La merveilleuse

Par Marie-Catherine Goudreau

Je vous ai souvent parlé de mon amie Nathalie. Elle a reçu un pronostic de 18 mois à vivre en 2013 suite à un cancer du sein. Je me rappelle encore du choc de la nouvelle, c’était comme si le ciel nous était tombé dessus.

On a refait le monde plus d’une fois suite à cette annonce terrible. Des questionnements sur le sens de la vie, de notre passage sur la terre, de la maladie, de la mort, bref : tout y est passé.

En la regardant traverser la vie comme si elle venait simplement de se faire arracher une dent, j’ai fini par croire que ma chum Nat n’était pas normale.

Comment un être humain pouvait tenir encore debout après tant d’épreuves et de souffrances? Je vous le dis, ça tient du miracle.

Le plus extraordinaire dans tout ça, c’est qu’elle est toujours bien vivante. Elle a battu toutes les statistiques, toutes les peurs, même les nôtres. Elle pète le feu littéralement, donne des conférences, fait des expositions, vient en aide aux jeunes familles dans le besoin, etc. Ce n’est pas des farces, elle m’étourdit avec tous ses projets. Je lui dis souvent qu’à travers elle et sa force de vivre, je vois le merveilleux dans l’humanité.

Lors de notre dernier souper, juste avant sa millième opération (elle s’est fait enlever la moitié du foie imaginez-vous – mais cela ne l’a aucunement fait entamer la foi), elle m’a lancé comme ça : « Je suis plus capable d’entendre parler de miracle. Je refuse d’y croire. Ça voudrait dire que le bon Dieu est sélectif – voire injuste – et moi, ça me parle pas pantoute cette théorie.

Je ne suis pas tout à fait d’accord avec elle. La preuve étant que le miracle peut exister : je l’ai assis devant moi dans ce restaurant. Sinon, il doit y avoir une autre explication, que même la médecine ne peut elle-même expliquer.

On a donc débattu longuement sur le sujet. Mais elle a une maudite tête dure, et moi aussi d’ailleurs. Il fallait donc trouver une réponse à une question qui, à mon sens, est beaucoup plus spirituelle qu’une histoire de volonté divine.

Vous m’auriez dit qu’un jour j’en aurais parlé avec le père Lacroix, qu’il y aurait fallu me pincer : je n’y aurais tout simplement pas cru! Alors, imaginez-vous donc que nous nous sommes retrouvées, les soul’s sisters, bien confortablement assises à philosopher avec le père Lacroix dans son bureau, un mardi après-midi de novembre, à parler miracles.

« Le miracle, c’est la part de l’exception dans la vie », nous dira le père Lacroix. Et il existe des cas exceptionnels dans la vie; Nathalie en est un exemple. Elle a su intégrer et accepter sa maladie qui a pris des orientations imprévues. Nathalie a quelque chose en dedans qui lui permet de durer. Une force intérieure qui lui permet de prendre chaque journée l’une après l’autre. Et elle ne vit pas pour être malade ou en santé, elle vit pour être là, tout simplement. Voilà les mots du père Lacroix. Tellement emplis de sagesse et pourtant simples. Car ne devrions-nous pas vivre ainsi?

Le père Lacroix. Tellement jeune et moderne d’esprit, malgré ses 100 ans bien sonnés. Un homme d’une grande humanité. Un amoureux de la langue française en plus, qui trouve toujours le mot juste pour exprimer la complexité de l’existence humaine. Un être plus spirituel qu’un homme de foi conventionnel.

Un grand pédagogue qui fait preuve d’ouverture d’esprit. Il ne se prend pas au sérieux, encore moins pour le bon Dieu. Il a un sens de l’humour qui, j’en suis certaine, lui ouvre tous les cœurs. En tout cas, le nôtre était grand ouvert et on aurait passé des heures à philosopher sur le sens de la vie avec lui.

Il nous dira : « L’existence est un don. Dieu te laisse la liberté. La liberté de penser, de choisir, de le renier même s’il le faut. Et la liberté est un privilège inestimable. »

Nous étions venues, Nathalie et moi, pour mettre à l’épreuve l’idée même de miracle. Est-ce qu’il existe? Doit-on y croire? Et pourtant, le miracle, après réflexion, il était là, dans cette salle, dans cette communion d’idées, dans ce partage. Accepter ce qui est, ce qui nous arrive, ce que nous sommes, la raison de notre passage sur la terre, c’est le début du processus qui nous transforme. Que tu sois sur terre pour une semaine ou pour 100 ans, l’important ce n’est pas la durée, encore moins la destination, mais c’est bien le voyage. Vous me direz que tout ce que je vous raconte, vous le savez déjà. Mais la rapidité de la vie actuelle nous dévie de l’essentiel. Profitons alors de cette période pour s’aimer, car comme le dit le père Lacroix : « On est sur terre pour l’Amour et par l’Amour ».

Moi, mon miracle, c’est mes enfants, mon chum, ma vie. C’est Nathalie qui, à travers, sa maladie, a su nous faire découvrir le merveilleux : que la force de vivre, on l’a tous en dedans de nous, et que d’être à ses côtés, nous fait grandir chaque jour un peu plus… Et que notre amitié s’est transformée en un amour inconditionnel, où que tout est possible, même les miracles.

Allez, que votre temps des Fêtes soit rempli d’amour et de merveilleux… xx

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