Marie-Josée Lord : L’ascension divine d’une diva
Adoptée à cinq ans par un couple québécois en mission humanitaire en Haïti, la petite Marie-Josée est aujourd’hui l’une de nos plus belles voix lyriques québécoises. Après l’apprentissage du piano et du violon dès l’enfance, elle découvrira, jeune adulte, le chant en écoutant aux portes du conservatoire. Elle travaillera alors à découvrir et développer cette voix qui l’habite dont elle ne connaît pas toute l’ampleur. C’est alors que les portes de l’univers de l’opéra s’ouvriront devant elle. En suivant sa foi, Marie-Josée Lord, dont la bonne étoile l’aura guidée vers une destinée insoupçonnée, voit loin, avec l’humble attitude de celle qui exprime devoir ce don vocal à plus grand qu’elle. Magnifique soprano, diva dans toute sa beauté, sa noble attitude et sa majestueuse présence sur scène, l’ascension se poursuit.
Quand vous regardez par-dessus votre épaule le chemin parcouru depuis le lancement de votre carrière en 2003, vous y voyez quoi?
Je vois beaucoup de chemin à parcourir encore!
Que visez-vous?
Je vise l’international et un auditoire international. Je veux produire. Je veux qu’on écrive pour moi. Je veux explorer mes possibilités vocales et les pousser le plus loin possible.
Vous dites que votre voix est un instrument qui enseigne l’humilité. Pourquoi l’humilité?
Parce que ma voix est un instrument qui est dans mon corps, mais que je n’ai pas choisi. Je n’ai pas décidé de sa couleur, de son ampleur, du registre dans lequel elle se promène. Développer ma voix demande de l’humilité, car c’est un instrument qui n’obéit pas tout le temps. Je dois me plier à ce qu’elle veut bien me donner, et reconnaître que ce n’est pas moi qui me la suis donnée. On choisit un instrument, mais le talent, c’est un don que l’on reçoit, et devant lequel on doit rester humble.
Vous chantez des grands airs d’opéra, mais également des chansons du répertoire populaire. Ça ne doit pas être évident!
Au contraire, ça l’est, puisque je ne choisis que celles qui ont un schéma lyrique, si bien que je ne fais pas de compromis. Mon instrument ne change pas, ma technique ne change pas. J’habille simplement l’œuvre de ma voix.
Non seulement vous avez découvert toute la portée de votre voix, mais aussi votre talent d’actrice, en chantant à l’opéra?
Oui, et j’aime ça! Surtout que l’art lyrique demande ce jeu, surtout lorsque l’on chante dans une langue étrangère. Si les gens du public ne comprennent pas la langue, ils comprennent au moins l’émotion que l’on passe par le jeu d’actrice.
À quoi doit-on s’attendre au théâtre du Marais où vous viendrez chanter ces Femmes qui vous inspirent, vous habitent, vous animent?
On pense à tort que l’opéra ne nous rejoint pas. On le voit plus grand que nature, extravagant, exagéré! Mon but est donc de personnaliser l’émotion des caractères interprétés dans l’œuvre, et de les ramener à l’échelle humaine, de les présenter au niveau du quotidien, pour que leurs émotions touchent celles du public et que celui-ci puisse mieux s’identifier à leur vécu, se reconnaître à travers les caractères.
Vous chantez en plusieurs langues, mais y en a-t-il une qui vous rejoint plus particulièrement?
J’ai un faible pour le français qui est ma langue maternelle, car c’est agréable de chanter dans une langue dont on sent et comprend toutes les subtilités. J’aime aussi chanter en espagnol, car je trouve que c’est une langue très suave.
Vous êtes une diva majestueuse et noble sur scène, et une femme joviale et rieuse dans le quotidien. Comment voyez-vous la vie, comment la sentez-vous?
J’exerce un métier que j’aime, alors je n’ai pas l’impression de travailler et, dans mon quotidien, je suis quelqu’un qui aime rire. Je suis très positive. Ma vie est centrée sur ma foi. Je crois vraiment en Dieu. Je crois que tout ce que j’accomplis, je le dois à l’Éternel, car pour avoir eu une destinée comme la mienne, quand on sait d’où je viens! En aucun moment, je peux dire que je savais ce que ça allait donner! Rien de ce qui m’est arrivé dépendait de moi. Je suis obligée d’admettre que ma vie a été régentée par quelqu’un de plus puissant que moi. Donc, il est clair que toute mon existence est centrée pour honorer le plus possible ce Dieu qui fait des miracles, qui fait des prodiges sur ma vie. Je suis partie d’une zone d’où personne n’aurait jamais cru que je pourrais sortir, pour arriver à un niveau que personne n’aurait cru que j’aurais pu arriver. Aucun humain n’aurait pu permettre que cela arrive, même si des humains ont bien sûr permis que ça se réalise.
Mais même eux ne savent jamais la pleine grandeur de ce qu’ils apportent!
Quelles sont les valeurs que vous transmettez à vos fils de 5 et 11 ans?
C’est sûr que la foi est le centre de leur éducation. Leur père et moi voulons qu’ils soient des enfants persévérants, qui s’accomplissent grâce à ce qu’ils auront reçu. À l’écoute et à la découverte de ce qu’ils sont, nous voulons être les catalyseurs qui leur permettent de se développer à leur pleine capacité. Nous voulons être de bons superviseurs, les aimer du mieux possible, et donner selon la sagesse qu’on a nous-mêmes acquise, pour qu’ils puissent s’épanouir et être heureux. C’est sûr qu’on fera des erreurs, et eux aussi en feront, mais avec la foi qu’ils auront développée, ils sauront s’en relever.
Parce que nous croyons fermement que ce qu’on dit à un enfant est ce qu’il sera plus tard, on leur répète souvent : « Tu es capable! Va jusqu’au bout! Persévère! Même si tu échoues, ça ne veut pas dire que tu ne vas pas y arriver! Échouer fait partie du processus d’apprentissage. Trouve un autre moyen de faire la chose. Peut-être que c’est la technique que tu as employée qui n’est pas bonne. Mais ce n’est pas parce que tu n’es pas bon! ». On veut qu’ils comprennent que tout ne vient pas facilement, mais qu’on peut tout avoir avec le travail, la persévérance et la foi. Voilà!
Marie-Josée Lord sera au théâtre du Marais le 5 mars, à 20 h (en spectacle dînatoire si désiré). www.theatredumarais.com et 819 322-1414