Nos déchets ont-ils sept vies?
Par samuel-lapierre
Les écocentres: musées de notre patrimoine industriel
Dans la foulée de l’ouverture de l’écocentre de Saint-Sauveur, qui a eu lieu la semaine dernière, Accès présente, sous la plume de son journaliste Samuel Lapierre, spécialisé en questions environnementales, le point sur nos écocentres, leur fonctionnement et la gestion des matières résiduelles dans les Laurentides.
Écocentres, Écosens… La multiplications des écocentres dans la région des Laurentides est signe d’une volonté collective d’intervenir dans la saine gestion de nos matières résiduelles. Cette volonté va permettre d’alléger les sites d’enfouissement déjà trop chargés de notre lourd patrimoine industriel.
En 2000, le gouvernement du Québec mettait en œuvre officiellement la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles 1998-2008. Par cette politique, le gouvernement vise la réduction de 60% des matières résiduelles d’origine municipale à être recyclées d’ici 2008.
Certaines catégories de matières, ciblées par la Politique, ne pouvaient pas être mises en valeur. C’est le cas des résidus encombrants : des débris de construction et de démolition, des résidus domestiques dangereux, des vêtements et de bien d’autres matières. Afin de récupérer ces résidus, plusieurs municipalités ont opté pour un concept simple et peu coûteux, les écocentres.
Qu’est-ce qu’un écocentre?
Les écocentres sont des parcs à conteneurs aménagés qui reçoivent, de manière transitoire et temporaire, certains résidus domestiques encombrants ne pouvant être ramassés par la collecte habituelle ou qui nécessitent un traitement particulier. Les matières récupérées sont destinées au réemploi, au recyclage, à la valorisation ou à l’élimination sécuritaire dans le cas des résidus domestiques dangereux (RDD). La mission première des écocentres est de détourner de l’enfouissement des résidus encombrants en leur offrant l’opportunité d’être réemployés, recyclés, valorisés ou éliminés de manière sécuritaire via des récupérateurs locaux.
Comment fonctionnent les écocentres?
La clientèle ciblée par les écocentres est principalement d’ordre résidentiel. Ainsi, les citoyens des municipalités desservies par le service, peuvent, suite à un grand nettoyage, un déménagement ou une rénovation, se départir de leurs résidus encombrants de manière responsable. À leur arrivée, un préposé demandera aux gens de trier, dans les conteneurs appropriés, les rebuts.
Qu’advient-il des résidus déposés
dans les écocentres?
Les gestionnaires des écocentres ont comme principaux mandat de tisser des réseaux de partenaires récupérateurs (issus du secteur communautaire, public ou privé) pour le plus grand nombre de filières de déchets possibles et ce, au moindre coût. Pas d’acheteur, pas de recyclage. Pour motiver un récupérateur à signer une entente avec un écocentre, il doit être assuré que le flux de matières soit constant et le plus homogène possible. Les écocentre refuseront certains types de rebuts s’il n’ont pas obtenu d’entente avec un recycleur. Un écocentres sans récupérateur, c’est une poubelle de gros déchets. C’est pourquoi le gouvernement québécois mise sur la création d’entreprises capables de réemployer, recycler, valoriser les matières déposées dans les écocentres. D’ici quelques années, il faudrait voir apparaître diverses entreprises de récupération et de valorisation. Des subventions gouvernementales sont offertes pour aider le démarrage de telles entreprises.
Il ne faut pas oublier que les écocentres se remplissent principalement avec nos déchets issus directement de notre consommation effrénée typiquement nord américaine. Il est essentiel de créer de tels centres mais, du coup, ne devrions-nous pas aussi penser à réduire notre production de déchets en consommant moins et mieux? Des déchets, il y en aura toujours mais rien ne nous empêche d’essayer d’en produire moins.Et lorsque l’on sait que nos déchets font l’envie de milliers de personnes dans le monde…
L’écodesign: recyclés avant de polluer !
Certains objets de consommation ne peuvent tout simplement pas être recyclés du fait qu’ils sont constitués d’un amalgame complexe de matériaux. Ils sont impossibles à démonter pour les employés des centres de tri et des écocentres. De tels objets sont dirigés directement vers le site d’enfouissement. L’éco-design est une nouvelle approche qui consiste à prendre en compte l’environnement dans la conception, la production et la fin de vie utile des produits de consommation. Avant toute conception de produits, l’industriel écolo devrait se poser les questions suivantes : Comment puis-je utiliser moins de matière première? Puis-je intégrer des matériaux recyclés? Quel processus de fabrication est le moins polluant? Q’arrivera-t-il de l’objet créé après sa fin de vie utile? Peut-il être recyclé, transformé? Quel sera la durée de vie du produit? Est-il facilement démontable en vue de sa récupération? Les matières utilisées sont-elles bien définies sur l’ensemble des composantes (ex. type de plastique, alliage métallique)? Cette approche novatrice devrait être intégrée à la production industrielle moderne. Les produits de consommation doivent être pensés globalement. Leurs impacts négatifs sont trop importants pour prendre cette question à la légère. Au pas les industriels!