Le courage de dire les vraies choses

Par Marie-Catherine Goudreau

Sous la patte d’Omalley Par CHRISTIAN GENEST

Ma plus récente histoire, un truc personnel, très personnel. Tenez, ça vous changera des élections, de la politique et du déversement d’eau dans le fleuve. Un sujet tabou en plus, je vous préviens. Quelques années après « Hélène things you do » , je me suis dit que je pouvais me confier « à la manière de »

Je rentre de voyage où j’ai célébré, avec des amis, un nouveau quinquagénaire – ne confondez pas avec Quincado, les deux sont aux antipodes.

Parmi eux, beaucoup de quarantenaires accotés à de jeunes poules, à qui ils ont fait de beaux p’tits bébés.

Tic-tac, tic-tac, l’horloge biologique carillonne fortement pour ma copine.

Bla bla bla, bla bla bla, ça parle bébé, maternité et couches autour de la piscine, mais aussi en toute autre circonstance et de toutes les conversations.

Certaines s’offrent même à me parler : « Tu vas voir, on va le convaincre ».

Si bien que j’ai droit à cette conversation fatidique, la crise existentielle.

Comme quoi les ingrédients du parfait cocktail « je veux un enfant maintenant » étaient tous réunis.

Je n’ai, à quelques exceptions près, jamais fait de concessions dans notre histoire, pas que je suis inflexible à ce point, mais plutôt qu’elle était l’acolyte de voyage idéale, la partenaire toujours prête pour une aventure sportive, et puis elle incarnait une patience presque sans limites à mon égard.

Croyez-moi, il en faut pour apprécier un personnage comme le mien!

Bouffe, musique, cinéma, valeurs (j’aurais dû le mettre en premier), amis, on se rejoignait sur tout plein de choses, même sur nos silences.

Dois-je enfin en faire une vraie-de-vraie? La concession des concessions? Raisonner une telle demande en me disant : « It’s the way to go; happy wife, happy life »?

M’autoconvaincre que je suis capable d’être un bon père, que les finances sont correctes, que j’suis en forme et que c’est un peu ça la vie?

Ou bien suivre mes tripes, qui n’ont pas envie de ce projet, à défaut de passer pour un peureux ou un égocentrique Peter Pan?

Me voilà dans l’embarras, ou plutôt adieu sommeil, je vous jure.

Je n’ai jamais interpellé ma blonde « Chérie »… J’ai toujours trouvé ça trop commun et pis j’ai horreur des choses trop « comme tout le monde », mais cette fois, je le ferais probablement afin de démontrer une tendresse marquée dans mes propos. Afin de lui expliquer délicatement – contrairement à l’habitude, je l’avoue humblement – que je ne veux pas d’enfant, et que je ne crois pas que ça viendra plus tard, j’ai 40 ans, merde.

Bien sûr, j’adore ma fille de 15 ans, je suis un père comblé, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée à ce jour.

J’aime faire le clown à remplir la bouche d’Ariane, de Rose et d’Anna de crème chantilly, mais pour une heure ou deux. J’essaie d’avoir le même âge d’esprit et de cœur qu’elles, et pour bien plus qu’un court moment, tel un credo. J’accepte d’emblée l’étiquette sociale d’être égoïste. J’aime trop les voyages, l’entraînement, le ski, le gin- tonic, les projets.

Parlant de voyage, j’ai horreur des tout-inclus avec « baby club » et tout autant du « trip en Westfalia ». Les kiosques de frites de Walt Disney ne m’attirent pas plus.

Même si ma copine pense comme moi, il faut quand même avouer qu’avec un rejeton, le nowhere en Asie trois semaines est pas mal plus compliqué.

Ça me branche d’aller voir le dernier Woody Allen le mardi soir, sans avoir à gérer une gardienne.

Le trio poussette-parc-sac à couches en est un qui ne m’attire pas, mais pas du tout.

Je ne pèserai pas sur le bouton hold de la télécommande de ma vie, à un moment où j’ai tant à découvrir, essayer, goûter.

Je n’ai pas envie de changer des couches, de faire semblant que le vomi ne me dérange pas, encore moins de faire guizi guizi à 4 h du matin en activant le module à hochets.

Pour bien des parents, ça ne dure pas longtemps ou ce n’est pas grave. La vérité c’est que j’ai trouvé ça abrutissant de passer cette étape-là seul à l’époque.

Je ne suis pas doué pour la famille, moi qui suis mono depuis l’an 1 de ma Clara et qui n’a aucune relation avec mes frères. Inutile de répéter le karma.

Oui j’ai la trouille, un peu, beaucoup et aussi peur de l’échec.

Au surplus, j’aurais la chienne d’avoir un enfant handicapé ou, encore pire, turbulent, comme j’ai pu l’être dans ma jeunesse.

Je sais que ce sont des propos moches, mais du moins très honnêtes.

Je choisis d’avoir le courage d’assumer mon cœur, de me lancer dans le vide, dans un moment où, malheureusement pour elle, le mot liberté rime avec capacité de choisir et que je ne lui offre pas cette option.

Je ne crois pas à l’osmose de la passion amoureuse et de la vie familiale. En fait, je suis certainement mauvais à cette mise en scène nécessaire.

Je me questionne tant sur la passion, les actes déraisonnables, un constant duel entre la folie, l’aventure et le confort; avec un enfant, j’ai l’impression que ça devient presque inexistant.

Je comprends ce désir ardent d’être mère que plusieurs femmes ont. Je ne voudrais surtout pas porter le chapeau du pompier ayant éteint ce rêve.

Moi qui pense que c’est tellement important de rêver.

Traitez-moi d’égoïste, de con, d’immature, au moins j’aurai eu le courage d’affirmer une vérité qui blesse, quitte à perdre une partie de moi-même.

Laisser un commentaire

Votre adresse courriel ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Mots-clés