Le design aquatique au service de la nature
Karajaal
Consciente de la problématique environnementale des lacs de la région, une compagnie sauveroise a décidé d’élargir son offre de services dans l’espoir de sauver l’or bleu des Laurentides.
L’artiste allemand Aviram Mueller a quitté le jet-set pour mieux jouir de la beauté des paysages des Appalaches. Il y a six ans, ce sculpteur de pierre a l’idée de faire des fontaines d’eau et fonde la compagnie Karajaal, qui signifie en sanscrit «courant de lumière». Sa créativité est telle qu’en 2003, Franco Dragone fait appel à lui pour concevoir les effets d’eau dans le spectacle «Le Rêve», présenté au Wynn Resort de Las Vegas. À propos de son projet, Dragone écrit: «Karajaal a été capable de créer et trouver des solutions qui exigeaient une façon de pensée et une flexibilité out of the box.»
Mueller s’illustre aux Mosaïcultures, au Jardin Windsor, en Inde même, et commence à songer à des créations qui feraient davantage appel à l’écologie.
«En Allemagne, quand j’étais enfant, tout était déjà pollué. Les mines de charbon, les fonderies d’acier et les réacteurs nucléaires polluaient les rivières et les cours d’eau. Quand je suis arrivé ici il y a 14 ans, je suis tombé en amour avec la nature», explique-t-il.
D’artiste à chercheur
L’artiste se met à étudier l’ingénierie biologique, il fouille. Mécontent des systèmes sanitaires, il remplace le brome et le chlore par des ionisateurs, qui «tue non seulement les bactéries mais aussi les virus». «J’ai cherché ensuite à savoir comment fonctionne un lac. C’est là que j’ai appris que plus on le nourrit avec des phosphates et des nitrates, plus les algues prolifèrent, plus la couche de sédiments augmente et plus le lac s’asphyxie. Dans ce cas, les truites sont les premiers poissons à quitter les lieux.»
Fontaines de Jouvence
À force de recherches, Aviram Mueller découvre la technologie des îles flottantes. Il apprend qu’au Wisconsin, le Twin Lake s’est débarrassé de près de quatre pieds de vase grâce à des diffuseurs d’air et à l’ajout de bactéries le long de la baie. Il se met à rêver d’îles à l’esthétique irréprochable, enjolivées de gracieuses fontaines. «Pourquoi ne pas mettre la créativité au service de la science, questionne-t-il. En Europe et au Japon notamment, on résout les problèmes d’algues avec succès grâce aux îles flottantes. Et j’aimerais qu’on finisse par abolir complètement les systèmes de filtration au chlore dans l’ensemble des bassins d’eau récréatifs.»
«Je n’ai jamais vu autant de potentiel que dans cette compagnie, confie son partenaire Steve Brecher. Pourtant, j’ai voyagé partout au Canada et aux États-Unis pour Xerox pendant 25 ans.»
En s’associant à des chercheurs et des ingénieurs professionnels, la petite équipe de Karajaal construit des alliances stratégiques qui pourrait les conduire au bout du monde. Déjà plusieurs projets d’envergure sont sur le point d’être scellés dans les Laurentides et ailleurs au pays, tant au niveau des fontaines décoratives, d’écrans d’eau géants, que d’îles flottantes. «Nous avons tissé beaucoup de liens avec des chercheurs professionnels qui veulent trouver une application pratique à leurs découvertes. Les ingénieurs ne sont pas des artistes, et les artistes ne sont pas ingénieurs. Mais en liant les deux, on peut faire de grandes choses», lance Aviram Mueller. «Nous pourrions nous installer n’importe où, poursuit son collègue Steve Brecher, mais nous aimons l’environnement et les gens des Laurentides. C’est à partir d’ici qu’on veut rayonner. Et pourquoi ne pas redonner un peu de ce que la nature nous a donné?»
Pour plus de renseignements sur cette entreprise laurentienne visionnaire: www.karajaal.com