Le Cirque de la Commission Bouchard-Taylor
Par stephane-gendron
Confirmé par son passage à Saint-Jérôme
» La presse en général nous a dressé une image tordue de la réalité. On a monté en épingle des événements carrément anecdotiques qui ont tout simplement fait la démonstration d’un manque de leadership de certaines instances décisionnelles. Point à la ligne.
Le passage de la Commission Bouchard-Taylor dans les Laurentides il y a deux semaines a été pour le moins remarqué. Notre journaliste, Nathalie Deraspe, dépêchée sur les lieux, rapportait dans l’édition du 5 octobre: «À Saint-Jérôme les gens en avaient long à dire sur les accommodements raisonnables. Rappelons qu’ils étaient près de 200 dans la capitale régionale à craindre plus ou moins que ces accommodements finissent par donner aux nouveaux arrivants des droits supérieurs aux nôtres.»
Notre chroniqueur Stéphane Gendron en a, lui aussi, long à dire sur le sujet. Point de vue différent de celui de la «majorité».
La liberté de s’exprimer à un prix, et ce prix est parfois désolant. Nous avons tous le loisir d’assister impuissants aux audiences de la Commission Bouchard-Taylor qui se promène actuellement de ville en ville. À ce jour, les médias rapportent malheureusement et régulièrement des propos citoyens teintés de xénophobies et d’ignorance. Pourtant, le Premier Ministre du Québec, le 8 février dernier, avait clairement fixé le mandat de la Commission. Quel est ce portrait «fidèle» des accommodements reliés aux différences culturelles? La presse en général nous a dressé une image tordue de la réalité. On a monté en épingle des événements carrément anecdotiques qui ont tout simplement fait la démonstration d’un manque de leadership de certaines instances décisionnelles. Point à la ligne. Faut-il rappeler qu’un peu plus tôt cette année, une journaliste de La Presse avait rendu publique une étude statistique à l’effet que seulement 2% des plaintes portées à la Commission des droits de la personne, de 2000 à 2005, touchaient la religion? Parmi ces plaintes de nature religieuse, le tiers comportait une demande d’accommodement, pour un grand total de 30 dossiers. Parmi ces 30 dossiers, la majorité des plaignants étaient des protestants d’obédience fondamentaliste.
Résultat de la démagogie des médias de masse: un bon nombre de citoyens se font une opinion de nos confrères et consoeurs d’origine arabe qui n’est pas conforme à la réalité. Autre argument de la populace québécoise à l’endroit des communautés culturelles: «Si je vais en Iran, je dois faire comme les Iraniens et me voiler si je suis une femme.» Évidemment, l’origine de cette pensée nous provient de la maxime qu’à Rome, l’on doit faire comme les Romains… et que, par conséquent, les «immigrés» s’adaptent! Dans mon livre à moi, cette maxime est stupide. Comme le disait Michèle Ouimet dans un article de La Presse du 16 septembre dernier: «L’Iran est une dictature, pas le Québec». Peut-on prendre conscience quelques instants que la décision même d’émigrer et de quitter son pays natal représente en quelque sorte une tragédie, voire même une décision d’une immense gravité? Personne ne quitte le pays de son enfance par plaisir. Il s’agit d’un déracinement lourd sur le plan des émotions. Il est donc normal que la personne nouvellement arrivée dans notre société veuille recréer quelque peu son environnement. Il s’agit d’un réflexe normal de l’être humain: le besoin de se retrouver.
La crise des accommodements raisonnables, s’il en est une, n’existe que par manque de vision et de leadership de nos dirigeants. Cessons de blâmer les diverses Communautés et pointons le doigt vers ceux qui nous gouvernent. La solution proposée par la CSN – une Charte de la laïcité – est la meilleure nous concernant. Faisons le pas qu’il nous reste afin de concrétiser une fois pour toute cette séparation de l’Église et de l’État et ainsi faire un plongeon dans le XXIe siècle. Cessons d’invoquer un passé derrière nous que nous redécouvrons subitement grâce à notre complexe d’infériorité et cette peur ridicule de disparaître. La peur ne fait pas de nous un peuple fort.