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Diminuer la douleur pour éviter l’euthanasie

Par nathalie-deraspe


Mourir dans la dignité

La Commission spéciale sur le droit de mourir dans la dignité a entamé ses travaux la semaine dernière. Une dizaine d’organismes de la région y ont déposé des mémoires. Pour Pallia-Vie, il serait impérieux d’autoriser l’euthanasie sans d’abord améliorer sensiblement la qualité des soins palliatifs.

L’organisme, situé à Saint-Jérôme, propose des accompagnements aux personnes en fin de vie et à leurs proches depuis 1983 et a ouvert une maison de soins palliatifs en 2006. L’endroit compte 9 lits. Les services sont entièrement gratuits pour les résidents des Laurentides à qui il reste trois mois ou moins à vivre. Des critères pareils pour tous. «Si la population avait accès à des soins palliatifs de qualité, d’expliquer le directeur général de Pallia-Vie, Normand Dupont, on vivrait beaucoup moins de drames. On voit des gens arriver ici au bout du rouleau et se dire: je vais enfin pouvoir dormir un peu, récupérer. Ils savent qu’on va prendre soin des proches qu’ils nous confient.»
À la maison Pallia-Vie, le patient est un être à part entière. Les six médecins traitants sont beaucoup à l’écoute et l’expertise réside dans la gestion de la douleur. Les deux douleurs. Celle qui habite le corps en permanence et l’autre, plus sournoise, qui hante l’esprit de façon plus ou moins tenace, mais qui mérite tout autant qu’on s’y attarde. Et ici, le ratio est de trois patients pour une infirmière. Le personnel est donc en mesure d’ajuster d’heure en heure leur médication pour atténuer au maximum la douleur.

Des conditions gagnantes
«Si les conditions étaient optimisées, les gens ne demanderaient pas l’euthanasie, affirme avec conviction Normand Dupont. Il y a une dame qui m’a confié à quel point elle était heureuse d’entendre son mari rire.»

Il n’empêche. L’organisme gère un budget annuel de 1,5 M$ et doit trouver 60% de son financement, le reste étant fourni par le gouvernement. Pallia-Vie rêve à moyen terme d’ajouter trois nouvelles chambres à l’établissement. Pour l’instant, la liste d’attente s’étire de 6 à 7 patients. On en compte parfois jusqu’à 20. Mais la direction de l’établissement ne risquerait pas de mettre en péril les acquis, même s’il est douloureux d’accepter le fait que seuls une poignée d’individus bénéficient d’une telle résidence. «La reconnaissance de l’euthanasie nous fait craindre une dérive, soutient à nouveau Normand Dupont. Il ne faudrait pas que ça devienne une solution au soulagement de la douleur.»

L’Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic (AQRP) abonde dans le même sens et recommande avant tout d’enrichir la documentation actuellement disponible en traçant un état de situation, à jour, pour chacune des régions du Québec, en plus d’augmenter l’offre de services publics en soins palliatifs, notamment les services psychosociaux, et les ressources financières disponibles pour aider le développement des maisons en soins palliatifs. Ceci en soutenant la recherche, la formation et la compétence des intervenants et en informant la population sur les services offerts aux personnes en fin de vie, comme l’arrêt de traitement et le mandat en cas d’inaptitude. L’AQRP estime qu’il y a actuellement 41 lits disponibles aux personnes en fin de vie dans les Laurentides.

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