Le temps d’une dinde (2e partie)

Par Marie-Catherine Goudreau

Les effeuilleuses

Les hommes ne peuvent rien cacher trop longtemps. On n’a qu’à les regarder vivre pour qu’ils se mettent à nu devant nous. Un cocktail de sexe de pouvoir et les voilà déjà ivres morts… Ce n’est pas de moi, mais de Dany Laferrière dans L’Énigme du retour, le prix Médicis 2009.

Les Effeuilleuses c’est nous, une sorte de petite Société des poètes disparus qui se réunit une fois par mois pour papoter livres. Une sorte de «club» de sacoches intello.

Elles ont toutes aimé. Pourtant moi, j’ai été surprise par la forme. Pour tout dire, je l’aurais pris à petite gorgée, ce dernier livre de Laferrière, comme un bon vieux Bordeaux que l’on débouche aux grandes occasions: j’aurais probablement mieux apprécié cette prose brûlante où coule une langue fluide et poétique à souhait; oui, j’aurais probablement mieux apprécié les mots posés ici et là, toujours me semble-t-il déposés au bon endroit dans cette Haïti que l’auteur redécouvre à travers les traces de son père.

Les effeuilleuses lui ont donné la cote de 6,5. Et tourneront pour vous d’autres pages en 2010.

S’acheter un Pierre Foglia

Un «Morin Heightsien» (j’ai eu beau chercher, je n’ai pas trouvé comment se nomme un citoyen de mon coin pays) s’est payé une sortie à vélo avec Foglia («pour une personne seulement», a bien spécifié la bête!!!) au printemps prochain. Et comme si cela n’était pas assez, ce même Morin Heightsien, a offert à sa tendre épouse nul autre que Pat Lagacé pour un tête-à-tête au resto et ce, sans censure ni micro, autour de la vie trépignante d’un chroniqueur-vedette. Ce beau doublé pour quelques milliers de dollars. Je suis jalouse d’envie.

Je me suis toujours dit que la culture ça se paye, mais ça se partage aussi. Donc, Monsieur-l’amateur-de-lettres, je me disais comme ça, entre voisins, si vous ne pourriez pas demander à votre femme de me faire une place à la table de Lagacé? Et pour votre journaliste à vous, Pierre Foglia, vous n’êtes pas sans savoir mon amour pour le vélo et mon amour pour ses chroniques… alors, comme je sais que cette sortie à vélo avec Lui est prévue pour une seule personne, je me disais que p’t-être un tandem… il est tellement rendu (plu)vieux, l’Italien, qu’il n’y verra que du vent!!!

L’homme et son péché

Il y a une effervescence autour du livre de recettes, de l’émission culinaire et du mâle dans la cuisine. Ils ont troqué la Corvette pour la fourchette et l’Old Spice pour les épices. L’homme de 2010 est résolument au fond de la casserole et y colle vraiment. Remarquez que ce n’est pas nous qui allons-nous en plaindre, même que ça lui donne du mordant, un mordant plutôt sexy à ce Jules des temps modernes. De l’homme penché attentivement sur un civet, au chaud lapin que l’on veut coucher sur un lit de verdure, il n’y a qu’un pas. Tendre, très tendre la cuisson…

Vie effrénée oblige, mettre du piquant au lit comme dans la sauce, c’est devenu une recette conjugale de base.

Vous ne trouvez pas que préparer un repas, comme le partager, est un espace où se mêlent tellement de saveurs: festives, ludiques, philosophiques même? Cuisiner, c’est de la littérature pour le palais.

Je repense à certains repas entre amis, à certains lieux, à certaines saveurs, à certaines odeurs, et mes papilles gustatives s’activent à la vitesse des images gastronomiques qui défilent dans ma tête. Ce n’est pas pour rien qu’À la recherche du temps perdu de Proust, cette œuvre de la Mémoire, commence par le goût de la madeleine, et c’est cette toute petite pâtisserie, cette toute petite chose fondant sous la dent, qui ramène l’auteur aux souvenirs de toute une vie.

Rien ne change. L’homme et son péché mignon: la chair, encore la chair.

La Dernière scène, une table, des convives et Madeleine, ah! Madeleine!… Tout pour rendre son homme heureux.

La chair, disais-je.

Je sais que pour ce dernier Espace griffé, vous auriez aimé que je vous souhaite un joyeux Noël et une bonne année. Qu’à cela ne tienne… je vous souhaite une bonne année et un joyeux Noël! Excusez-là!

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