En route vers deux DEP : Mélissa, l’ambitieuse qui s’ignorait
Par Rédaction
PERSÉVÉRANCE SCOLAIRE
Reine Côté, collaboratrice spéciale – Ancienne décrocheuse, Mélissa croyait avoir définitivement rangé sa paperasse scolaire jusqu’à ce qu’elle séjourne à l’Accueil communautaire jeunesse Le Labyrinthe de Sainte-Adèle, où l’équipe d’intervenants l’a convaincue qu’elle pouvait réussir l’impensable : obtenir son diplôme d’études professionnelles.
C’est au tournant du 3e secondaire que Mélissa a mis fin à ses études, découragée par ses difficultés d’apprentissage qu’avaient accentuées son déficit d’attention et son hyperactivité. S’en est suivie la spirale de la dévalorisation : faible estime personnelle, petits boulots sans intérêt et surtout violence conjugale.
En quittant son Sept-Îles natal en mars 2015 pour s’installer à Montréal avec son amoureux, la jeune femme de 24 ans croyait améliorer son sort. Confiante mais mal outillée, elle y a plutôt trouvé la misère. Et même la rue.
Un compagnon dans l’enfer de la drogue et un boulot de plonge dans un restaurant, rien ne se déroulait comme prévu. Puis, elle séjourne chez une parente de son conjoint à Sainte-Thérèse en attendant son retour du centre de désintoxication. Ça tourne mal. Elle se retrouve sans toit.
Elle se tourne alors vers Le Labyrinthe où la rejoindra son conjoint en juillet. Ils se sépareront peu après, ce qui forcera Mélissa à mettre fin à un début de grossesse. Et quelle leçon d’humilité que de devoir s’éterniser, faute de sous, dans un centre d’accueil à Sainte-Adèle, elle, une fille de la ville!
Douce influence
Ce parcours du combattant aurait jeté par terre n’importe qui. Mais pas Mélissa. Affirmée et bien en chair, on la devine pleine de caractère.
De ce fait, l’attitude bienveillante de l’équipe du Labyrinthe a réveillé la force qui sommeillait en elle, lui donnant du coup une bonne dose d’ambitions. « Je n’avais aucune estime de moi. Ils m’ont beaucoup aidée », souligne Mélissa, reconnaissante.
Écoutée et adéquatement conseillée, celle-ci s’est inscrite à un programme déboursé par Emploi-Québec, lui permettant un retour aux études en vue d’obtenir un DEP. Au cours d’une série de stages en entreprise, Mélissa s’est découvert une passion pour les métiers de la construction. Ce sera donc la mécanique industrielle.
Motivée, Mélissa a repris en septembre dernier l’étude des matières académiques nécessaires afin d’être admise à la formation choisie. Quatre longues années d’études l’attendent avant l’obtention du diplôme. Qu’à cela ne tienne, elle a trouvé sa voie.
« Je suis tombée en amour avec la mécanique industrielle. J’adore la soudure, l’électricité et la tuyauterie », commente Mélissa, en ajoutant qu’elle était la seule fille parmi les travailleurs.
Seule parmi les hommes
Elle envisage d’aller chercher ensuite une seconde formation : l’électromécanique. Elle sera directrice d’usine plus tard, se promet-elle. Peut-être aussi une pionnière à titre de femme dans ce milieu d’hommes. « Il faut voir loin dans la vie », lance-t-elle avec insistance.
Ne craint-elle pas les sarcasmes de ses collègues masculins, leur scepticisme? « Ça ne me fait pas peur, répond-elle. Je suis très sociable et j’ai du leadership.
La meilleure façon d’avancer dans la vie, c’est de se donner des buts. Moi, je vais les atteindre mes buts, conclut la jeune femme, complètement transformée par son séjour au Labyrinthe. Je ressors d’ici la tête haute. »
Au Labyrinthe, l’équipe de dix intervenants accueille des dizaines de jeunes par année en hébergement, en plus de leur offrir une aide externe.
Une ressource communautaire essentielle dans les Pays-d’en-Haut. Mélissa en est la preuve.