Croix de Sainte-Adèle : Pas de résolution en vue
Depuis 2006, la Ville de Sainte-Adèle et le Groupe Lupien se livrent un bras de fer juridique autour de la croix qui trône en haut du Sommet bleu. À travers les années, il y a eu des poursuites, des contre-poursuites et des décisions portées en appel, de part et d’autre. Encore irrésolue : une poursuite de 13 M$, intentée par le Groupe Lupien contre 21 membres passés de l’administration et du conseil municipaux de Sainte-Adèle. Et une résolution semble encore bien loin d’être atteinte.
« Moi, je ne suis vraiment pas impliquée. Tout ce qu’on me dit, c’est que c’est entre les mains des avocats et des juges et qu’on attend. Les démarches, entre-temps, je ne suis pas au courant », nous répond d’emblée Michèle Lalonde, mairesse de Sainte-Adèle. Du côté de Marc Lupien aussi, il semble y avoir un certain laisser-faire dans le dossier. « Moi, je ne m’occupe plus tellement de ça », nous répond-il en entrevue.
Des procédures qui s’étirent
Selon M. Lupien, c’est la Ville qui « fait traîner ça, le plus longtemps possible ». « Ils font des délais dans des procédures, pour que le dossier n’ait pas de date pour passer en Cour, pour que l’administration en place ne soit pas prise avec un jugement. Ça tourne en rond. »
Cependant, les avocats de la Ville dans le dossier ont une version opposée de la situation. « Aucune nouvelle procédure n’a été intentée depuis fort longtemps par la Ville de Sainte-Adèle. Le dossier est plutôt retardé en raison de la négligence des avocats de M. Lupien, qui tardent à produire une procédure pourtant simple, exigée par la Cour, qui a dû reporter à au moins deux reprises les conférences de gestion prévues, pour cette seule raison », est-il écrit dans un extrait de correspondance que la Ville nous a transmis.
« Je rêverais que ça se règle avant la fin de notre mandat, pour mettre un point final à ça », souligne la mairesse de son côté.
Les deux parties sont « en train de mettre le dossier à date », pour pouvoir passer devant un juge, selon les explications de M. Lupien. Mais cela devrait prendre « au moins deux ans » encore.
S’entendre ?
M. Lupien dit avoir approché la nouvelle mairesse, Mme Lalonde, pour trouver une entente. « Elle ne m’a jamais rappelé. Elle n’a pas donné suite. Eux [les élus] se font dire de ne pas se mêler de ça. Mais en réalité, c’est leur obligation », soutient-il. Il laisse entendre que les avocats tiennent les élus à l’écart pour « faire de l’argent ». « Et les citoyens paient. »
« C’est sûr qu’on m’a mise au courant du dossier », indique quant à elle Mme Lalonde. Mais le dossier, qui dure depuis maintenant 17 ans, est très complexe. « Je laisse les avocats travailler. Je ne vois pas comment je pourrais régler le dossier. […] Les procédures qui sont en cours l’étaient déjà avant que j’arrive. Nous [le conseil municipal], on va intervenir s’il y a une décision importante à prendre », explique la mairesse.
Rappelons que, depuis le début du dossier, quatre conférences de règlement à l’amiable ont eu lieu entre les parties. Les quatre se sont soldées par des échecs.
Aussi, d’anciens élus sont poursuivis personnellement par le Groupe Lupien, dont la mairesse précédente, Nadine Brière. Certains sont même décédés depuis, comme l’ex-conseiller municipal Gary Kenneville et l’ancien maire Jean-Paul Cardinal. C’est désormais leur succession qui est en litige, en raison de la poursuite.
Durant les séances du conseil municipal, lorsque le dossier de la croix est évoqué, il n’est pas long avant que la mairesse ne coupe court aux discussions pour revenir aux affaires courantes.