J’aurais voulu être une ministre…
Par Rédaction
Mais. Je n’aurais pas voulu être le préfet de la MRC des Pays-d’en-Haut pour avoir la tâche ingrate d’appuyer la demande de deux promoteurs immobiliers de Sainte-Adèle (qui sont dans leur droit soit dit en passant), et qui attendent depuis plus deux ans qu’une décision se prenne. Non, je n’aurais pas aimé être ce préfet-là qui était pris entre l’arbre et l’écorse. Entre les frères Valiquette d’un côté et les milliers de pétitionnaires et d’usagers du Parc linéaire de l’autre.
Je n’aurais pas plus aimé être le Préfet d’une ou l’autre des quatre MRC concernées pour constater que la Corporationdu Parc linéaire Le P’tit train du Nord, ma propre Corporation, le fruit même de ma création, n’a peut-être pas réagi assez vite: la demande de moratoire sur toutes les traverses du Parc linéaire qu’elle vient d’obtenir auprès des ces quatre mêmes MRC, c’est bien beau. Mais c’est aussi bien trop tard…
C’est terriblement choquant de penser que si cette demande avait été présentée il y a de ça quelques années, tout le saccage du sud aurait pu être évité. Savez-vous aujourd’hui combien de milliers de dollars cela va coûter pour tenter de «patcher» ce même massacre? Ça va prendre des maudits gros «plasters» pour arrêter une si grosse hémorragie!
Dommage que le discours de nos politiciens soit si «politicien». Ils auront presque réussi à nous faire brailler avec leurs beaux discours environnementalistes. J’aimerais seulement leur rappeler qu’après nous avoir bercé d’illusions en évoquant un possible enclavement, une pseudo-pente de plus de 30%… et bien, dans le dernier droit voilà qu’ils nous sortent un lapin du chapeau: le coût ENVIRONNEMENTAL serait trop élevé! Ben voyons, pis quoi encore!!
Au fond, c’est un discours qui dépasse largement les guerres de clochers, les discours de chapelles, les trips d’egos. C’est un débat qui nous dépasse, qui porte plus loin que nous parce que justement il nous porte dans ce que nous sommes. Il nous (re)présente au reste du monde, à une époque où il nous faut tous se démarquer pour survivre. Notre patrimoine naturel est une façon de dire: voilà notre spécificité, voilà qui nous sommes! En plus, nos paysages correspondent tellement à l’air du temps, à ce que les gens de partout réclament… c’est un crime que de les étouffer; qui nous lavera les mains, demain?
Les Laurentides c’est comme une Belle d’Ivory. Pas de besoin de maquillage; simplement un peu plus de pureté, un peu plus mise en valeur. Du respect, quoi!
J’aurais voulu une artiste…
… pour pouvoir faire mon numéro… pour faire l’inventaire de ma vie. Me retourner et voir ce que je lègue. De quoi l’Histoire se souviendra-t-elle?
Est-ce que ce sera d’avoir accepté la demande de deux promoteurs après deux longues années d’attente? De ces 12 unités résidentielles que j’aurais autorisées? De la traverse de rue, pour laquelle j’aurais «donné des balises»?!
L’Histoire ne se souviendra-t-elle pas plutôt de l’acte courageux que j’aurais pu poser en me tenant debout, et en m’objectant fermement au charcutage de notre Identité?
Au fond, oui, plus j’y pense, j’aimerais être à votre place, messieurs les «Politiques». Vous êtes drôlement chanceux, en fait.
Puisque VOUS, vous avez le pouvoir. Vous avez aujourd’hui la chance d’écrire l’Histoire. Le moratoire demandé, auquel vous avez acquiescé jusqu’au dépôt d’une «étude» devrait être permanent (sauf en cas – exceptionnel – d’enclavement, bien entendu).
Le vent du Sud nous souffle le désastre qui nous attend sinon. Pensez à Prévost…
Oui, le moratoire sur les traverses de rue du Parc linéaire Le P’tit Train du Nord devrait être permanent.
Vous avez la chance de marquer des générations.
Et tout ça, sur un grand écran en couleur…
Oui, j’aurais voulu être une Artiste.