Mêlez-vous de vos affaires

Par Marie-Catherine Goudreau

Quelle serait notre vie sans notre cellulaire, notre ordi portable, notre iPod, notre GPS, notre Facebook?… Et bien, je vais vous le dire drette-là. Rien. Nous sommes des dépendants affectifs, des dépendants numériques toujours à un clic du bonheur, du grand amour, de la grande vie.

Mais. Aussi à un clic de se perdre.

Je ne sais pas si je suis vieux jeu, mais après moult réflexions, nous avons décidé de retirer de la place publique mondiale qu’est Facebook notre fils de 10 ans. Le drame.

Je ne sais pas si je suis vieux jeu, mais en consultant le Facebook de mon fils de 10 ans, le cœur m’a fait deux tours. Faut dire que les photos des jeunes fillettes «posant», exagérément sexy, et les mots qui souvent accompagnent la pose («Trouves-tu que chus chaude?») n’ont rien fait pour calmer mon cœur de mère. Ça m’a pris du temps à comprendre, puisque dans mon temps «chaude» voulait plutôt dire «saoule»… Mais j’ai finalement saisi: ils sont «bright» nos jeunes, ils ont francisé la «chose», ils ont fait avancer la loi 101. «M’trouves-tu hot?» est ainsi devenu «Trouves-tu que chus chaude?»

En fait c’était juste l’arbre qui cachait la «forêt Facebook». J’ai décidé d’avancer, de prendre «les chemins les plus (mal) fréquentés». J’y ai croisé des concours de beauté où l’on cherche une note «parfaite» sur l’échelle de la beauté; j’y ai croisé des mots que je ne réécrirai pas ici, mais que des enfants de 10 ans utilisent comme nous utilisions la marelle dans la cour d’école… J’y ai croisé une vulgarité… une vulgarité qui, au mieux, ignore qu’elle est vulgaire… et au pire est fière de l’être. 

Dire que dans mon temps «être cool» c’était de porter des bottes Kodiak détachées, une veste de chasse avec la patte de lapin à la boutonnière. 

Aujourd’hui ben… «less is more».</p>

Messemble qu’il y a d’autres choses à faire quand tu as dix ans que de mêler ta petite vie d’enfant à ce grand cirque virtuel (et, avoue-le, de risquer d’alimenter le catalogue des pédophiles). 

«Dans mon jeune temps» nos parents savaient à la maison à qui on parlait et ce qu’on disait : y’avait juste un téléphone, il était noir pis il était dans la cuisine. Tu voulais de l’intimité? Tu étirais le fil jusque dans la pantry pour parler à ton amoureux.

À défaut de ne pouvoir contrôler ce que lit mon fils, ce qu’il écrit, ce qu’il voit, ce qu’il diffuse sur Facebook… ben je tire la plug… pis «va donc t’épivarder dehors!»

Passant d’un extrême à l’autre

Comme on vit à une époque qui n’en est pas à une contradiction près, mon fils aîné, lui, graduera la semaine prochaine. Pour son bal des finissants, on a invité aussi… les parents!

Han?!

«Dans mon jeune temps», la dernière chose que tu voulais à ton bal, après arriver pas de cavalier, c’était bien arriver avec tes parents, non?!

– Es-tu certain que tu veux qu’on y soit, mon grand?

– Ben oui!

– Je vais pouvoir danser pis toute pis toute…?

– (…)

– (…)

– Ben… t’es p’être pas obligée de danser, M’man!

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