Mon voisin cet immigrant
¿Habla Español?
Comme Accès l’avait annoncé, nous poursuivons notre dossier sur l’immigration dans les Laurentides, question d’aller à la rencontre de l’Autre. Des portraits à la fois touchant et passionnant, présentés par la journaliste Julie Corbeil.
Né au Pérou, Cesar Saenz a parcouru le monde avant de poser ses bagages avec sa petite famille dans les Laurentides. Après quelques mois dans la région, il forme son Club de conversation en Espagnol dont les membres ne cessent de se multiplier. Nous nous rencontrons à la Chapelle sur le Lac de Sainte-Adèle, lieu de réunion de ses hispanophiles laurentiens.
«Quand je suis arrivé dans les Laurentides, j’ai remarqué que plusieurs Québécois me parlaient spontanément en espagnol “Hola! Como estas?” J’étais surpris de l’intérêt pour ma langue maternelle», explique celui qui a passé une partie de sa vie à travailler aux quatre coins de la planète en commerce international.
Des amis l’encourageaient à organiser des soirées pour échanger en espagnol. «Bien sûr! répondait-il Quand je trouverai le temps…» Les jours se sont écoulés et c’est en novembre dernier qu’il a finalement affiché ses premières publicités. «Je pensais qu’il y aurait cinq ou six personnes qui répondraient à l’appel, mais jamais je n’aurais cru que nous amasserions 50 membres en si peu de temps!» , s’exclame Cesar avec un enthousiasme contagieux.
Les membres sont libres de se joindre ou pas à la réunion hebdomadaire. Le mardi soir à la Chapelle sur le Lac, le groupe varie donc entre 15 et 20 personnes de tous les âges et tous les niveaux d’espagnol. Chaque soirée s’appuie sur une thématique collée à l’actualité dans une ambiance amicale où Cesar agit comme maître de cérémonie. Basé sur la conversation, l’atelier ne s’apparente en rien au cours magistral et est même parfois substitué par une sortie à saveur latine. L’instigateur du Club raconte que les participants ont l’impression d’assister à un spectacle d’humour tant fusent les éclats de rire lors des soirées de réunion. «J’aime voir le bonheur dans les yeux des gens. C’est très gratifiant!»
Cesar avoue que son initiative cache aussi l’intérêt de connaître des nouvelles personnes et de favoriser les échanges sociaux. Le plus jeune membre du Club de Conversation en Espagnol a 21 ans et fait de la coopération internationale en Amérique Latine. Le membre le plus âgé approche les 90 ans et vient pratiquer l’espagnol qu’il a appris au cours de ses nombreux voyages. Issus de parcours hétérogènes, les participants se rejoignent dans leur amour pour la culture latino-américaine.
L’homme derrière le projet
Cesar a quitté Lima pour Montréal au début des années 80, alors qu’il franchissait le cap de la vingtaine. Il s’est déniché un emploi dans une multinationale qui l’a amené à déménager constamment d’un pays à un autre. «Je travaillais parfois sept jours par semaine, 13 heures par jour!» Un jour, il a mis le frein à cette vie à cent miles à l’heure qui ne convenait plus à sa famille, ni à la philosophie bouddhiste à laquelle il s’était converti lors de l’un de ses périples. Sa femme, originaire de l’Abitibi, et lui sont venus chercher une qualité de vie dans les Laurentides. Le résident de Piedmont confie que le silence de la campagne l’angoissait à son arrivée dans la région: «Je suis un citadin. J’adore les grandes villes et l’énergie qui s’en dégage.» Après deux ans à apprivoiser les lieux, il dit s’être habitué à son nouveau rythme de vie et rêve secrètement de créer un festival latino-américain dans les Laurentides.
Pour plus d’information à propos du Club de Conversation en Espagnol des Laurentides, Cesar invite les gens à consulter le site suivant: www.conversation-espagnol.blogspot.com