Il était une fois
Par Mimi Legault
CHRONIQUE
Par les temps qui courent, certains ouvrages aux États-Unis, en Australie et même au Canada sont bannis. On retire des bibliothèques et des écoles des ouvrages jugés sensibles parce qu’il est question (selon ces bien-pensants) de racisme, de LGBTQ ou de sexualité envers des systèmes établis. Eh misère ! Comme chantait Emmanuelle : Et c’est pas fini… J’ai donc choisi l’histoire du Petit Chaperon rouge à ma façon : sera-t-elle proscrite elle aussi ? À suivre !
Il était une fois… Mon Dieu que j’aime débuter une histoire comme ça. Donc, il était une fois un petit chaperon rouge qui s’en allait gaiement dans le bois visiter sa mère-grand. Oui je sais, on dit grand-mère, mais c’est probablement pour faire fancy qu’elle avait décidé de la surnommer ainsi. Peut-être souffrait-elle de dyslexie ? Entoéka…comme disait la vieille Marie.
Mais franchement, je ne sais pas à quoi pensaient ses parents : envoyer une enfant toute seule dans le bois ! On pourrait faire une plainte à la DPJ. Et d’ailleurs qu’est-ce que sa mamie (oui mamie, parce que paraît-il que ça fait moins vieux) pouvait bien foutre dans le bois sans aucune adresse ? Elle devait s’ennuyer la mémé ! Et puis comment recevait-elle son chèque de pension pour personnes âgées ?
Donc, il était deux fois un petit chaperon rouge qui s’en allait gaiement voir sa mère-grand. Tout au long du chemin, que dis-je, du sentier, elle cueillait sans le savoir de l’herbe à puce, ainsi que des champignons magiques. Elle était bien niaiseuse parce que, d’abord, elle ignorait tout de ces plantes et n’était pas fini-fine, car elle se proposait de les offrir à sa mémé.
Tout à coup, elle vit un prince très très très charmant. Lui aussi avait l’air de chercher quelque chose. Lorsqu’il leva la tête, il parut surpris. Il aperçut le petit chaperon rouge et la trouva bien laide. Mais de son côté, la fillette se mit à rougir croyant que le beau prince la cruisait. Je vous l’ai dit, elle était niaiseuse. « Vous cherchez votre cheval mon sire ? », lui demanda-t-elle. Le prince n’en revenait pas en songeant à son Jeep qu’il avait laissé à l’orée du bois. Voulant badiner un peu, il lui répondit qu’il cherchait plutôt la Belle au bois dormant, parce qu’entre vous et moi, c’était un prince-sans-rire. Mais la petite ne la pogna pas. Tellement épaisse cette enfant qu’elle lui dit : eh bien si je la vois, je vous ferai signe. Le prince se mit à rire et le chaperon rouge poursuivit son chemin.
Elle avait bien hâte d’arriver chez sa mère-grand qui était malade. Ben oui, malade et le ministre de la Santé s’en foutait complètement. Mère-grand avait hâte en maudit de voir arriver sa fille-petite (demeurons logique tout de même…) Comment s’appelait-elle déjà ? Maudite mémoire, elle ne savait pas qu’elle faisait un peu d’Alzheimer. Soudain, on frappa à sa porte. Elle fit un moyen saut, personne ne venait chez elle (comme dans les CHSLD d’ailleurs, pour certains personnes). Entoéka, comme disait… (oui bon, je radote maintenant).
Pas de farce, la vieille dame qui tricotait perdit toutes ses mailles. Elle était en beau joual vert. Elle s’écria : « Tourne la chevillette et la bobinette va cherrer ». (C’est écrit comme ça dans l’histoire, okay ?) Mais ça ne cherra pas du tout… Elle refusait de sortir de ses gonds, je parle de la porte bien sûr. Vous me suivez toujours ? La fillette donna un bon coup de pied et…
J’arrête mon histoire ici… Vous savez pourquoi ? Parce que je laisse à chacun le soin de la terminer sans violence, sans sexe, sans préjugés. Bientôt, toutes nos belles histoires seront retirées. Parce que Tarzan vit à moitié nu, que Cendrillon rentre trop tard le soir, que Pinocchio passe son temps à mentir. Parce qu’Aladin est le roi des voleurs, que Batman conduit à 320 km/h. Parce que la Belle au bois dormant est une belle paresseuse, que Blanche-Neige vit avec sept mecs, qu’Astérix se dope de potion magique.
Je vous le demande, où s’en va-t-on ?
