Foule sentimentale…

Par Marie-Catherine Goudreau

– J’tanné d’attendre. J’veux moi aussi aller voter!
– Pas de problème mon fils, mais avant dis-nous du haut de tes neuf ans pour qui aimerais-tu voter?
– Ben… Barack Obama!

Nous étions dimanche le 1er novembre. Nous étions dans la file d’attente afin d’élire le prochain maire de notre village, à Morin-Heights PQ. Et, maleureusement pour fiston, ça ne sera pas Barack Obama… Pas cette fois-ci en tous les cas.

Mais, avouons-le, plusieurs électeurs semblent très heureux du vent de nouveauté qui a soufflé très fort sur nos Laurentides ce 1er novembre. Parce que s’il y a un message à retenir de ce vent, c’est bien celui-ci: plus sans doute qu’aux personnes qui étaient en place, c’est à un système qu’on a montré la porte. On l’a carrément «envoyé promener» (et ça c’est pour rester dans le politically correct…)

Un système? Du moins une certaine image de la politique, une image omniprésente et écoeurante sur les liens incestueux, tissés trop serrés, entre nos représentants, qui devraient symboliser le pouvoir du peuple, d’un côté; et l’économie, le commerce, bref: le fric, de l’autre. Des liens qui confectionnent depuis trop longtemps une étoffe mal tricotée pour nous, foule sentimentale qui a «Soif d’idéal / Attirée par les étoiles, les voiles / Que des choses pas commerciales»; nous, foules sentimentales qui cherchent «Un désir qui nous emballe / Pour demain nos enfants pâles / Un mieux, un rêve un cheval»…

Est-ce les évènements de Montréal, dans le dernier droit de la campagne, qui auront soulevé ce vent d’«écoeurantite aigue» pour tout ce qui semble être lié à l’argent pas trop propre, aux passe-droits, à la dilapidation des fonds publics au profit de quelques poches déjà trop bien remplies? Je crois que oui.

Mais je crois surtout que la situation est aussi grave en région; simplement avant, aucun média n’osait dénoncer des situations scandaleuses, devenues à la longue des cancers institutionnalisés. Ça faisait juste partie de la «game»!

Puis on en a eu marre des «Sales histoires des Pays-d’en-Haut», où un DG pompeux se croyait tout permis. On en a eu marre des éditeurs qui sont présidents de Chambres de commerce. On en a eu marre des députés qui ne voient pas qu’ils sont en conflit d’intérêt «gros comme le bras». On en a eu marre des maudites «gammicks», de l’esprit de clocher qui règne ici-bas depuis trop longtemps. Bref, on en a eu marre de se faire resservir la même poutine dégueulasse. On était saturés. Juste pu capables d’en prendre une autre bouchée.

Comment avoir confiance en nos élus si eux-mêmes ne voient pas le problème? Et comment voir le problème quand les médias chargés de le dénoncer font partie de ce même problème???

Un chien de garde avec une muselière n’a jamais mordu personne.

Des liaisons dangereuses de ce genre, on a l’intuition (peut-être erronée), qu’il y en a beaucoup dans le domaine municipal. Accès en a dénoncé quelques-unes.

Et c’est aussi pour dénoncer toutes ces histoires d’autres accointances, de coquins accoquinés, que nous avons voté pour un changement dans plusieurs municipalités. Soyons clairs: je ne dis pas que toutes les administrations sont corrompues, je dis simplement que notre geste d’en balayer quelques-unes était d’abord symbolique… une façon de «passer le balai»…

Ceci dit, on viens-tu de changer quatre-vingt-cinq sous pour une piastre? L’avenir le dira. Ce qu’on sait en revanche, c’est qu’aujourd’hui on en veut plus pour notre argent!

Peut-être que les Laurentides dont je rêve et la fameuse soirée du 7 octobre, c’était notre chute du Mur de Berlin à nous: les masques sont tombés. Les cartes ont été redistribuées. Reste maintenant à savoir s’ils savent jouer honnêtement, avec transparence, sans «poker face».

Et, qui sait?, peut-être que de ce brassage-là sortira une salade un peu moins indigeste, et jaillira la Lumière (en passant: ça parais-tu que je reviens d’une semaine de retraite, moi-là?!…), un Barack Obama laurentien, pour mon fils et pour toutes les générations d’électeurs à venir!
«On nous prend, faut pas déconner, dès qu’on est nés pour des cons alors qu’on est des Foules sentimentales»…

Alors, à défaut d’avoir les politiciens qu’on mérite, on chassent ceux qu’on ne veut pas…

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