(Photo : Courtoisie)

Loi 2 : Dre Lyne Couture s’inquiète pour l’avenir

Par Alec Brideau

« Il ne faut pas que ça se passe comme ça. C’est la population qui souffre. C’est terrible ce qui s’en vient. »

Ces mots de Dre Lyne Couture, présidente de l’Association des médecins omnipraticiens Laurentides-Lanaudière (AMOLL), représentent la vision de presque tout le personnel touché par la loi 2 que le gouvernement Legault tente d’instaurer. C’est du moins ce qu’elle nous a déclaré.

« Les médecins font de l’insomnie parce qu’ils se demandent ce qui va leur arriver, dit-elle. Les gens sont inquiets. En ce moment, ça n’aide personne et ça fait mal à tout le monde. Ça n’a pas d’allure. »

La loi 2

Cette loi, voulant imposer un contrat aux médecins et, entre autres, modifier la rémunération de ces derniers selon leurs performances, suscite des réactions depuis son adoption. Déjà, plus le gouvernement Legault était sérieux dans ses démarches et plus des médecins remettaient en question leur avenir. Dre Couture indique qu’avant même que le projet de loi 106 n’ait été abordé, près d’une centaine de médecins considéraient quitter leurs fonctions ou changer de carrière.

Pour des statistiques plus concrètes, ces personnes n’ont pas été comptabilisées dans un sondage qui, malgré tout, demeure révélateur.

« Il restait 459 réponses, souligne-t-elle. Là-dessus, un peu plus de 300 nous disaient que ça les avait assez bouleversés pour se remettre en question et réfléchir à leur avenir. Sur ces 300, il y en a 92 qui ont entamé des démarches pour arrêter d’ici 3 ans, et environ 60 dans la prochaine année. »

Une autre statistique inquiétante que nous partage la présidente d’AMOLL est que de ce nombre, les deux tiers sont âgés de moins de 50 ans.

« Ça, c’est très inquiétant, dit-elle. Je ne dis pas que le médecin qui a 62 ans et qui prend sa retraite ou quitte, ce n’est pas une catastrophe, mais en comparaison avec un nouveau médecin qui avait une vingtaine d’années encore devant lui, ça fait mal. »

Selon ce que Dre Couture a reçu comme données avant le début de « l’exode des médecins », il manquait plus d’une centaine de médecins de famille dans les Laurentides, ainsi que dans Lanaudière.

Vert, jaune et rouge

Lyne Couture indique soulève aussi qu’on ne devrait pas utiliser des « des codes de couleur ».

« Avec l’application de cette loi, des fonctionnaires pourront indiquer dans votre dossier si vous êtes vert, jaune ou rouge. Vous voulez vraiment qu’un fonctionnaire fasse ça ? Aussi, quand vous êtes en consultation avec un médecin, vous voulez avoir le temps de lui expliquer votre inquiétude, que celui-ci l’entende et qu’il vous soigne correctement. Vous tenez à ce qu’il puisse établir un diagnostic, vous questionner et vous examiner. Ça ne se fait pas en trois minutes. »

Que faire ?

Difficile pour les médecins et la présidente d’AMOLL de prévoir l’avenir. Toutefois, il est évident pour eux que cette loi ne peut aller de l’avant telle qu’elle est présentée actuellement.

« Je pense qu’il faudra la suspendre, la modifier, l’abroger… Appelez ça comme vous voudrez, mais il faut que quelque chose se passe, que le gouvernement, cette fois-ci, négocie de bonne foi. Déjà que le nombre de médecins était insuffisant. Cela ne fait qu’empirer » conclut Dre Couture.

La même vision

Par communiqué, le lundi 24 novembre 2025, la Coalition Santé Laurentides (CSL) a tenu à rappeler que le départ de nombreux médecins, forçant la fermeture ou réduction de cliniques, risque aussi de se faire sentir sur les autres professionnels de la santé.

« Ils collaborent étroitement avec les médecins, particulièrement dans les Groupe de médecine de famille (GMF), précise-t-on. Il est important de noter que la région des Laurentides trône déjà au sommet des pires régions pour le plus grand nombre de citoyens sans médecin de famille dans la province. »

Marc L’Heureux, préfet de la MRC des Laurentides et président de la CSL, soutient aussi que depuis plusieurs années, la région souffre d’un sous-financement structurel important et doit composer avec des infrastructures hospitalières désuètes.

« Le CISSS des Laurentides peine déjà à recruter un nombre suffisant de professionnels pour répondre aux besoins de notre population, dans les six hôpitaux, dit-il. La CSL claironne depuis plusieurs années que les Laurentides vont frapper le mur avec nos hôpitaux. Actuellement, on s’inquiète aussi pour nos GMF. »

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