Papa solo Homme à plein temps

Par Marie-Catherine Goudreau

Le temps du père pourvoyeur pendant que la mère s’occupe des enfants est révolu. Ces deux tâches principales et essentielles incombent aux deux. Et si les femmes ont prouvé qu’elles avaient toute leur place sur le marché du travail, les hommes modernes démontrent qu’ils peuvent être des pères à part entière, dans toute leur masculinité, dans toute leur paternité. Même quand ils sont papas à mi-temps… Rencontres résumées avec trois papas séparés, pratiquant la garde partagée.

En couple, particulièrement, vous sentez-vous libres d’être dans votre identité masculine?

Ce n’est pas tellement en couple que l’identité masculine est altérée, parce qu’on détermine la dynamique qu’on veut vivre entre nous, mais c’est plutôt quand on devient monoparental que, là, elle est remise en question! Du jour au lendemain, on devient le père et la mère en même temps et des fois on se cherche, entre ce qu’on doit faire, ce qui doit se faire, et comment le faire. Même si on trouve qu’aujourd’hui les pères sont plus impliqués qu’avant dans toutes les facettes de la vie de parent, qu’on veut s’occuper de nos enfants dès le début, être plus présents et participer davantage à leur éducation, il reste que, des fois, on se pose des questions à savoir comment agir. Dans le temps de mon père, il était davantage le pourvoyeur et l’autorité dans la maison. On faisait des choses ensemble et on se parlait, mais ça s’arrêtait plus à des affaires de gars et des questions père-fils. Aujourd’hui, il faut être plus polyvalent disons.   

Quels aspects inexplorés de votre propre personnalité, la monoparentalité a-t-elle développés?

C’est sûr que la situation monoparentale fait grandir l’humain! On découvre des aspects de nous qu’on n’avait pas encore développés et on joue un rôle qu’on ne pensait pas vivre plus jeune… parce qu’on doit être le père et la mère en même temps. Les enfants aussi nous ramènent à  l’ordre! Ils ont des attentes envers nous, comparativement aux générations précédentes. Moi, par exemple, je ne m’attendais pas à ce que mon père vienne s’asseoir avec moi pour faire mes devoirs, ni à ce qu’il soit aussi sensible que ma mère l’était dans certaines circonstances. Comme je n’avais pas d’attentes, je n’avais pas de déceptions.

De nos jours, les enfants ont des attentes par rapport à notre rôle de père. Ils réclament également du « temps de qualité » ensemble,  ̶  ça, ça vient beaucoup de ce que la mère a institué dans la dynamique familiale  ̶ . Le rôle de père est plus demandant d’un point de vue personnel, et avec le rythme de vie qu’on mène aujourd’hui, ce n’est pas évident d’accorder du temps à toutes ces facettes qui font partie de la monoparentalité. Puis évidemment, si on ne remplit pas notre rôle comme les enfants l’espèrent, ce n’est pas long que la culpabilité embarque! Disons qu’on évolue assez rapidement!

Que croyez-vous pouvoir apporter à vos enfants en tant qu’homme et père qui soit différent de la mère?

Notre rôle en tant que parent, c’est de remplir le coffre à outils de nos enfants pour que plus tard, ils puissent se débrouiller dans les différentes circonstances de la vie. Comme les hommes sont peut-être un peu moins attentifs à chacune des respirations des enfants comparativement aux mères en général, je crois que le père apporte ce que ça prend pour se débrouiller dans la vie de façon un peu plus « fonctionnelle », un peu moins dans l’émotion. C’est une autre façon.

Qu’est-ce que la femme aurait à apprendre de ce qu’un père apporte à son enfant?

La femme devrait faire plus confiance à l’homme par rapport à ce qu’il a à apporter à l’enfant. Ce n’est peut-être pas la même chose ni la même façon, mais c’est aussi valable.  Ça prend un village pour élever un enfant, dit un proverbe africain, et ce serait bien de comprendre que le père et la mère n’ont pas les mêmes aspects de la vie à apporter à l’enfant. En plus, le bagage de l’un est différent de celui de l’autre, ce qui change la vision de la vie. La femme devrait  laisser aller davantage certaines choses. Lâcher prise. Comprendre qu’il n’y a pas de recette magique. Que  parfois, c’est correct de déroger du plan. Ce n’est pas grave. Il faudrait dédramatiser par rapport à ce qui n’est pas fait de la même façon qu’elle ou en accord avec ses attentes. La femme a de la difficulté à laisser l’homme être tel qu’il est. Pourtant, c’est le meilleur de nous-même qu’on cherche à transmettre à nos enfants, nous aussi. C’est juste différent du sien.

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