Le maire démissionne
Sainte-Adèle
Après un été au cours duquel ont été mises à jour, notamment par le journal
Accès, de nombreuses situations problématiques à l’Hôtel de ville de
Sainte-Adèle, et après la défection des conseillers de son équipe la semaine dernière, le maire Jean-Paul Cardinal vient d’annoncer, ce lundi, sa démission.
Dans l’édition de vendredi prochain, Accès refera le parcours de ce qui a
mené à cette démission, présentera les suites possibles des choses, et
cherchera des réponses à plusieurs interrogations que laisse en suspens
cette démission.
D’ici là, voici le texte intégral du document confirmant cette démission,
remis par le maire en main propre aujourd’hui au journal Accès…
Déclaration publique du maire de Sainte-Adèle
«La saga de ce que plusieurs ont appelé l’Affaire Mongeau se terminera ce soir par l’adoption d’une résolution par le Conseil municipal visant a entériner une entente de départ signée la semaine dernière par le directeur général de la Ville. Plusieurs se sont certainement demandé pourquoi j’avais été aussi discret concernant ce dossier au cours des dernières semaines. Aujourd’hui, je veux vous en dire un peu plus. Je n’ai pas l’intention d’entrer dans tous les détails, mais je peux vous assurer que dès le début de ces événements, j’ai travaillé avec un seul objectif en tête : rétablir la confiance des citoyens et des citoyennes envers leur administration municipale. C’était une situation très difficile, qui a fait couler beaucoup d’encre et qui a amené beaucoup de tension au sein du Conseil municipal. La confusion autour de l’annonce de la démission de M. Mongeau, en juillet, n’a pas aidé à clarifier la situation. À partir de ce moment, il restait à travailler, calmement et à l’abri des médias, à trouver une solution qui nous permettrait de convenir du départ de M. Mongeau, de tourner la page, de raffermir la confiance des citoyens, tout en respectant leur capacité de payer. Aujourd’hui, je peux dire Mission accomplie. L’entente avec M. Mongeau est honorable et respectueuse des intérêts de tous. Elle ouvre la porte à un renouveau administratif au sein de la Ville. Mon seul regret, c’est de ne pas avoir pu régler cette situation plus rapidement. Pour cela, il aurait fallu que j’aie l’assentiment du Conseil, ce que je n’ai malheureusement pas réussi à obtenir avant la semaine dernière. J’en suis désolé.
Mais ce délai n’est pas le seul impact qu’ont eu ces événements sur notre Administration. Comme vous le savez certainement, la semaine dernière, les membres de l’équipe que j’avais réunies aux dernières élections m’ont informé qu’ils souhaitaient dorénavant tous siéger comme indépendants. Ils invoquent des raisons que je comprends mal, parlant notamment du déroulement de l’agenda politique. Bien sûr que l’agenda politique de la Ville a été bousculé par des récents événementsŠ C’est évident, tout le monde le sait.
Mais c’était à cause de circonstances hors de notre contrôle, J’ai tout fait pour rétablir la situation dans les meilleurs délais. Et pour réussir à le faire en solidarité avec tous les membres de mon équipe. L’entente qui sera entérinée aujourd’hui le prouve hors de tous doutes.
Je sais aussi que certains ont plus de difficultés que d’autres à travailler en équipe, parce qu’évidemment cela comporte des contraintes Mais pour moi, les bénéfices pour la population dans la gestion quotidienne d’une ville méritent que l’on compose avec ces contraintes. Je ne crois pas à un fonctionnement morcelé, sans solidarité. Mais la solidarité, ça ne s’impose pas : l’essentiel, c’est que je prends acte que le lien de confiance entre nous est brisé.
