Femme du mois

Par Martine Laval

Isabelle Challut et la féminisation de l’accouchement

Isabelle Challut, infirmière depuis plus de 25 ans, a réalisé, suite à ses propres accouchements, à quel point il fallait absolument transformer l’événement médical masculinisé qu’est devenu l’accouchement, pour lui redonner sa vraie nature féminine.

Les méthodes actuelles d’accouchement sont d’un inconfort incontestable pour la future maman, et totalement contre-nature. La position de la femme sur le dos, les deux jambes écartées, offrant à la vue de tous la partie la plus intime de sa féminité en même temps que l’acte le plus précieux de sa vie, altère le processus naturel et ne sert qu’une personne, le médecin, qui se trouve dans la position parfaite et confortable pour recevoir, à sa hauteur, le nouveau-né. Qu’en est-il de la personne la plus concernée, la future maman?

Cette position, décidée par le corps médical masculin d’un autre temps fait que le sacrum, écrasé, empêche le mouvement d’élargissement naturel du bassin qui aiderait le nouveau-né à glisser et à pivoter aisément son corps au fur et à mesure qu’il s’engage vers la sortie. L’épidurale empêche peut-être de ressentir la douleur que cette mauvaise position provoque, mais elle perturbe et inhibe la sécrétion des hormones qui rendrait plus agréable ce merveilleux phénomène mammifère.

Avec la création de son Centre Pleine Lune par le biais duquel elle forme des doulas, (accompagnantes à l’accouchement), Isabelle se consacre à la cause de la délivrance la plus douce et la plus naturelle possible

du bébé pour laquelle la machine extraordinaire qu’est

le corps féminin possède tous les rouages nécessaires. Lorsqu’Isabelle reçoit les futures mamans, c’est de la peur de l’accouchement et des douleurs dont elle entend le plus parler. Une fois la rencontre avec l’infirmière terminée, les explications données, les démonstrations faites, la

future maman s’en retourne plus informée, rassurée et confiante.

«Faire changer les techniques médicales bien ancrées depuis des décennies n’est pas une mince tâche. Par contre, après explications, informations, démonstrations, confirmations scientifiques, preuves et témoignages, le monde médical comprend et conçoit la nécessité de redonner à la femme son plein pouvoir naturel d’accoucher» déclare Isabelle Challut. Quelques hôpitaux à travers le Québec, dont ceux de Saint-Agathe, Saint-Eustache et bientôt Saint-Jérôme, sont désormais «Amis des bébés» et agissent adéquatement, au grand bonheur des parents qui se sentent soutenus, accompagnés et en meilleure possession de leurs moyens lors de cet événement unique. «Le bilan sur l’état obstétrique de 2008 a ouvert les portes et les esprits au changement», confirme Isabelle Challut.

De laisser la future maman se mettre dans la position qui lui sied le mieux, debout, accroupie, ou de bouger à sa guise et non pas de l’obliger à s’étendre sur le dos, est déjà un grand pas. De permettre à une doula d’être présente tout au long du processus afin de faire le lien entre les parents et le corps médical est une évolution. Humaniser le moment de l’accouchement en tamisant les lumières, en diminuant le bruit, en laissant la mère et l’enfant vivre leur premier contact, leur premier regard, la première tétée sans déranger le processus, est une grande avancée vers le lien premier et déterminant de la suite de la relation de l’enfant avec ses parents et de l’affirmation du sentiment de sécurité de ce petit être qui

ressent tout ce qui se passe autour de lui.

Ce en quoi Isabelle Challut croit, et les changements qu’elle provoque par ses recherches, son travail, ses ateliers, son dévouement, est plus grand et va plus loin que le moment de la naissance puisqu’il est prouvé que la naissance est déterminante pour le futur émotif de l’enfant en devenir. Une mission médicale noble et humanitaire que celle pour laquelle Isabelle Challut se dévoue.

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