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Jean-Thomas Jobin absurde ?… Si peu !

Par Martine Laval

Jean-Thomas Jobin a un humour bien particulier et difficile à définir, car il dépend du point de vue où l’on se place. Absurde? Ironique ? Surréaliste ? Incongru? Décalé ? Peut-être tout ça !

Comment vous qualifieriez-vous en tant qu’humoriste et pourquoi ?

Absurde est un bon qualificatif. Je suis beaucoup dans l’ironie, le second degré, le surréalisme, mais je pense que l’absurde est une façon de regrouper tout ça. Comme je suis un personnage sur scène qui n’existe pas dans la réalité, qui n’est pas déguisé, pour lequel je ne change pas de voix, dont le vécu que je raconte est souvent erroné, mais qui a le même nom que moi… c’est un peu dur à résumer ! Y’a beaucoup de couches de complexité à mon humour, mais disons que l’absurde est la définition large. Absurde dans le non-sens, versus prendre un repère connu et l’altérer pour le rendre distorsionné, c’est-à-dire briser le normatif avec quelque chose qui est survenu envers le repère qu’on connaît… Y’a beaucoup de nuances et de déclinaisons à l’absurde, c’est pour ça que les définitions que les gens s’en font sont aussi valables que la mienne.

 

Pourquoi avoir choisi cet angle-là ? Est-ce ce qui se passe dans votre cerveau que vous traduisez en humour pour faire rire les gens ?

Oui! C’est pas mal ce que je connais le plus… Ça s’est imposé à moi! C’est ça qui me faisait rire spontanément quand j’étais jeune, les Monty Python et les vieux films de Woody Allan. Ce n’est pas nécessairement ce que je fais, mais il y a une parenté d’esprit sur le côté surréaliste, à jouer avec la folie ou l’incongru. Quand j’écris, c’est ça qui me vient! Jamais des idées plus standards! Y’a peut-être un numéro dans mon nouveau spectacle où je parle de mes parents, basé en grande partie sur des choses vraies… mais vu que c’est mon 3e show, c’est l’évolution à laquelle j’arrive. Je baisse un peu la garde de mon personnage pour qu’il soit moins hermétique. En début de carrière, il était très stoïque, sans émotions, froid. Sans dire que je sois devenu une boule de chaleur, le personnage est plus complice avec le public maintenant. Il y a encore beaucoup de folie, mais j’ai basé certaines affaires sur des choses vraies… un peu pour laisser entrevoir qui je suis moi, derrière le personnage.

 

Comme une révélation à travers l’homme qui vient d’avoir 40 ans ?

Vous décrivez d’ailleurs votre nouveau spectacle Apprendre à s’aimer, dont l’affiche est géniale, comme une thérapie personnelle avec ses tourments, son introspection, un genre de psycho pop d’un homme au cerveau hors-norme qui vient de franchir le cap des 40 ans…

L’angle du show et la toile de fond sont très ironiques, et les affiches sont une déclinaison pour faire de l’humour, un gros prétexte pour faire des blagues. C’est vrai que dans le show il y a un peu plus d’introspection. Y’a entre autres moi qui me demande si je suis outillé pour affronter certaines situations de la vie à cause de mon cerveau qui a des mauvais réflexes et avec lequel je suis mieux de réfléchir parce que spontanément, je vais mal réagir… D’où les liens avec « apprendre à s’aimer », apprendre à vivre avec ses lacunes, les apprivoiser, les mettre en valeur, et l’affiche évoque le contenu. C’est mon show le plus personnel. Je voulais avoir cette ouverture-là avec mes fans. C’est là où je suis rendu dans ma carrière.

 

Et qu’est-ce qui vous fait penser que ce soit un bon tuyau pour faire rire les gens ?

J’ai un humour très décalé et ce que je raconte est tellement utopique que les gens ne rient pas parce qu’ils se reconnaissent nécessairement, mais l’enrobage du show Apprendre à s’aimer, c’est dans l’air du temps. Être bien outillé. Pour aimer les autres, il faut d’abord s’aimer soi-même. C’est bien en vogue ces théories-là qui sont très valables d’ailleurs, et je le crois vraiment, mais comme j’ai une approche absurde pour tout dans la vie, j’ai aussi une approche absurde pour ça, mais ça reste un prétexte, un médium pour faire des blagues.

 

Si ce n’était pas l’humour, ce serait quoi Jean-Thomas ?

J’ai longtemps pensé faire du journalisme sportif parce que j’ai toujours beaucoup pratiqué et suivi le sport. J’en suis maniaque, mais chaque fois que j’écoute les intervenants à la télé, je trouve que ça se prend trop au sérieux et moi je suis quelqu’un qui ne se prend pas au sérieux. Pour moi, la vie c’est comme un jeu et ce que j’aime de l’humour, c’est que c’est une façon d’ironiser la vie. On est une poussière dans l’univers et c’est un peu ce qui se dégage de tout ce que je fais… inconsciemment, comme une grosse façon de s’amuser. Le sport, j’adore le pratiquer et le regarder, mais la façon dont les gens en parlent…

Des fois, je fais des capsules pour RDS et maintenant que je suis humoriste, je peux faire des trucs qui me ressemblent et les gens comprennent parce qu’ils me connaissent. Mais je me sentirais mal de me prendre trop au sérieux pour parler d’un sujet qui,àa la base, est pas si vital que ça.

 

Un petit mot pour les spectateurs du théâtre du Marais ?

D’abord, ça va me faire plaisir de vous divertir, et venez en vous disant que ça va être de l’humour très « champ gauche ». Je dirais de mettre votre cerveau à off et de passer un bon moment avec moi sans trop vous poser de questions. Juste assister à la bulle au cerveau d’un humoriste cérébral, mais sympathique en fin de compte…Vous allez peut-être trouver que c’est moins pire que vous ne le pensiez !

Jean-Thomas Jobin sera au théâtre du Marais de Val-Morin le 12 septembre www.theatredumarais.com  819 322-1414 et chez En Scène à Saint-Jérôme le 5 mars 2016 www.enscene.ca  |  450 432-0660

 

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