Coupures dans les CPE
Le cœur n’est pas à la fête dans les Laurentides!
Sandra Mathieu, collaboratrice spéciale – Chaînes humaines, rassemblements, manifestations, kiosques d’information, pétitions… L’annonce des coupures de 120 millions dans les CPE fait jaser, bouger et rager éducatrices et parents depuis quelques mois. La semaine dernière, dans le cadre du plan de mobilisation proposé par l’Association québécoise des CPE, les Centres de la petite enfance des Laurentides étaient sous les projecteurs afin d’être vus et entendus. Rencontre éclairante avec Camille Gariépy, directrice générale du CPE de La Vallée à Piedmont.
En juillet dernier, des coupures de 32 000 $ ont semé un état de choc parmi les employés, les membres du conseil d’administration et les parents du CPE de La Vallée. « Nous attendons de voir si le gouvernement va maintenir sa position avant de prendre des décisions importantes, mais il est certain que l’on ne pourra pas tenir encore longtemps dans cette situation, dévoile Mme Gariépy. Le salaire moyen d’une éducatrice est de 36 000 $ et 88 % de nos revenus passent en salaire. Donc, c’est dans le personnel qu’il faudra couper. »
Coupures dans le personnel
Les coupures ne datent pas d’hier puisqu’on parle de près de 400 millions depuis les dix dernières années. Dans l’objectif d’obtenir un équilibre budgétaire en 2015-2016, le poste d’adjointe a été coupé l’an dernier à Piedmont. « On a alors perdu une personne clé de l’organisation qui était en poste depuis 16 ans, ce qui fait en sorte que la gestion des détails et les opérations quotidiennes doivent être réalisées en priorité et prennent presque tout mon temps, au détriment du développement et de la planification. Les coupures anticipées pour 2016-2017 nous obligeraient à diminuer encore les revenus de 85 000$, soient 117 000$ sur deux ans », déplore Mme Gariépy.
Militante des premiers jours, celle qui a été sur la ligne de front la majorité de sa vie avoue s’essouffler. Lorsqu’elle est entrée en poste à Piedmont en 2012, après une carrière d’enseignante en techniques d’éducation à l’enfance et de consultante, elle avait l’intention de créer un milieu modèle en appliquant les critères de qualité définis dans le cadre de ses recherches, à l’époque financées par le gouvernement fédéral.
« Je ne pensais jamais terminer ma vie professionnelle dans ces conditions. Nous avons le plus beau réseau au monde, mais il n’a jamais eu la chance de se stabiliser. Dans notre cas, si le gouvernement maintient sa position, la solution sera probablement une fusion avec un autre CPE, mais cela implique automatiquement une structure plus complexe. Ainsi, ce serait une décision comptable et non axée sur la qualité des services », se désole Mme Gariépy.
Tout porte à croire que l’impact potentiel des coupures n’est pas rose à moyen et à long terme : privatisation des CPE, diminution des naissances, retour d’un des parents à la maison, etc. Est-ce que les citoyens ont réalisé l’ampleur des enjeux? « Selon moi, le véritable choc se fera sentir auprès des parents très prochainement, lors de la période des rapports d’impôt », conclut Camille Gariépy.
On peut signer la pétition Réinvestissement dans les services de garde éducatifs de qualité jusqu’au 24 février : https://www.assnat.qc.ca/fr/exprimez-votre-opinion/petition/Petition-5663/index.html