Nicole Robert, l’angle féminin du cinéma
Nicole Robert, présidente-fondatrice de Go Films et productrice, nage dans le milieu du cinéma telle une olympienne déterminée, récoltant prix, reconnaissances et honneurs grâce à son flair, son audace et la confiance en ses choix. Rencontre avec une femme sensible qui ne craint pas l’eau chaude, se tient droite devant l’adversité, se démarque et remporte la palme!
Être femme dans le monde du cinéma, c’est comment, Nicole Robert?
Quand j’ai commencé, c’était très difficile parce qu’on était dans un monde d’hommes dont beaucoup étaient des décideurs, mais le milieu a changé avec les années. On retrouve maintenant beaucoup de femmes à la production et on se fait respecter autant que les hommes. Le côté positif à cette évolution est dans l’approche et la façon différentes de penser les choses, ce qui enrichit le milieu cinématographique, puisque c’est le point de vue de la seconde partie de l’humanité, celle de la femme. On a des atouts que les hommes n’ont pas. Le travail demeure bien sûr encore plus grand à faire pour la femme que pour l’homme, mais on évolue.
Vous avez reçu plusieurs prix et reconnaissances, et certains de vos films ont été millionnaires. Sur quoi déterminez-vous vos choix?
Au départ, je suis assez éclectique! Je me laisse séduire par beaucoup de genres en cinéma, mais je suis particulièrement sensible à ce qu’on veut raconter. Ce dont on parle, comment on en parle et qui en parle, c’est important pour moi, tout comme d’avoir des affinités avec la personne avec laquelle je vais travailler, scénariste ou réalisateur. Ces premiers critères sont plus émotifs, mais je vois l’émotion comme un moyen de connaissance et un atout positif pour prendre des décisions. Le langage du cœur. Seulement après, vient le langage de la tête, la raison, chiffrer les possibilités, le financement, porter le projet à l’écran, etc. Mais au départ, il faut que ce soit un coup de cœur!
Est-ce cette fameuse émotion que vous y détectez qui fait que plusieurs de vos films aient été millionnaires au box-office?
C’est bien difficile de savoir comment un film va atteindre un public, et maintenant que les habitudes de consommation du cinéma ont changé! On va moins voir les films au cinéma parce qu’on les regarde chez soi sur les différentes plateformes en ligne, et même le DVD est en baisse. Donc au départ, quand je pense produire un film, oui je veux qu’on s’adresse à un auditoire, je veux qu’on rejoigne les gens, mais je ne veux pas me priver de mettre à l’écran des sujets un peu plus difficiles et pas nécessairement feel good non plus. Lorsqu’on ne va pas souvent au cinéma, on choisit plus un film qui nous fera sentir bien, ou nous divertira, mais il y a des films dont les sujets sont importants à explorer et pour lesquels on a de belles surprises et de belles réponses du public peut-être moins nombreux, mais présent tout de même. J’ai produit des films qui sont devenus millionnaires alors que mon distributeur prédisait que personne ne voudrait voir un tel film! On ne connaît jamais les réactions d’avance! Ce qu’on sait toutefois, c’est que tout comme le livre qu’on choisit de lire, on veut être nourri par le film qu’on décide d’aller voir. De réaliser à l’écran que des gens comme nous vivent des situations semblables aux nôtres peut être inspirant et motivant et ça pour moi, c’est bien important.
Vous êtes reconnue, Nicole Robert, pour découvrir les nouveaux talents, réaliser ou produire les premières œuvres de scénaristes, de réalisateurs. C’est du risque ça!
C’est ce qu’on me dit chaque fois, mais il y a quelque chose d’unique dans une première fois, une première œuvre. Comme une liberté, une pureté, une légèreté, une fraîcheur. C’est comme voir à travers les yeux d’un enfant qui se dévoile et partage pour la première fois. La complicité est plus grande aussi. Je ne perçois pas ça comme un risque. J’aime ça. Lorsqu’un réalisateur arrive à faire son premier film, il y a tout de même tout un bagage derrière lui! On a du talent ou on n’en a pas! Le reste c’est du travail!
Est-ce que toutes ces raisons et cette notion de nouveaux talents justifient votre intérêt et votre implication dans le Festival du Film Indépendant de Saint-Sauveur (FFISS)?
Oui! D’abord, je trouve admirable qu’une jeune femme comme Éliane Aylestock fasse tout ce qu’elle fait! Elle est un bel exemple d’entrepreneuriat, de femme passionnée de cinéma qui trouve une façon d’en faire la promotion. Et puis, il s’agit de la relève. On parle de courts-métrages aussi et, pour moi, c’est important d’encourager cette forme d’expression. Faire rayonner le cinéma hors des grands centres est très important aussi. Le bassin culturel des Laurentides est tellement riche! Il y a beaucoup de cinéphiles ici en plus… et ça se passe chez moi, à Saint-Sauveur! Alors si je peux aider, tant mieux! Mais j’avoue que je n’ai pas réfléchi à tout ça avant d’accepter. J’ai dit oui tout de suite parce que parler cinéma et le partager, c’est une aventure qui m’intéresse et que je prends comme un cadeau!
Un mot de la fin pour le FFISS?
Je pense que cette 5e édition nous réserve de belles surprises qui feront grandir le festival et je souhaite déjà pour la 6e édition qu’Éliane réussisse à convaincre un parrain ou une marraine d’embarquer dans son aventure! Quelqu’un qui croit au cinéma de chez nous et qui peut arriver avec un peu de financement. Je lance un appel dans le milieu des Laurentides!
Le FFISS, c’est du 18 au 20 septembre au chalet Pauline-Vanier à Saint-Sauveur!
Tous les détails sur www.ffiss.com Pour Nicole Robert : www.gofilms.ca