(Photo : Nordy - Davy Lopez)
Martin Nadon se présente à la préfecture de la MRC des Pays-d'en-Haut pour une troisième fois.

Martin Nadon vise la préfecture : « Ma mission est accomplie à Piedmont »

Par Alexane Taillon-Thiffeault

Après avoir assuré la mairie de la Municipalité de Piedmont, Martin Nadon se portera candidat à la préfecture de la MRC des Pays-d’en-Haut, aux élections municipales de novembre prochain. Il revient sur son parcours atypique, son entrée en politique municipale, et les raisons qui le poussent à viser un siège encore méconnu du grand public selon lui.

« Moi, je suis un régionaliste », lance Martin Nadon d’entrée de jeu. « J’aime ma municipalité, mais j’aime aussi ma région. » Celui qui est devenu maire de Piedmont en 2022 dans un contexte de crise voit dans la préfecture une suite logique à son engagement. « J’avais déjà manifesté mon intérêt pour le poste au cours des dernières années, à une période où j’étais beaucoup moins connu que je le suis aujourd’hui. »

Sa carrière à l’ONU l’a mené aux quatre coins du monde, notamment en mission avec les Nations Unies, du Burkina Faso à la Nouvelle-Calédonie. C’est d’ailleurs à son retour, pendant la pandémie, qu’il voit la démission de la mairesse et de trois conseillers de Piedmont. « Je croyais et je crois toujours que j’étais la personne la plus indiquée pour me présenter, puis devenir le maire, et terminer le mandat de ceux qui l’avaient commencé. »

Élu avec 64 % des voix, M. Nadon et son équipe ont repris les rênes d’une administration fragilisée. « Le lendemain de l’élection, je me demandais presque s’il y avait encore quelqu’un à l’Hôtel de Ville », dit-il avec un sourire. Il estime aujourd’hui avoir rempli son mandat.

Une MRC à rapprocher de ses citoyens

C’est fort de cette expérience qu’il souhaite maintenant jouer un rôle à l’échelle de la MRC. « J’aimerais rapprocher le citoyen de la MRC. Parce que si on faisait un sondage, puis on demandait aux gens, c’est quoi un préfet ? […] Une grande partie de la population dirait : « je n’en ai aucune idée ». »

Selon lui, une réforme de la gouvernance s’impose. « Il y a peut-être une vingtaine [de MRC] où on élit le préfet. Les autres, ce sont les maires entre eux qui décident qui va être préfet. Alors, je trouve que les préfets, c’est une formule un peu hybride. Tout le monde au Québec devrait, toutes les municipalités rurales, régionales au Québec devraient élire leur préfet. » Donc s’il est élu, Martin Nadon souhaite rendre la MRC plus visible, plus accessible, et surtout plus proche des citoyens.

Alors au fil de la conversation, M. Nadon revient souvent sur cet enjeu fondamental pour lui : mieux faire comprendre ce qu’est réellement le rôle d’un préfet. Un rôle qu’il qualifie de pouvoir informel, mais stratégique, puisqu’il exige doigté, diplomatie et capacité d’influence. Et justement, dans un contexte où la majorité des maires en poste dans la MRC des Pays-d’en-Haut ne se représentent pas aux prochaines élections, l’expérience devient un atout de taille. « On parle possiblement de huit nouveaux visages autour de la table. Alors, c’est important, je pense, d’avoir un préfet qui a de l’expérience, qui a du bagage avec lui. »

Penser au développement varié

Martin Nadon parle de la place de l’environnement dans un contexte où il y a de plus en plus de pression pour accroître le développement. « L’environnement, c’est un élément important. Par ailleurs, il y a toute la question à laquelle on doit être sensible : la crise du logement. C’est beau protéger la nature, puis je suis entièrement pour ça, mais moi je dis souvent, si on n’avait pas coupé d’arbres au Québec, on ne serait pas là. […] Alors là, on est face à une grave crise du logement. On a une étude à la MRC qui nous dit que d’ici les 10 prochaines années, il va falloir trouver 8 500 logements pour la MRC. Et ça, c’est une crise sociale. Mais ce n’est pas contradictoire : on peut protéger l’environnement, puis construire des logements. »

Il souligne également qu’il est important de choisir studieusement les endroits où construire des maisons, ou encore des condos locatifs, justement pour des questions de protection l’environnement. Par ailleurs, il rappelle qu’il souhaite varier l’offre, puisque ce n’est pas tout le monde qui a le même budget. « Dans notre société ici, comme n’importe quelle société, il y a des riches, des pauvres, des ci, des ça. Et il faut varier l’offre de logement. L’idée de n’avoir que des grosses cabanes sur des terrains de 50 000 pieds carrés, c’est un concept qui peut rester, mais il faut avoir d’autres choses à offrir. »

Un mandat unique à Piedmont

Alors que la Municipalité de Piedmont sort difficilement d’une période marquée par de profondes tensions politiques, le maire sortant ne cache pas ses inquiétudes quant à l’avenir. « Évidemment que c’est une inquiétude », confie-t-il, en évoquant le risque que le climat houleux décourage les citoyens à s’engager en politique municipale.

