Photo : Nordy - Davy Lopez

Les dossiers marquants de 2025

Par Alexane Taillon-Thiffeault (Initiative de journalisme local)

Urbanisme sous tension, enjeux environnementaux majeurs, litiges judiciaires qui s’éternisent ou se concluent enfin : l’année 2025 aura été particulièrement chargée dans les Pays-d’en-Haut. Plusieurs dossiers ont marqué l’actualité et façonné le paysage politique et social de la région. Retour sur quelques-uns des enjeux qui ont retenu l’attention au cours des derniers mois !

Fin du dossier de la Croix

Le dossier de la Croix de Sainte-Adèle, qui aura marqué la vie municipale pendant près de 20 ans, est finalement clos. Ce long litige opposait la Ville et l’homme d’affaires Marc Lupien à propos de l’accès à la croix illuminée située au sommet bleu, et a donné lieu à de multiples poursuites et contre-poursuites judiciaires, mobilisant anciens élus et membres d’administrations municipales. La dernière poursuite, déposée par le Groupe Lupien pour 13 M$, a été tranchée en faveur des défendeurs, aucun appel n’ayant été interjeté. L’ancienne mairesse Michèle Lalonde a salué la décision, qui libère les personnes visées et permet à la municipalité de passer à d’autres dossiers.

La chaleur arrête le marathon… en octobre

L’édition 2025 du Marathon du P’tit Train du Nord, tenue le 5 octobre, a pris une tournure surprenante avec une canicule automnale exceptionnelle qui a forcé l’organisation à interrompre la course en plein parcours. Face à des températures inhabituellement élevées pour la saison, les responsables ont activé le plan d’urgence après de nombreux malaises liés à la chaleur, stoppant l’épreuve aux 32e km puis 36e km pour protéger la santé des coureurs. Sur environ 2 400 participants, plus de 300 n’ont pu terminer, et si certains ont critiqué la communication, beaucoup ont salué la priorité donnée à la sécurité dans ces conditions extrêmes.

Le casse-tête des aqueducs

À Saint-Sauveur, la gestion de cinq réseaux d’aqueduc privés a viré en véritable casse-tête après l’abandon de l’entreprise Aqua-Gestion, laissant près de 400 résidents sans service fiable d’eau potable. La Ville a repris ces systèmes en piteux état – installations vétustes, manque de pression, absence de conformité sanitaire – et a dû imposer un avis d’ébullition préventif généralisé, qui pourrait durer tant que les réseaux ne sont pas rendus étanches et sécuritaires. Les autorités municipales dénoncent le manque d’inspections antérieures et cherchent du financement provincial pour remettre les infrastructures aux normes, l’avenir restant incertain.

Gestion du Parc de la Rivière Doncaster

Le parc de la Rivière Doncaster, joyau naturel et récréatif de Sainte-Adèle, a été au cœur d’un conflit de gestion important en 2025. Après des années sous la responsabilité de la Chambre de commerce et de tourisme (CCTSA), la Ville a décidé de ne pas renouveler le contrat, transférant temporairement la gestion à l’organisme Plein air Sainte-Adèle (PASA) dans l’objectif d’en assumer elle-même la responsabilité à terme, suscitant des tensions avec la CCTSA et des réactions citoyennes vives.

La CCTSA a mis la Ville en demeure pour tenter de récupérer la gestion ou obtenir une compensation, une démarche qui a même entraîné des démissions au sein de son conseil d’administration. Finalement, les parties ont mis fin à la mésentente, apaisant le dossier après plusieurs semaines de friction et ouvrant la voie à une gestion municipale plus claire du parc, apprécié pour ses sentiers et sa nature.

L’urbanisme à Piedmont

Le dossier de l’urbanisme à Piedmont a dominé l’actualité locale en 2025, oscillant entre protection de l’environnement et tensions sur le développement. Après des consultations publiques et plusieurs mois de débats, la municipalité a adopté, le 2 septembre, un plan d’urbanisme révisé visant à préserver les milieux naturels jugés sensibles tout en encadrant la construction future ; l’adoption des règlements qui en découlent, notamment le règlement de zonage, a toutefois été repoussée pour approfondir la consultation, face aux inquiétudes des propriétaires et promoteurs qui craignent une perte de valeur foncière. Ces derniers avaient qualifié certaines propositions d’« expropriation déguisée » et ont menacé de poursuites ; la question de la protection accrue du territoire a été soumise aux citoyens lors d’un référendum en parallèle des élections municipales, marquant l’importance démocratique de ce débat.

