(Photo : Archives Nordy)
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Des pannes planifiées en plein froid à Wentworth-Nord

Par Alexane Taillon-Thiffeault (Initiative de journalisme local)

Alors que les températures ont récemment chuté sous les -20 °C , les habitantes et habitants de Wentworth-Nord se préparent à vivre une nouvelle panne d’électricité planifiée par Hydro-Québec.

Il s’agira de la dixième interruption depuis avril, une situation « inhumaine » pour les personnes vulnérables, selon l’organisme Ressources communautaires Sophie (RCS). Depuis le printemps, de longues coupures de huit heures en moyenne touchent régulièrement ce territoire rural des Laurentides.

Si les interruptions ont été moins éprouvantes durant l’été, l’arrivée du froid extrême change complètement la donne. « Je peux vous garantir que jeudi dernier, nous avons vécu une panne planifiée alors qu’il faisait -25 °C. L’électricité devait revenir à 15 h 30, mais elle est finalement revenue à 16 h 45 », raconte Sophie Larose, directrice générale de RCS.

Des risques bien réels pour la santé

Selon l’organisme, plusieurs personnes âgées ou en perte d’autonomie n’ont ni génératrice ni chauffage d’appoint. Certaines pourraient être tentées de recourir à des moyens improvisés pour se réchauffer. « On ne peut pas multiplier les interruptions planifiées en plein hiver sans penser aux personnes les plus fragiles. Ces décisions doivent tenir compte de l’isolement rural et du vieillissement de la population », souligne Mme Larose.

RCS affirme également ne recevoir que très peu d’information concernant les travaux effectués par Hydro-Québec, ni sur les dates des prochaines coupures. « On est souvent mis devant le fait accompli quelques jours avant. Il n’y a aucune communication ni avec la municipalité, ni avec notre organisation. Personne ne se parle », déplore Mme Larose.

Une population « épuisée »

Les interruptions répétées ont aussi un impact psychologique sur les résidents. « On vit une forme de dépression sectorielle. Les gens sont épuisés, tannés, et ne comprennent pas pourquoi on impose une dixième coupure. On attend que ça passe », témoigne la directrice.

Selon elle, le sentiment d’isolement est accentué par l’absence de coordination entre Hydro-Québec, la municipalité et les organismes du milieu. « La municipalité m’a confirmé qu’il n’y a aucune discussion. Hydro-Québec se contente de transmettre les dates de coupure. Il n’y a pas de plan de match. »

RCS ouvre un lieu chauffé

Pour faire face à la panne du 3 décembre, le ResCafé, café communautaire opéré par RCS, est resté ouvert grâce à une génératrice. Les résidents ont pu y trouver chaleur, repas chaud et sécurité. « Nous invitons toute personne craignant pour son confort ou sa sécurité à venir au ResCafé. Mieux vaut un lieu chauffé que des moyens improvisés à la maison », affirme Mme Larose.

L’organisme prévoit répéter l’initiative pour les prochaines interruptions, dont celle du 10 décembre, par solidarité et nécessité. « La municipalité n’a même pas de génératrice pour accueillir les personnes vulnérables. On ne peut pas laisser des gens en plein bois, à -25 °C, sans solution. »

Un appel à Hydro-Québec

Sophie Larose appelle la société d’État à revoir sa façon de planifier les travaux. « Avant d’enclencher une coupure de huit heures en plein hiver, ils devraient au minimum organiser un comité citoyen, discuter avec la municipalité, et s’assurer que personne n’est laissé pour compte. »

Elle dit avoir contacté le bureau de la députée d’Argenteuil, sans recevoir de réponse satisfaisante. « On se sent abandonné. Oui, Hydro-Québec doit faire des travaux, mais il faut une mobilisation pour éviter des dommages collatéraux. »

Pour l’instant, l’organisme demeure donc dans l’incertitude. Il est impossible de savoir si d’autres pannes sont prévues au cours de l’hiver. « On n’a aucun moyen d’être rassurés. Ils l’ont fait la semaine dernière, ils le feront encore cette semaine. »

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