situé près du chemin du Lac Capri. « Il y a des nids de poules, la route est sinueuse et la chaussée est sérieusement détériorée. C’est dangereux, et les citoyens le signalent régulièrement en séance du conseil municipal », explique la mairesse Karine Dostie.
Bien que la municipalité ait investi dans la réfection de plusieurs segments de la route principale, celui en question relève du MTMD, ce qui limite considérablement ses moyens d’action. « On encourage les citoyens à appeler le 511 et à porter plainte au ministère, c’est malheureusement l’un des seuls leviers dont nous disposons », ajoute Mme Dostie. Mais à ce jour, aucune réfection majeure n’est annoncée.
« On n’est pas fiers, mais on n’est pas capable de faire quelque chose », affirme le directeur général de la municipalité, Ron Kelley. Celui-ci explique que même si les nids de poule sont parfois bouchés, la route reste chaotique et que ça prend souvent minimum une semaine avant qu’ils soient remplis, et ce, pas toujours de façon très exemplaire. « Tu ne peux pas rouler vite sur cette route. Ça cause problème pour les urgences. […] On a fait un test avec le service d’incendie, c’est très rock n roll. Les têtes touchent au plafond », raconte-t-il.
Prévost : un pont de la 117 jugé urgent
À Prévost, le maire Paul Germain se considère « dans les chanceux » par rapport à d’autres secteurs des Laurentides, puisque quelques grandes sections de la 117 ont été refaites ces dernières années. Toutefois, il pointe un problème majeur : le pont sur la 117, dans le secteur nord, qui traverse la rivière du Nord.
« Moi, ce qui m’inquiète le plus, c’est le pont sur la 117 dans ce secteur-là. On est allé avec un drone prendre des photos, et le pont est très endommagé. […] Et ce qu’on avait dans les échéanciers, ce qu’on avait décrit, c’est que le projet était supposé se faire il y a 8 ans, puis il y a 7 ans, il y a 6 ans, il y a 5 ans… Pendant ce temps-là, ça se dégrade, et c’est effectivement urgent. Quelqu’un peut prendre un nid de poule, frapper une autre voiture. Il y a un enjeu de sécurité, ce n’est pas un enjeu électoral. »
Selon lui, cette structure figure depuis 15 ans au plan d’investissement du gouvernement, sans que les travaux ne débutent. « À un moment donné, on réduit la portée des camions, le tonnage des camions qui peuvent entrer sur ce pont-là. […] Je suis très inquiet, mais c’est une question de sécurité. »
Et outre le pont, l’état de la chaussée entre le quartier Shawbridge et la limite de Sainte-Anne-des-Lacs demeure préoccupant. M. Germain appelle donc la population à se mobiliser : « La population devrait écrire pour faire pression. C’est un travail collectif, puis nous, on met énormément de pression sur le MTMD. »
Un problème qui dépasse le municipal
À Wentworth-Nord comme à Prévost, les élus municipaux disent se heurter à la même réalité : des infrastructures cruciales relèvent du MTMD, mais les budgets et priorités du ministère retardent les travaux, parfois depuis plus d’une décennie. Selon M. Kelley, malgré toutes les plaintes et les rencontres réalisées avec le MTMD, on a « aucune vision du futur » pour la route principale à Wentworth-Nord. Le MTMD dit que d’autres chemins au Québec sont plus prioritaires que celui-ci, bien qu’il soit classé dans les pires routes du Québec, et que faute de budget et de ressources, la route principale n’est pas dans leurs priorités même si elle « cause un problème pour la sécurité des citoyens et leurs véhicules ».
Dans les deux cas, les maires craignent pour la sécurité des usagers et constatent que les réparations ponctuelles ne suffisent pas. En attendant, les citoyens devront composer avec des tronçons dégradés, des risques accrus pour les véhicules et un sentiment d’impuissance partagé. Pour le moment, les élus proposent aux citoyens de continuer d’appeler le 511 pour se plaindre au MTMD.