Projet Bourg du Lac

Le projet résidentiel Bourg du Lac à Sainte-Adèle s’est transformé en une controverse majeure et un litige de grande ampleur cette année. Après d’importants travaux, la Ville a annulé le permis de construction en raison d’un différend sur la présence de cours d’eau sur le terrain – un point crucial pour l’application des règles environnementales – ce qui a gelé le chantier et immobilisé plus de 4 millions $ d’investissements. Le promoteur, qui affirme avoir obtenu tous les permis requis, a alors poursuivi la Ville et d’autres intervenants pour 42 millions $, alléguant un préjudice financier et des variations répétées de position municipale. Entre voisins inquiets de l’impact écologique et promoteurs frustrés, le projet demeure figé en attendant une décision judiciaire.

PPU Chantecler, l’ultime débat

Le Plan particulier d’urbanisme (PPU) du secteur Chantecler a été l’un des dossiers les plus débattus de 2025 à Sainte-Adèle. Présenté comme un outil pour encadrer l’avenir d’un vaste territoire, il prévoit potentiellement jusqu’à 1 300 nouvelles unités résidentielles tout en conservant environ 30 % du site en espaces naturels et récréatifs ; mais cette densification projetée a suscité de fortes réactions, certains y voyant un retour d’un projet rejeté depuis longtemps et s’inquiétant des impacts sur la qualité de vie et l’environnement.

La fermeture brutale des sentiers de plein air du Chantecler, utilisé par des dizaines de milliers de visiteurs chaque année, a ajouté une dimension émotionnelle au débat, accentuant le choc parmi les citoyens et alimentant une mobilisation locale. Face à la polémique, la Ville a suspendu l’avancement du PPU pour approfondir la réflexion et mieux intégrer les préoccupations citoyennes, notamment autour de l’accès aux sentiers et de la préservation du patrimoine naturel.

La passerelle du Corridor aérobique

Le Corridor aérobique, un parc linéaire récréotouristique reliant Morin-Heights à Amherst, a été marqué cette année par l’installation d’une passerelle temporaire visant à reconnecter le sentier coupé en deux depuis la fermeture et la démolition du pont Newaygo à Wentworth-Nord. La MRC des Pays-d’en-Haut a proposé une structure pour piétons et cyclistes, contournant en partie le litige judiciaire toujours en cours entre des citoyens, le ministère des Transports et la MRC concernant le pont disparu. Si cette solution devait restaurer l’accessibilité du corridor pour les usagers, elle a suscité des inquiétudes sur son impact juridique et l’absence d’accès automobile qu’offrait l’ancien pont.

Les municipalités s’engagent à protéger la rivière du Nord

En avril 2025, près d’une trentaine de municipalités des Laurentides ont signé une déclaration historique s’engageant à protéger et à améliorer la qualité de l’eau du bassin versant de la rivière du Nord, un enjeu majeur de sécurité publique et de développement durable pour toute la région. Cette démarche collective, coordonnée avec l’Organisme de bassin versant Abrinord, comprend 11 engagements concrets portant sur la gestion des eaux usées et pluviales, la mise en conformité des installations septiques et la protection des milieux humides.

Le débat des luminaires

Le dossier des luminaires publics a provoqué une forte controverse entre Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson et sa voisine Estérel au printemps 2025. Alors que l’agglomération planifiait l’achat et l’installation de nombreux nouveaux lampadaires, y compris sur des rues locales, Estérel s’est opposée vigoureusement au partage des coûts, estimant que ses citoyens ne devaient pas financer des installations hors de son réseau artériel et a même déposé une plainte à la Commission municipale du Québec.

Face à la tension, la Ville de Sainte-Marguerite a d’abord reporté la période de signature du registre référendaire visant à permettre aux citoyens de se prononcer, puis a fait un pas de recul dans le dossier, annulant temporairement les procédures d’adoption de règlements d’emprunt pour clarifier les coûts et mieux informer la population.

Saint-Sauveur et Étienne Bibeau s’entendent

Après 9 ans de bataille judiciaire, le dossier d’Étienne Bibeau à Saint-Sauveur s’est conclu sans que sa maison construite sans permis sur une pente trop abrupte ne soit démolie, contrairement à ce qu’avaient ordonné deux jugements antérieurs. Initialement, la Cour avait exigé la démolition ou le déplacement de la résidence, construite sur une pente de 44 %, alors que le règlement municipal en limite l’usage à 25 %, ce qui avait déclenché une série d’appels et de contestations. Finalement, un accord a permis que la maison reste en place sous réserve de travaux de sécurisation du terrain, d’ajustements d’écoulement des eaux et d’un aménagement paysager, ainsi que d’un dédommagement de 100 000 $ à la Ville, qui réinvestira ces fonds dans des projets environnementaux.

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