(Photo : Courtoisie)
Les cousines Émilie Massé et Jenyane Provencher ne se doutaient pas que leur séance de surf était la dernière avant une évacuation d’urgence.
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Feux à Hawaii : L’instinct féminin sauve deux cousines

Par Luc Robert - Initiative de journalisme local

« Vers 5 h, j’ai été réveillée par des rafales de vents. Dehors, des choses tombaient et partaient en spirales. L’électricité a été coupée et la voiture louée se faisait brasser dans le stationnement. Notre hôtel donnait directement sur la plage et je redoutais un tsunami causé par l’ouragan Dora. J’ai ressenti un très fort instinct de partir, même si on me le déconseillait. On a quitté à 6 h 30 pour le centre-nord de l’île de Maui. Deux heures plus tard, au sud, nos lits superposés et le Tiki Beach Hostel (Hôtel) étaient réduits en cendres à Lahaina. »

C’est en ces termes que l’entraîneure de trampoline Émilie Massé, à peine revenue des Championnats canadiens d’Edmonton, a décrit l’épisode mouvementé qu’elle vient de vivre avec sa cousine Jenyane Provencher. La sportive adéloise et sa cousine de Varennes se tapaient un « voyage de filles » de rêve à Hawaii, lorsque l’instinct de Massé leur a probablement sauvé la vie.

« En juillet, j’étais sur l’autoroute 15 passé Saint-Sauveur, quand un nuage en entonnoir a croisé l’autoroute des Laurentides (un pannus, selon Météomédia) devant moi. Depuis ce temps, je consulte la météo chaque matin. On a été à Lahaina pendant quatre jours, à faire du snorkling, du surf et surtout de la randonnée. C’était le paradis sur terre. Et là, de notre nouvel hôtel Hostel Howzit Maui, on a constaté aux nouvelles que plus rien n’existe à Lahaina. C’est triste pour les gens qui ont tout perdu et surtout les décès. »

Prélude

Celles qui sont membres de l’UDA à titre de comédiennes avait noté un signal d’alarme avant le monstrueux sinistre.

« On était montées jusqu’au sommet du volcan Haleakala en voiture. En haute altitude, les vents très violents étaient déjà à l’œuvre. Au retour en bas, la sécheresse et la chaleur de 28° C me laissaient songeuse. Le parc national a rapidement été fermé. Les forces d’interventions (pompiers) étaient toutes à l’oeuvre au volcan, quand Lahaina a été consumée, avant d’être redéployées. Chemin faisant vers le nord, à la noirceur, on a constaté un feu de brousse sur le bord de la route, près des maisons. J’avais la certitude d’avoir fait le bon choix. »

Retour au pays ?

Les deux cousines ont conservé intact leur plan de voyage initial dans les Îles du Pacifique.

« On doit repartir le samedi 12 août de Maui à Oahu, avec Southwest Airlines. Puis le 15, de Honolulu vers le continent sur Delta, en passant par Las Vegas. On préfère laisser le flot de gens se réduire de lui-même à l’aéroport dans les deux prochains jours, car c’est la ruée. Dans le Nord, les plages sont désertes et les restos encore ouverts. »

État d’urgence

À Lahaina, tous se sont faits réveiller d’urgence par des cris dans les rues, alors que des stations services explosaient à 9 h et des bateaux coulaient aux quais, ont constaté les cousines aux actualités.

« On l’a échappée belle. Les feux près du volcan Haleakala sont contrôlés. Les autorités s’attendent à des centaines de morts, même si l’ouragan est passé loin au sud de l’île. Les jardins derrière le Tiki, le nouveau cinéma-maison en plein air, les commerces du centre-ville : tout a brûlé. Les gens se sauvaient vers le large dans la mer, mais le vent poussait la boucane vers eux. C’était l’apocalyspe. »

Le gouverneur d’Hawaii, Josh Green, a déclaré à la chaîne américaine CNN que les feux deviennent le pire désastre à avoir frappé l’archipel depuis qu’il est devenu un État américain, en 1959. Plus 11 000 personnes ont été évacuées en date du jeudi 10 août à 23 h 45.

« Le gros problème, c’est qu’il y a un seul chemin pour faire le tour de l’île et évacuer. En montant au Nord, on s’est rapprochées de l’aéroport régional. On reste sur nos gardes d’ici le retour », a achevé Émilie Massé, une diplômée de l’Académie Lafontaine et aussi des HEC de Montréal.

« J’ai pris une année sabbatique à la Banque Nationale, où j’occupe un poste en gestion de projets au bureau corporatif. J’ai beaucoup d’énergie et de cordes à mon arc, mais là, disons qu’on se repose peu en étant sur le qui-vive », a-t-elle achevé.

 

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