Gros « Nez rouge »

Par Marie-Catherine Goudreau

Bruno Taquois Collaboration spéciale

Allons bon, me voilà dans les pages d’Accès, ça se peut-tu…

Maintenant, faut que je me présente, qu’on sache un peu qui je suis. Alors, tu vois, oui, je suis un de ces maudits Français et je n’y peux rien parce que je suis né comme ça.

Mais je me soigne!

J’ai épousé une belle Québécoise il y a 15 ans qui m’a suivi à Paris, puis en Normandie et on a décidé, il y a deux ans, que c’était mon tour et nous voilà les grosses valises posées dans les Laurentides.

Depuis, et malgré mes allers et retours en France, je croque le Québec à pleines dents, je m’éclate à vivre parmi vous, à vous regarder aller. Et vous savez quoi? Ce printemps, en revenant à Montréal dans un gros Boeing bleu de mer, j’ai regardé par le hublot, j’ai vu le Québec et j’ai pogné le motton, le vrai là avec la pomme qui coince.

J’me garde une p’tite gêne, mais ça doit vouloir dire quelque chose, non?

Pendant 15 ans, on a roulé le Québec de Gatineau à Natashquan et de Bellechasse à Chicoutimi; on a navigué le fleuve, glissé la Mauricie en traîneau avec sept huskies au regard bleu de tueur, enfumé le Fjord en motoneige et mesuré la taille des brosses avec un « Nez rouge » à Amos les soirs de Noël.

Pendant 15 ans, j’ai appris mon Québec avec gourmandise. La Grande Séduction, RBO, C-R-A-Z-Y, c’était mon steak/blé d’Inde/patates et la collection complète de La Petite Vie en DVD mon pudding chômeur. Bien sûr, avec la distance qui s’impose, histoire de pas encore pogner un gilet orange si tu vois ce que je veux dire…

Et j’dis pas ça pour me donner de la légitimité, mais juste pour crier plus fort mon amour.

Mon amour de la machine à bonheur qu’il y a en chacun de vous, les Québécois, mon admiration pour le talent génétique que vous avez pour les arts visuels et le Divertissement avec un grand D. Je dis « génétique », mais je crois que ça vient aussi de la terre d’ici et de la vie d’ici. Il me suffit de penser à Boucar Diouf pour m’en convaincre, pas toi?

Votre Tour Eiffel, vos TGV et vos Châteauneuf du pape, s’appelle Céline, le Cirque du Soleil et Xavier Dolan. J’ai beau chercher, d’un côté je trouve les Droits de l’Homme, le Camembert et Cousteau et, de l’autre, Moment Factory, Ubisoft et Fred Pellerin. Émotions et divertissement, encore et encore. Pis arrête-moi si tu trouves que je suis dans le champ, mais c’est une vraie marque de commerce avec une grosse estampe de qualité et reconnue partout dans le monde à part de t’ça.

Et c’est là que ça me « met en colère » et que mon Français bougon, râleur et chauvin revient à la charge pis pas à peu près.

Ça se peut-tu que votre gouvernement mette un milliard dans Bombardier et qu’il n’ait pas bougé son petit doigt pour mettre ses bidous dans le Cirque du Soleil? Allô quelqu’un?

Un milliard dans une industrie concurrencée par les Européens, les Américains, les Brésiliens, les Chinois et j’en passe et rien ou presque

dans LE cirque qui est un de vos étendards, votre TGV et votre âme?

Certain que la décision finale regarde Guy Laliberté et que la solution trouvée est peut-être la meilleure possible pour le Cirque du Soleil. Mais avec une volonté et un milliard dans les poches, on s’entend que le Québec pouvait et aurait pu garder un peu plus que 10 % dans le navire? Au lieu de ça, le Cirque devient US et pas un politique pour bouger plus qu’il n’en faut.

Next, et ça passe et ça glisse, comme dans du beurre, comme un pet sur une toile cirée.

Ça me rend malade et triste. Est-ce qu’une fois élues, soudainement, vos politiques grésillent du minaret et yoyotent de la touffe?

Ça n’a pas de maudit bon sens.

C’est comme si les Français avaient vendu la Louisiane et la Floride pour financer une guerre et tout perdre à Waterloo quelques années plus tard.

Euhhhhh, merde, c’est ce qu’ils ont fait…

Tu vois quand je te disais que je me soigne… Je râle mon Français et je pleure mon Québécois.

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