Commission Charbonneau
Le maire Gascon dans le collimateur de l’opposition
Après avoir dénoncé avec virulence l’administration du maire de Saint-Jérôme Marc Gascon, à la suite de témoignages troublants entendus devant la commission Charbonneau, le candidat à la mairie Stéphane Maher entend exiger la démission du maire Gascon de la présidence de la Régie intermunicipale de l’aréna régional.
Pierre Schneider
La goutte qui a fait déborder le vase la semaine passée est sans contredit le témoignage-choc de Bernard Trépanier, l’homme des élections «clés en main » devant la commission Charbonneau.
La semaine précédente, le vice-président de la firme d’ingénieurs Dessau, Rosaire Sauriol, avait admis devant les commissaires qu’il avait versé à trois reprises des montants variant entre 15 000$ et 20 000$ pour financer les campagnes électorales du maire de Saint-Jérôme. Et ce, a-t-il précisé, en argent comptant.
Ce à quoi Marc Gascon avait répliqué avoir appris cette accusation en même temps que tout le monde. Il avait alors soutenu à un journal local n’avoir jamais eu connaissance de ces contributions illégales.
M. «Maximum»
Celui que tous attendaient avec impatience devant les commissaires, l’organisateur politique, entre autres d’Union Montréal, aurait, selon Marc Gascon, participé à ses deux premières campagnes électorales, en 1995 et 1997 et Marc
Gascon a soutenu l’avoir mis dehors à la suite de rumeurs à son sujet.
Cette semaine, Bernard Trépanier, un vieux routier de la politique municipale, surnommé à Montréal «Monsieur 3%», est venu à la barre des témoins pour raconter avoir fait des élections «clés en main» à Saint-Jérôme depuis les années 90.
L’homme de 74 ans a prétendu avoir été au centre de la compétition entre des firmes d’ingénieurs et d’avocats qui favorisaient des candidats afin d’obtenir par la suite les contrats de la ville. Il a mentionné le bureau d’avocats Deveau Lavoie, qui aurait appuyé le candidat Denis Germain en 1993 pour l’Alliance des citoyens.
Vérifications faites auprès de la firme qui a succédé à Deveau Lavoie, son porte-parole Me Jean-François Gagné, a soutenu que Deveau Lavoie n’existe plus depuis longtemps et que ce cabinet n’a jamais ouvert de dossiers pour Saint-Jérôme. Il a précisé que de 1994 à 2007, le cabinet portait le nom de Deveau, Bissonnette, Monfette et Fortin. Et que, depuis 2007, le cabinet Deveau, Bourgeois, Gagné, Hébert et associés, où Me Deveau n’est qu’un employé et non un associé, a des mandats avec Saint-Jérôme.
À bien noter qu’au cours de son témoignage embrouillé et imprécis , qui a laissé sceptiques nombre d’observateurs, Bernard Trépanier a soutenu avoir été payé en cash par le parti du maire Gascon pour «organiser les élections».
Celui qui s’est défini comme un «ouvreur de portes» a notamment fait état qu’il avait œuvré par la suite, grâce à ses contacts politiques à Saint-Jérôme, dans le dossier de l’implantation de panneaux publicitaires le long de l’autoroute. «Je ne transigeais qu’avec les maires des différentes municipalités de la rive nord» a-t-il ajouté.
Maher fustige
Candidat à la mairie pour Vision Saint-Jérôme, Stéphane Maher s’est aussitôt indigné au sujet du «système de corruption et de collusion» mis en place par son adversaire.
«Comment le maire Gascon et ses conseillers n’ont-ils pu ne rien voir et ne rien savoir depuis toutes ces années» s’interroge-t-il dans un communiqué.
Martelant qu’un grand ménage s’impose à l’hôtel de ville lors de l’élection de novembre prochain, M. Maher, qui se dit fort préoccupé par les révélations de la commission, a déclaré au Journal avoir trois priorités immédiates dans cette affaire.
D’abord, son parti va faire des demandes d’accès à l’information concernant tous les contrats octroyés par la ville à Dessau et aux cabinets d’avocats depuis 1997.
Puis, il exige que tous les contrats de Dessau avec Saint-Jérôme soient immédiatement suspendus.
Enfin, il entend obtenir la tête de Marc Gascon à la présidence de la Régie de l’aréna régional: «Marc Gascon veut aller de l’avant avec la construction d’un aréna de 21M$, dont Saint-Jérôme doit défrayer 75% des coûts», explique-t-il. Vision Saint-Jérôme s’interroge en effet sur tous les dessous de cet important projet auquel les noms de Dessau et de CIMA + ont été associés.
Et, en dernier recours, Stéphane Maher n’exclut pas une intervention auprès du ministre des
Affaires municipales afin de suspendre tout ce qui entoure ce projet.
Interrogé sur ces sujets, l’adjoint du maire, Jean-Pierre Labrie a déclaré que M. Gascon était actuellement en convalescence, suite à une intervention chirurgicale et qu’il ne ferait pas d’autres commentaires.
Il a tenu à préciser que les allégations de Bernard Trépanier impliquent un parti politique (L’Alliance des citoyens) qui a été dissout…et non la ville de Saint-Jérôme.