Des procédures discutables après avoir subi une fraude majeure
Par Luc Robert
Homme d’affaires aguerri de Sainte-Agathe-des-Monts, Ghyslain Valade a été victime d’une fraude de 20 000 $ en février 2024 à l’un de ses commerces des Laurentides. Puis, une aventure rocambolesque l’a accablé face à un fournisseur de terminaux de paiements ontarien, filiale d’une banque américaine. Il évalue actuellement avec ses avocats la possibilité de déposer une demande d’approbation de recours collectif contre la firme.
« Deux complices nous ont d’abord soutiré des biens à mon commerce du Centre de peintures Micca des Laurentides. Entre deux livraisons, un vrai employé d’une firme de transport mondialement connue est débarqué chez nous pour récupérer de la marchandise. Il était habillé aux couleurs de la firme, le camion était lettré au nom de la firme, etc. Un acolyte avait préparé la paperasse administrative qui correspondait à la commande. Ils nous ont subtilisé de la marchandise avec une carte de crédit fraudée. La SQ a fait du bon travail dans le dossier et aurait procédé à des arrestations. Ça, c’était la partie facile du dossier », a confié M. Valade d’entrée de jeu.
Début des déboires
Les déboires de M. Valade avec la compagnie de terminaux de paiements ont alors commencé. L’homme d’affaires a même qualifié de « saga » les nombreux problèmes qui ont suivi, dans une série de quatre vidéos qu’il a publiées sur sa page Facebook.
« La compagnie ontarienne a débité notre compte de banque pour couvrir le larcin. Mais on ne parle pas d’une perception de 500 $ ou de 1 000 $ de frais, mais d’un total de 52 000 $ pigés à même nos fonds. Depuis avril, la firme retient les paiements de cartes de crédit des achats faits à notre commerce. C’est une pratique abusive. Notre représentant et nous avons beau multiplier les appels à leur bureau torontois pendant des heures : leur département des risques et des fraudes ne nous a jamais rappelés. Finalement, notre représentant a reçu un courriel disant que nous serions remboursés le vendredi 7 juin. La firme de terminaux a retourné 11 500 $, soit en se gardant encore 40 000 $, supposément pour protéger des futurs achats. C’est très abusif comme procédure. Où est la parole de ces gens-là à Toronto ? Si un représentant d’une telle compagnie de terminaux vous approche pour installer leurs machines, soyez très prudents dans votre décision. Ça pourrait vite se traduire par un manque de liquidité, voire même à une faillite pour votre commerce », a-t-il prévenu.
Ghyslain Valade n’est pas le dernier venu. Diplômé en sciences comptable à l’UQAM en 1993, il a obtenu beaucoup de succès avec son ancienne entreprise Champoux ski-cycle urbain à Sainte-Agathe. Il a diversifié dernièrement ses activités en ouvrant l’épicerie La Station des saveurs, dans la même cité.
« Stress intense »
« Mes vidéos sur Internet ont été vues à plus de 10 000 reprises. Plusieurs autres commerçants floués sont entrés en contact avec moi en soutenant avoir aussi fait l’objet de pratiques abusives de la même compagnie de terminaux. Un avocat veut que je devienne le porte-étendard d’un recours pour toutes les victimes. J’y songe, mais c’est compliqué, souvent pour une modique somme récupérée rendu au bout. Tant à l’OPC, l’AMF ou à l’ACFC, personne ne semble pouvoir nous aider. Être entrepreneur, de nos jours, c’est aussi devoir travailler beaucoup en-dehors des heures d’opérations de son commerce, pour régler des dossiers épineux comme celui-là. Mais c’est une énergie que je pourrais consacrer ailleurs dans mon entreprise. Ce n’est pas tout le monde qui a les reins assez solides pour survivre à ça, parmi nos PME québécoises. Je ne souhaite à personne de vivre ça, trois mois de stress intense, quand tu as été victime deux fois d’actes malveillants. Il faut toujours se battre pour faire valoir nos droits. Je songe à foncer, mais en même temps, ça empêche mes autres commerces de prospérer. Mes avocats cherchent toujours des mesures pour sortir de cette affaire. »
La firme de paiements par terminaux n’a pas retourné les messages laissés par Accès à leur succursale torontoise.