Le petit banc
Décidément vous me surprendrez toujours, vous n’êtes jamais là où je vous attends, chers lecteurs. S’il y a bien une chronique pour laquelle je n’attendais aucune réaction, c’est bien ma dernière, «Pause-Santé», écrite sur le coin de la table ou plutôt du banc. Un texte dont je disais moi-même qu’il était futile, qu’il me faisait «(sou) rire».
Le sujet? Un banc. Vous l’avez pris drôlement au sérieux.
Le bonheur d’une chroniqueuse c’est que ses propos fassent réagir… c’est donc dire si j’étais heureuse cette semaine! Les réactions à ce texte «clin d’œil» et sans prétention viennent de toutes parts.
Il y a les souriants, comme Monsieur et Madame Brisebois de Mont Rolland, qui me félicitent pour cet article «si joli, si bien tourné que nous aurions voulu l’avoir écrit»….
Il y a Yannick Pelletier, le Chef des opérations du Service des travaux publics de la Ville de Saint-Sauveur qui admet « que nous ne comprenions pas vraiment l’utilité de mettre un banc sur cette rue aussi désagréable (…) Nous aurions vraiment aimé trouvé un endroit plus approprié pour installer un banc comme par exemple dans le Parc Millette»; mais qui m’explique que cette décision émanait d’une demande justifiée de citoyens du Manoir de la Falaise, qui souhaitaient s’arrêter un moment sur le trajet qui les mène au Métro: «Qui sommes-nous pour juger si un endroit est mieux qu’un autre pour se reposer?», souligne avec justesse le Chef.
Il y a aussi Madame Lucille Pelland-Bassett, une jeune dame de 85 ans, à la plume alerte, qui est aussi l’instigatrice de la demande à la Ville pour l’installation de ce banc: «Je demeure sur le chemin du Lac Millette coin Principale et pour accomplir diverses commissions, les retraités et personnes âgés de la place qui n’ont pas d’auto, nous trouvons la côte Millette harassante pour retourner chez nous avec nos emplettes. C’est alors que j’ai suggéré à monsieur le Maire Lagacé de faire installer un petit banc pour nous reposer avant de monter la pente abrupte du Chemin Millette (…) Comme notre Maire est compréhensif et serviable, il a accepté».
Je suis bien contente de savoir que le «petit banc» sert à autre chose qu’à aiguiser mon sarcasme puisque je dois vous dire, n’en déplaise au Chef Pelletier, que j’avais pris le temps une fois sur place d’interroger les passants… tous très fiers de me dire qu’ils n’avaient pas recours à «la chose» pour reprendre leur souffle.
Faut croire que je suis tombée sur une mauvaise journée…
Enfin, ce déluge de réactions à une chronique que je jugeais ludique et bien anodine m’amène à deux réflexions…
D’abord, c’est fou ce qu’on prend tout au premier degré dans cette vie. Plus moyen de sourire gentiment. Plus moyen de philosopher sur «rien»; le moindre clin d’œil est interprété comme une grimace.
On ne rigole plus pantoute. «Non, c’est du sérieux ça m’dame Pilotte, on ne rigole pas avec des trucs pareils, il ne faut pas écrire n’importe quoi».
La seconde réflexion que je me fais, c’est que Madame Lucille semble avoir beaucoup plus de poids à l’hôtel de Ville de Saint-Sauveur que je n’en ai. Puis-je donc lui suggérer de demander à son Maire «compréhensif et serviable» de faire pression sur le Maire Cardin de Piedmont afin qu’il nous fasse un joli trottoir pour escalader la côte reliant Piedmont à Saint-Sauveur? C’est parce qu’elle est vachement dangereuse, cette côte, autant pour les piétons que pour les cyclistes. Et puis, pourquoi pas?, je prendrais bien un petit banc aussi, juste en haut! Du même souffle, Madame Bassett pourrait réclamer l’ajout d’un trottoir sur le Chemin du Lac Millette.
En fait, mon sarcasme était tout là: c’est bien beau un petit banc pour reprendre son souffle, mais encore faut-il ne pas rendre son dernier souffle sur ce chemin qui est tout sauf sécuritaire pour les piétons qui frôlent les voitures.
Vous voyez, Madame Bassett, moi aussi je pense à vous et à votre sécurité.
Le Chef aux opérations de la Ville de Saint-Sauveur termine en me disant ceci: «Ne lâchez surtout pas votre excellent travail car on adore votre journal et surtout vos opinions qui me font bien rigoler à toutes les semaines».
Merci Chef. Ne lâchez surtout pas votre excellent travaill vous non plus, car j’adore votre Ville et surtout vos réactions qui me font bien rigoler.