On baisse la garde

Par nathalie-deraspe

Semaine de sensibilisation du VIH/Sida

Même si au Québec, trois personnes par jour sont infectées par le virus d’immunodéficience humaine (VIH), l’apparition de la trithérapie semble rendre la maladie moins effrayante aux yeux de certains. Ceux qui mouraient du sida hier peuvent aspirer à une vie quasi normale. Reste que le Sida est mortel et évitable. Malgré toutes les campagnes de prévention, l’épidémie continue de progresser à un rythme des plus inquiétant.
«Il y a 40 millions de personnes affectées dans le monde, dénonce la directrice

générale de Sida Amitié. Pourtant, on n’en parle plus parce qu’on a l’impression que c’est devenu banal. Mais même si on a banalisé la chose, c’est pas banal d’être infecté en 2006. Quand le verdict tombe, ça crée tout un impact.»

Josée Talbot a fait du sida son cheval de bataille. Chiffres à l’appui, elle martèle ses statistiques en prenant soin d’indiquer que derrière chacune d’elle se cache un individu à part entière et que le virus n’épargne pas plus les Laurentiens que les habitants des autres régions de la province.
«On a toujours l’impression que ça se passe ailleurs. Mais depuis qu’un tract a été distribué dans les résidences de Saint-Jérôme, les gens s’inquiètent et posent toutes sortes de questions», poursuit la directrice générale.

Tract qui donne le trac
À la veille de la Semaine de sensibilisation du VIH/Sida, qui se tient du 24 novembre au 1er décembre, un mystérieux tract a été expédié par la poste à des centaines de Jérômiens, ce qui a tôt fait de relancer les préjugés face à la maladie. «On se rend compte que les gens savent peu de choses sur les modes de transmission, confie l’adjointe clinique Nancy Laplante, dont le frère est décédé du Sida il y a 11 ans. Et il n’y a pas seulement le fait de se mettre à risque, poursuit-elle, il faut susciter une réflexion et se demander pourquoi on le fait.»

Les intervenantes de Sida Amitié n’ont pas manqué d’écorcher au passage le fait que les écoles soient désormais privées de cours d’éducation sexuelle. Paradoxalement, on assiste à une explosion de cas de maladies transmises sexuellement (MTS) chez les jeunes, plus particulièrement depuis deux ans, alors que les cas augmentent et que les moyennes d’âge diminuent.

Le 29 novembre prochain, le Centre Sida Amitié organise une conférence de presse pour développer autour des deux obstacles majeurs qui empêchent de débattre réellement du sujet, la stigmatisation et les préjugés. «On va se faire une petite séance pour sortir nos peurs et nos limites. On va se payer la traite et enfin dire les choses qui nous dérangent», promet Josée Talbot.

ENCADRÉ 1

Titre : Activités

29 novembre, Conférence, Le VIH ça nous concerne tous, Salle Anthony-Lessard du Vieux Palais de Saint-Jérôme à 19 h 30, avec témoignage. Coût : une boîte de conserve.

1er décembre, Descente de prévention dans plusieurs bars de la région, avec distribution massive de condoms.

ENCADRÉ 2

En Bref

Selon une étude Ekos 2006, 90% des Canadiens de 35 à 44 ans se considéraient à très faible risque de contracter le VIH/Sida. Pourtant, il s’agit du groupe d’âge le plus infecté.

Selon l’Agence de Santé régionale, il est difficile d’obtenir des données qui reflètent la réalité, étant donné le fait que les personnes concernées sont davantage portées à consulter hors région, pour s’assurer de préserver leur anonymat.

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