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Les Enjeux du Québec à Copenhague

Par Éric-Olivier Dallard

Légalement, la délégation québécoise et le premier ministre Jean Charest n’avaient effectivement pas leur raison d’être à Copenhague puisque les signataires de l’entente post-Kyoto sont les pays. D’ailleurs, l’Honorable Jim Prentice a tenté de remettre les pendules à l’heure cette semaine dans les négociations alors qu’il précisait aux provinces que «Le Canada parlera ici par l’intermédiaire de son gouvernement».

Mais stratégiquement, la présence des représentants du Québec était très importante à Copenhague, voir même essentielle, pour les raisons suivantes:

Lobby du Québec: En étant physiquement à Copenhague, la délégation Québécoise pouvait faire un lobby plus efficace des intérêts du Québec dans les décisions du Canada. Plus précisément, le Québec espérait que le Canada accepterait de signer le post-Kyoto, il veillait que le lobby des autres provinces et des pétrolières étaient équilibrés et il devait s’assurer que la cible visée par le Canada résulterait à une charge écologique équitable pour les contribuables du Québec.

Promotion de l’énergie propre du Québec: Pour le Québec, Copenhague représentait un moment privilégié pour faire la promotion des avantages économiques et écologiques de son énergie «propre» hydro-électrique. Le Québec devait donc se concentrer sur 2 principaux clients potentiels: les autres juridictions à la recherche d’énergie propre et les entreprises internationales qui souhaitent s’installer sur un territoire vert.

Outil de communication stratégique: La plate-forme de Copenhague attirait l’attention des électeurs et démontrait le sérieux du gouvernement du Québec dans la cause environnementale. Le gouvernement Charest en profitait pour réitérer les avantages du virage vert et du développement du nord Québécois.

En route «vert» un Québec souverain: Mais, un des plus importants enjeux du Québec en entrant dans l’ère écologique, c’est son appartenance au reste du Canada puisque l’environnement pourrait s’avérer être le chaînon manquant à la souveraineté du Québec.

Dans un monde vert, les souverainistes risquent de profiter de deux arguments de persuasion qui n’existaient pas aux référendums de 1980 et de 1995. Premièrement, la fierté d’être canadien pourrait être gravement affaiblie par la réputation de plus en plus négative du Canada à l’échelle internationale. D’ailleurs, un nombre grandissant de personnalités influentes et de groupe de pression expriment leur honte envers le Canada et le traite même de «voyou» dans la lutte aux changements climatiques. De plus, comme le mentionnaient plusieurs quotidiens cette semaine, Copenhague semble être devenu un teste pour le fonctionnement du fédéralisme canadien.

Deuxièmement, le Québec pourrait devenir financièrement plus rentable en étant souverain qu’en restant lié au reste du Canada.

En effet, si les avantages comparatifs du Québec sont optimisés dans le virage vert, les Québécois pourraient profiter de 3 principales sources supplémentaires d’enrichissement: 1) les juridictions nouvellement clientes de l’énergie hydro-électrique; 2) les entreprises étrangères attirées au Québec par son énergie propre et accessible à prix concurrentiel; 3) les transferts géographiques de richesses en faveur du Québec résultant de l’implantation du principe du pollueur-payeur.

Pour visualiser l’importance des transferts géographiques de richesses, ajouter un coût de 100$/tonne de carbone dans les marchés en Amérique du Nord et observer les gagnants et les perdants, sachant que les Québécois, les Ontariens, les Américains et les Albertains émettent en moyenne 11, 15, 24 et 72 tonnes de carbone par année, respectivement.

En réalité, le virage vert pourrait s’avérer tellement avantageux financièrement pour les Québécois que l’enjeu économique, dont 67% des électeurs estiment comme étant leur priorité, risque de pencher en faveur d’un Québec souverain. En somme, ce qu’il faut retenir c’est qu’après le virage vert, le cri du cœur des souverainistes pourrait bien devenir une bonne affaire pour l’ensemble des contribuables Québécois.

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