Daniel Jasmin au Pays des »Y«
Par Thomas Gallenne
Créateur de jeux
Après avoir œuvré en journalisme et en enseignement, Daniel Jasmin va lancer son premier jeu de société – Bagou – en 1998. Ce sera le début d’une nouvelle aventure, à l’aube de la quarantaine, pour ce personnage tout à fait singulier.
Beau bonhomme dans la force de l’âge (mi-cinquantaine), le regard vif et clair, joueur même. L’enfant n’est pas loin. Après des études universitaires en communications, Daniel Jasmin va faire différents métiers, touchant aux communications, au cinéma, au journalisme (comme son père Claude) et à la photo. Ne réussissant pas à «percer» comme il le dit lui-même, il retourne sur les bancs d’écoles, alors dans la trentaine, afin de compléter un baccalauréat en enseignement. Il sera prof au secondaire durant trois ans, pour réaliser qu’il n’est toujours pas à sa place: «Je me retrouve donc à la fin trentaine avec rien devant moi sinon à me demander ce que je vais bien pouvoir faire dans la vie.»
Naissance d’un jeu ou d’un créateur de jeux
C’est sans doute face à ces questionnements existentiels que l’idée de créer des jeux mûrit dans son esprit. «J’ai approché quelques banques et aussi une compagnie de jeux montréalaise, mais ils n’étaient pas intéressés. J’ai donc dû vendre ma maison en 1996 pour financer mon projet.» C’est un an plus tard que Daniel Jasmin conçoit son premier jeu, Bagou. Lancé en 1998, ce dernier va connaître un succès immédiat tant au Québec qu’en France, et s’écouler à 50 000 unités en cinq ans. Le second jeu de Daniel Jasmin, Polémique, lancé en 2001, connaîtra également le succès avec près de 30 000 exemplaires vendus. Suivront ensuite la trilogie des générations (Baby Boomer, Génération X et le dernier qui vient de sortir Génération Y), ainsi que Drôle de Génie (jeu de discussions fantaisistes) en 2010.
Apprendre en s’amusant
Et il n’y a pas que les joueurs qui s’amusent avec les jeux de Daniel Jasmin. «Pour commencer, je partais d’un thème sur lequel je faisais beaucoup de recherches et de lecture, notamment à la Grande Bibliothèque de Montréal, raconte le créateur. Je me suis beaucoup amusé en faisant ces jeux et j’ai beaucoup appris. Bagou m’a permis d’enrichir mon vocabulaire, alors que Polémique m’a aidé à tenir des discussions. Finalement, je suis le premier joueur de mes jeux!» Seraient-ce les éléments déclencheurs dans le processus de création? «Dans l’exemple des jeux sur les générations, je suis fasciné par les phénomènes sociologiques, explique celui qui se situe à cheval entre les boomers et les »X ». Les boomers me fascinent car ils ont participé à l’éclatement de cette société québécoise qui était sclérosée. Et selon-moi, les »Y » ont fait leur révolution à leur niveau avec les médias sociaux.»
Simplicité volontaire…
mais ludique
Même si on est loin des succès tels que le Monopoly (1934, 275 millions d’unités vendues), le Scrabble (1931, 100 millions d’unités), ou encore le Trivial Pursuit (crée à Montréal en 1979, 70 millions d’unités), Daniel Jasmin se compte parmi les quelques chanceux qui réussissent à vivre de leur création dans le jeu de société. «Je ne cherche pas à faire ou trouver une idée qui va plaire à beaucoup de monde, explique-t-il. Je ne veux pas que cela devienne une multinationale, avec des employés. Je veux que ça reste artisanal. Bien sûr, on souhaite tous sortir le jeu qui va devenir le gros succès. Mais du moment que ça me touche, que ça m’allume, c’est l’essentiel.»
Calqué sur le même format qui fait sa marque de commerce comme il le dit lui-même, le créateur propose un jeu simple composé de questions inscrites sur des cartes, des jetons, un dé et un sablier, le tout dans une petite boîte facile à transporter.
Son petit dernier, Génération Y, est une série de questions couvrant la période allant de 1995 à 2009, mais ne s’adresse pas qu’aux jeunes nés dans les années 1980. «En fait, ce sont les boomers qui l’achètent pour jouer avec leurs enfants», conclut le créateur.
Les jeux de Daniel Jasmin que l’on peut trouver dans certaines boutiques de la région, égayeront à n’en pas douter les rencontres entre amis et en famille.
Pour plus d’informations: https://www.danieljasmin.com
thomas