Le Trailbuilder se paie la traite

Par Thomas Gallenne

Escapade de vélo de montagne à Sainte-Adèle

Michel Careau s’est payé une belle sortie en vélo de montagne la semaine passée… De chez lui, s’est dirigé vers le village de Mont-Rolland à Sainte-Adèle. Comme réchauffement, il a débuté par le sentier qui se nomme la «Solid Gold» puis a rejoint le sentier «Sigouin» et la «Colline», qui sont deux sentiers de ski de fond locaux, lesquels ont plus de 100 ans. Pour terminer son escapade par le sentier «chasseur». Son impression? «Juste WOW!». Ça se passe de commentaires.

20 km de sentiers entretenus

Pendant plus d’une heure, il dit s’être «amusé à rouler ce secteur magique, à l’endroit comme à l’envers». Après être revenu sur ses pas, vers la Gare de Mont-Rolland, il s’est dirigé vers la polyvalente de Sainte-Adèle. De là, le réseau mica commence, sur plus de 20 km de sentiers. «J’ai pris tout d’abord  » la mica « , ensuite  » la Bute à mica »,  » la Sasquatch », raconte le concepteur de ce réseau de sentiers de vélo de montagne. J’ai poursuivi par la « Marti-no » jusqu’au sentier qui se nomme « la tout-croche ».» 

Il dit l’avoir descendu puis remonté à la sueur de son front en ne ménageant pas son «cardio». Sur la grosse roche située sous la ligne à haute tension d’Hydro Québec, il dit aussi avoir respiré un grand coup d’air frais et refait le plein d’énergie en contemplant la belle nature environnante. Quelques minutes de repos seulement lui ont suffit pour reprendre son souffle et d’un coup de pédale, a rebroussé chemin. «J’ai repris les sentiers par « la Mar-ti-no », « la mica », pris « la Bute à mica », « la K2 », rapporte Michel Careau. Ouf! Wow et encore wow!»… L’amateur de vélo de montagne explique ne pas avoir assez d’énergie pour aller rouler les sentiers dits «officiels du réseau Chantecler, entretenus par Benoit, Simon et la «gang» du club de Plein Air Sainte-Adèle, tous des bénévoles.

«J’ai vraiment eu beaucoup de plaisir à rouler ces sentiers, raconte enthousiaste Michel Careau. Plus de 3 heures de pur plaisir.» Certes ce n’est pas l’Ouest, admet-il, ni la Californie avec ses grandes étendues de forêts qui permettent la pratique de ces sports en toute liberté, mais il reste conscient du joyau qui est « dans sa cour ». «Je n’ai pas eu besoin de me déplacer vers les États-Unis, à Burke Mountain par exemple», explique-t-il. Par un encadrement adéquat du vélo de montagne, cette pratique sportive et récréative génère des retombées économiques substantielles pour l’ensemble de cette communauté du Vermont. Et cela se passe sur des terrains privés. La situation reste toutefois précaire dans notre région, comme le reconnaît Michel Careau. «C’est un des sports que j’aime et que je pratique, mais quand je dis dans ma cour, ce n’est pas la mienne!»

À vos risques de circuler sur les terrains privés

D’après Michel Careau, des règles existent pour les utilisateurs de sentiers et tous doivent comprendre que l’accès non autorisé à des sentiers sur des terrains privés, se font aux propres risques des usagers. Il les encourage d’ailleurs fortement à demander la permission aux propriétaires. «Les propriétaires ne peuvent que nous tolérer parce que c’est difficile de contrôler tous les gens qui circulent sur leur terrain, explique le résident de Sainte-Adèle. Et tant et aussi longtemps qu’un aménagement propre et durable sera effectué, que leur droit de propriété sera respecté, tant que les usagers demanderont la permission de circuler sur leur terrain, sans passer par-dessus une clôture, nous serons en quelques sorte en harmonie avec les propriétaires.»

Toujours selon lui, il n’en tient qu’aux usagers de s’entendre avec les propriétaires et de régulariser la situation avec eux. Et cela concerne tous les sports confondus. «Nous avons tous une part de responsabilité en circulant sur ces sentiers», lance Michel Careau.

Du chemin reste à faire

Pour le passionné de plein air, un réseau semblable à celui qu’on retrouve dans les Kingdom Trails à Burke dans le Vermont, pourrait se retrouver dans les Laurentides. «Des sentiers, il y en a beaucoup et pas assez à la fois, explique Michel Careau. On en retrouve entre autre à Prévost, au Mont Olympia, à Saint-Anne-des-Lacs, au Mont-Habitant, à Mont-Rolland, à Sainte-Adèle et à Sainte-Agathe. Mais la majorité des sentiers est située sur des terrains privés, difficilement accessibles selon </p>

la saison, autrement que par la marche ou par le vélo de montagne.»

Il souligne que les sentiers qu’il emprunte ou qu’il réalise, sont aménagés par des bénévoles sur des terrains privés. «L’accès de la plupart de ces sentiers est autorisée aux randonneurs, skieurs et cyclistes de montagne, mais c’est au risque de l’usager», ajoute le développeur de sentiers. L’autorisation des propriétaires privés vaut également pour leur entretien. «Beaucoup de ces sentiers ne datent pas d’hier, précise l’amateur de plein air. Et un entretien fait régulièrement par les bénévoles de la région a permis à la communauté des utilisateurs de ces sentiers, c’est-à-dire les marcheurs, raquetteurs, skieurs hors-piste et cyclistes de montagne – les ***bikers***du coin – de pouvoir continuer à profiter de ce que la nature nous a donné mais qui ne nous appartient pas.» 

Michel Careau dit utiliser ces sentiers depuis plus de 20 ans, et ce en tout respect. Et il travaille régulièrement à obtenir des droits de passage auprès des propriétaires, à entretenir les sentiers: «Je les aménage et tente d’y faire respecter certaines règles d’usages, quand j’en ai le temps et la possibilité, tout comme le font certains de mes confrères utilisateurs, les bénévoles du coin».

Il reconnait qu’il reste beaucoup de travail à faire au niveau des autorisations et droits de passage. Présentement, les gens qui utilisent les sentiers non-officiels, le font à leur propre risque. Et certains propriétaires concernés ne peuvent que rester impuissants face à l’émergence de nouveaux sentiers… 

Selon lui, les propriétaires terriens devraient toutefois apprécier le fait que la grande majorité des usagers de ces sentiers, sont «respectueux, propres et non-polluants». Il reconnaît aussi qu’un examen de conscience devra être fait aussi au sein de l’industrie du plein air. «Les boutiques de sports à travers la province font la promotion de ces richesses qui ne sont pas nôtre et vendent pleins de produits de plein air et sportif, avance M. Careau. Mais elles le font parfois sans se soucier de l’endroit où sera pratiqué l’activité en question !» Il reste cependant confiant, soulignant que certaines boutiques sont conscientes des enjeux et participent même au développement de ces sentiers, autant officiels que non-officiels de la région des Laurentides.

Le développeur de sentiers parle d’un travail de moine, fait exclusivement par des bénévoles, des passionnés. Michel Careau dit souhaiter qu’il y ait une relève. «Je demande la collaboration de tous les utilisateurs pour le respect des règles de conduite, martèle le cycliste. Il est important d’encadrer cette pratique et de s’entendre entre nous, les usagers, et avec les différents propriétaires. C’est une question de respect mutuel. C’est une façon de faire que comme communauté, nous devrions développer pour l’ensemble des sports que nous pratiquons en montagne et en milieu urbain, dans les Laurentides et ailleurs au pays.»

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