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Laurentides rock’n’roll

Par Jean-Patrice Desjardins

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Ian Kelly dans son studio de Morin-Heights. Photo : Courtoisie


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Martha Wainwright au studio Mayk Music. Photo : Courtoisie


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Motel 72 travaillant au Studio Phœnix. Photo : Courtoisie


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La salle principale du studio Mayk Music bénéficie d’un éclairage inspirant. Photo : Courtoisie.


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Le chanteur Ryan Kennedy sur la scène de La Grange à Morin-Heights, sous l’enseigne du défunt club The Commons. Photo : Courtoisie


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Le musicien et ingénieur de son George Grancharoff. Photo : Courtoisie


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Borza Ghomeshi accoudé à sa console de mixage. Photo : Courtoisie

Atterrissage en douceur dans le village de la musique : Morin-Heights

Morin-Heights n’a pas gagné le concours Détour Air miles (qui a sacré champion Port Hawkesbury, un village du Cap-Breton, pour la place donnée à la musique). Mais la question reste entière : qu’est-ce qui fait que Morin-Heights attire toujours autant les musiciens? La réponse se trouve certainement dans le charme de ce village situé entre les premières montagnes du Bouclier canadien, mais surtout dans la présence de nombreux studios d’enregistrement qui poursuivent une tradition bien établie par André Perry.

Malgré la fermeture, en 2003, du fameux Le Studio, il y a encore six ou sept studios professionnels actifs à Morin-Heights, sans compter ceux des villages environnants.
C’est à Morin-Heights que Borza Ghomeshi a débuté sa carrière musicale, il y a plus de 20 ans, tantôt sur les scènes de la région, mais de plus en plus souvent derrière la console du studio Mayk Music. Ce studio, auparavant connu sous le nom de Wild Sky Studio à l’époque du producteur Pierre Marchand, y a enregistré des artistes de renommée mondiale tels que Sarah McLaughlan, Rufus Wainwright et les sœurs McGarrigle. Kevin Parent et Pascale Picard y ont également enregistré des albums, dans l’atmosphère géniale de la salle principale de ce studio, entièrement vitrée et donnant sur le paysage des Laurentides.
« Être dans un endroit sans distraction pour être capable de garder l’accent sur ce qui se passe en studio est très important, explique Borza. Souvent, le réalisateur travaille pendant plusieurs heures sur une chanson avec les artistes, pour les aider à prendre la bonne direction. »
Manque d’inspiration? « Une petite promenade dans les sentiers derrière le studio redonne souvent l’inspiration à des artistes qui sont habitués de vivre dans la grande ville », ajoute Borza.
C’est exactement la philosophie d’André Perry lorsqu’il a construit son studio en 1974 : un artiste heureux donnera le meilleur de lui-même…

Quitter la ville

Natif de Montréal dans le quartier Côte-des-Neiges, l’auteur-compositeur-interprète Ian Kelly a senti l’appel quand il a visité des amis durant un hiver. Il a été charmé par le village de Morin-Heights. Après quelques albums, Ian s’est construit un studio à Morin-Heights en 2014, une façon pour lui de résoudre l’accès à une salle d’enregistrement, mais aussi parce qu’il aime collaborer avec d’autres musiciens.
En ouvrant ce studio, il est devenu producteur et c’est cet esprit de collaboration, propre à Morin-Heights, qui le stimule dans sa créativité musicale.

Le studio Phœnix

Peut-être le secret le mieux gardé de la musique rock actuelle au Québec, le groupe Motel 72 est formé de six gars des Laurentides qui ont tous leur bagage d’expériences dans la musique. Parmi eux, le batteur George Grancharoff, qui poursuit la tradition maintenant à la barre du Studio Phœnix, ouvert en 2008 et toujours dans le même village qui a inspiré tant de belles chansons.
C’est dans ses locaux qu’ont été écrites et chantées les plus récentes chansons du groupe, alors qu’un album à venir cet automne a été réalisé par l’ex-Respectables Pascal Dufour.
Lorsqu’il a voulu enregistrer son second album, au début de l’année, le propriétaire du Bulldozer à Saint-Sauveur, Roger Beaulieu, s’est naturellement tourné vers George Grancharoff, déjà membre de son groupe de scène. Jim Zeller y a enregistré six des chansons de son disque Circus.
« Je suis toujours ouvert à réaliser des projets dans mon studio. L’avantage d’être dans les Laurentides, c’est le coût de production. Il faut offrir un bon prix aux artistes qui viennent de la ville, mais ils trouvent à Morin-Heights la paix d’esprit propice à la création. L’environnement est zen », affirme Grancharoff.
Autre avantage d’être dans les Laurentides, c’est de compter sur un réseau de musiciens. « Pour un artiste qui débute, je peux leur fournir des musiciens, des ressources pour arranger leurs chansons, car il y a des musiciens de qualité dans la région », ajoute le batteur.
La paix d’esprit et la collaboration entre les artistes; voilà qui définit bien le village de Morin-Heights, là où l’on crée la musique.
 

Quelques anecdotes de Morin-Heights

Jean-Patrice Desjardins – Lors d’un encan visant à soutenir des activités scolaires dans les écoles de la région de Morin-Heights, le propriétaire du restaurant-bar La Grange à Morin-Heights a récupéré le siège de toilette de la résidence des musiciens au Studio d’André Perry, après sa fermeture. « Plusieurs paires de fesses célèbres se sont assises sur ce siège», explique Mike Tott de La Grange, qui a payé 725 $ pour ce siège de toilette maintenant installé sur un des murs du resto.

C’est aussi sur un des murs de La Grange, derrière la petite scène, qu’on peut voir une autre relique récupérée de l’époque rock’n’roll de Morin-Heights. Il s’agit de l’enseigne illuminée du Commons, la salle de spectacle démolie il y a plus de 10 ans.
En 2013, le café et magasin général Mickey’s dans le village de Morin-Heights fermait après 53 années d’activité. C’est à cet endroit qu’on pouvait croiser des artistes venus enregistrer au Studio, car on pouvait aussi y laver son linge. Owen LeGallee, qui conduisait aussi les artistes dans son taxi, a vendu des bottes d’hiver à Cat Stevens.
En ouvrant le Mickey’s café, dans un édifice neuf, mais reprenant des matériaux de l’ancien magasin général, les nouveaux propriétaires ont tout fait pour garder une partie du patrimoine du village, un village où les communautés anglaises et françaises ont toujours bien coexisté avec une architecture plus près des villages des Cantons-de-l’Est.

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