Revenant sur les événements de 2021, il évoque la crise ayant suivi l’élection de l’ex-mairesse Nathalie Rochon, dont l’équipe s’est rapidement disloquée. Mme Rochon avait démissionné quelques mois plus tard, dénonçant un climat toxique. Dans ce contexte, M. Nadon s’était présenté à la mairie à la surprise générale, remportant l’élection avec ses trois colistiers. Une victoire qui, selon lui, a été mal accueillie par certains membres du conseil encore en poste.

Il souligne tout de même de nombreux moments forts de son mandat à Piedmont, dont le 100e anniversaire de la Municipalité. « Je suis très, très fier qu’on ait réussi à le faire dans un climat qui n’était pas facile. » Il souligne aussi l’embauche d’un ancien policier de la Sûreté du Québec (SQ), qui a 35 ans d’expérience dans la police municipale, qui s’occupe beaucoup des questions de sécurité, de circulation, de stationnement, pour lesquels il peut être difficile de faire intervenir la SQ. Il se dit également fier de la signature d’une nouvelle convention collective de six ans.

M. Nadon affirme regarder vers l’avenir et espère que les citoyens reprendront confiance dans leurs institutions locales. « Maintenant, c’est à la population de décider de faire de nouveaux choix pour les prochaines années. Alors, j’ai confiance qu’elles fassent les bons choix. Nous, on a amené le bateau à bon port. »

4 commentaires

  1. Pour un avocat, M. Nadon commet ici une faute grave en taxant la MRC de gouvernement « informel ». J’ai travaillé à la naissance des MRC au tournant des années ’80 Les municipalités régionales de comté (MRC) au Québec qui, dès lors, ont été reconnues non seulement comme des entités administratives dotées d’une personnalité juridique, créées par lettres patentes émises par le gouvernement du Québec et régies notamment par la Loi sur l’aménagement et l’urbanisme (LAU) et la Loi sur l’organisation territoriale municipale (LOTM), mais qui de surcroît, se situent AU-DESSUS des municipalités locales, formant un palier appelé « supralocal ».

    Les MRC exercent des pouvoirs municipaux — adoption de règlements, résolutions, gestion des territoires non organisés (TNO), schémas d’aménagement, etc. Formelles, instituées légalement par le gouvernement provincial, elles sont des créatures autonomes, avec des pouvoirs réglementaires, budgétaires et administratifs.

    Quant au rôle du préfet dont M. Nadon se fait une priorité de mieux faire connaître, on n’a vraiment pas les mêmes priorités. Je serai candidat contre lui, mais pas du tout avec l’idée de devenir plus connu.

    Les Pays-d’en-Haut, c’est un chapelet de dix municipalités aux ressources individuelles limitées pour assurer le mieux-être de 50 000 habitants et la satisfaction de dizaines de milliers de villégiateurs et touristes.

    Une telle configuration donne pleine légitimité au gouvernement supralocal qu’est la MRC, un levier pour s’offrir, ensemble, un avenir meilleur.

    J’occuperai la fonction de préfet comme je parle et j’agis depuis le début de ma carrière de plus de 30 ans dans les affaires publiques : avec une posture de leadership, habité par une foi inébranlable dans la démocratie, engagé à trouver des solutions pérennes aux enjeux cruciaux qui menacent notre stabilité, notamment sur les plans social, économique, démographique, environnemental et culturel.

    Et si le préfet devient plus connu, ce ne sera pas par finalité, mais par conséquence de son action pour le bien commun.

    Voir ma plateforme ici: http://www.RichardDarveau.com

  2. Une MRC devrait être un lieu d’échanges afin d’identifier certaines stratégies et moyens pour faire face à notre réalité actuelle et de sécuriser l’avenir de la population tout en mobilisant le pouvoir des acteurs principaux( mairesses et maires). Pour ma part la MRC devrait servir de vigie afin de soutenir les municipalités et d’activer certains moyens appropriés pour favoriser un développement équitable sans tout détruire.

  3. J’aime plusieurs de vos choix de mots: vigie, sécuriser, mobiliser…

    Individuellement, nos municipalités ici sont modestes, leurs ressources sont limitées si elles restent isolées.

    Il n’y a pas sur le territoire de ville-centre pouvant agir de locomotive sur ce p’tit train du nord. On n’a pas une Terrebonne, un Victoriaville, un Rimouski, ici. Partant, ce rôle peut être joué par la MRC et son coordonnateur, le préfet.

  4. Découlant de votre vision associée à certains mots, la possibilité d’obtenir des subventions serait donc plus recevable, si les élus pourraient avoir une vision plus élargie afin de mettre de l’avant des projets collectifs répondant aux réels besoins de la population.

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