Cette prise de position me place devant un choix difficile auquel j’ai réfléchi longuement au cours des derniers jours. J’ai eu à me poser plusieurs questions. Est-ce que, vraiment, il me sera possible de réunir semaine après semaine la majorité nécessaire au Conseil pour faire progresser la Ville ? Est-ce que ma présence facilitera le consensus nécessaire quant au choix crucial du futur directeur général ? Est-ce que je pourrai donner ma pleine mesure, en tant que maire à plein temps, si chacune des actions que je souhaite poser nécessite l’approbation préalable d’une majorité au Conseil? Est-ce que l’intérêt supérieur des gens de Sainte-Adèle sera bien servi si le climat de méfiance actuel perdure? Finalement, sur un plan strictement personnel, est-ce que j’ai encore envie d’être maire de ma ville natale dans ce climat? Moi, j’ai toujours pensé que les orientations d’une ville devaient se décider en groupe.
Ma réflexion des derniers jours m’a permis de peser le pour et le contre et d’évaluer tous les scénarios. Dans l’intérêt supérieur de la municipalité, la réponse m’apparaît claire, même si elle est difficile à accepter et à vivre.
J’annonce donc aujourd’hui ma démission immédiate du poste de maire de Sainte-Adèle et mon retour à la vie privée. J’annonce aussi que, par le fait même, je cesse mes activités aux titres de président du centre local de développement (CLD), de membre de la MRC des Pays d’en Haut, de membre de la Conférence régionale des élus (CRÉ), ainsi que de président de la Commission des institutions et de la justice de l’Union des municipalités du Québec (UMQ). J’en ai informé le greffier de la Ville. J’ai aussi convenu d’une rencontre avec lui dans les prochains jours pour déterminer les modalités nécessaires afin que mon départ s’effectue correctement d’un point de vue administratif et ne paralyse pas les activités de la Ville.
Je veux que mes concitoyens sachent que je ne prends pas cette décision de gaîté de coeur. J’aurais voulu continuer les tâches entreprises depuis que je suis en poste. Et lorsque je pense au travail des dernières années, je suis très fier des résultats accomplis :
– Le parc de la Famille, né dans la tourmente, mais maintenant devenu notre fierté et reconnu récemment par un prix prestigieux ;
– L’amélioration des équipements et des services de loisirs, au bénéfice de nos familles et de nos enfants ;
– Le maintien et le développement de notre Service de police qui nous assure certainement un des meilleurs, sinon le meilleur niveau de sécurité dans toute la région ;
– La modernisation de nos modes de collecte et de recyclage, parce que l’environnement nous tient à coeur ;
– Le développement harmonieux de la Ville ;
– Le renforcement de la cour municipale ;
– La mise aux normes de nos infrastructures d’eau potable ;
– La réglementation pour la protection de nos paysages !
Et j’en oublie tant d’autres ! Je suis vraiment fier d’avoir consacré toutes mes énergies au développement de cette ville que j’aime tant.
Tous ceux qui me connaissent savent que je suis un homme entier, avec ses qualités et ses défauts. Je veux dire à mes concitoyens et à mes concitoyennes que j’ai assumé mes fonctions avec fierté, honnêteté et au meilleur de mes capacités, dans le respect des élus, des cadres et des employés de la municipalité. Je vous laisse juge des résultats.
En terminant, je veux vous dire un mot de projets d’avenir que j’ai mis en branle et qui me tiennent à coeur. Je pense plus particulièrement à la création d’un véritable centre-ville, une clef pour l’avenir de notre ville à la poursuite de nos efforts en matière de protection de l’environnement, à la réfection de notre réseau d’égouts et de notre réseau routier. Je souhaite de tout c¦ur que ma décision d’aujourd’hui permettra au Conseil de retrouver la cohésion qui lui a fait défaut récemment. Et malgré qu’il m’est difficile d’accepter leurs motifs de siéger comme conseillers indépendants, je leur souhaite sincèrement d’être capable de mener à bien ces projets importants pour notre communauté.
Mon dernier mot sera pour remercier profondément tous ceux et toutes celles qui m’ont appuyé au cours des dernières années. Qu’il s’agisse d’employés de la municipalité, de citoyennes et de citoyens engagés, ou, évidemment, d’amis ou de membres de ma famille, ils sont trop nombreux pour les nommer, mais je sais qu’ils se reconnaîtront. Merci à tous et à toutes.››
Jean-Paul Cardinal
Sainte-Adèle, le 17 septembre 2007