Pas à l’abri de l’euthanasie

Par nathalie-deraspe

La SPCA Laurentides-Labelle n’est pas seule sur le terrain des chiens errants

» Une municipalité est venue nous voir en nous disant qu’une compagnie leur offrait gratuitement les dix premières euthanasies. On a répliqué que chez nous, il n’y en aurait carrément pas puisque les animaux sont offerts en adoption dès qu’on devient le gardien légal. Le problème, c’est que nous on facture quand les animaux entrent chez nous tandis que nos compétiteurs facturent quand ils sortent, c’est-à-dire quand ils meurent.

Difficile de savoir comment s’articule la gestion des animaux sur le territoire des Laurentides. C’est tout comme chercher une aiguille dans une botte de foin. Seule la SPCA Laurentides-Labelle fournit des réponses claires en faisant preuve de transparence.

Le 18 décembre dernier, dans une lettre ouverte à plusieurs journaux de la province, l’activiste Louise Auger accusait le Service de protection canine des Monts (SPCM) de nombreux maux, se demandant notamment pourquoi cette patrouille canine qui contracte avec bon nombre de municipalités des Laurentides, ne veut en aucun cas divulguer son adresse: «Qui les surveille, demande-t-elle. Nos chiens sont-ils vendus dans des usines à chiots, aux courtiers, ou aux laboratoires de recherche? Est-ce que leurs carcasses sont vendues aux équarrisseurs qui les transforment en nourriture pour animaux, cosmétiques ou autres?»

La propriétaire de l’entreprise, une certaine Mme Bélisle (la dame n’a pas voulu divulguer son prénom), a bien voulu répondre à certaines de nos questions, mais celle-ci a refusé catégoriquement que nous nous rendions visiter ses installations. Dans la procédure habituelle, les propriétaires en quête de leur chien doivent joindre le SPCM par téléphone et laisser un message. Les patrouilleurs fixent ensuite un rendez-vous dans un stationnement vague afin que ceux-ci récupèrent leur animal. L’amende varie en fonction de la durée d’hébergement de la bête.

Un monopole ou presque
«Ce n’est pas un hasard si nous sommes là depuis 22 ans, argue Mme Bélisle. Il y a un drain dans chaque enclos, un échangeur d’air, de la musique. L’été, les chiens ont même l’air climatisé!»

Selon ses dires, chaque animal recueilli fait l’objet d’un rapport. Les euthanasies seraient rares puisque coûteuses. Impossible toutefois d’obtenir quelque donnée que ce soit en ce sens. «Nous n’avons rien à cacher, mais tout à protéger. Et ce que je crains le plus, c’est le vol de chiens.» Mme Bélisle ajoute que sa compagnie propose un service d’adoption, tout comme le fait la SPCA Laurentides-Labelle. La question de savoir comment et où se procurer un animal a toutefois été vite évitée. Tout comme une bonne dizaine de municipalités des Laurentides (Mme Bélisle n’a pas voulu divulguer leur nombre exact), la ville de Saint-Sauveur fait affaire avec le SPCM. Son directeur général, Jean Beaulieu, a admis ignorer si le chenil de cette entreprise a déjà été inspecté avant qu’un contrat ne leur soit accordé. La municipalité de Val-des-Lacs, qui fait également affaire avec eux et qui a ordonné par jugement l’euthanasie de 15 chiens l’été dernier, n’a pas retourné notre appel.

Euthanasies gratuites

La directrice générale de la SPCA de Laurentides-Labelle, Corinne Gonzalez, déplore la compétition qu’il y a dans le milieu. «Une municipalité est venue nous voir en nous disant qu’une compagnie leur offrait gratuitement les dix premières euthanasies. On a répliqué que chez nous, il n’y en aurait carrément pas puisque les animaux sont offerts en adoption dès qu’on devient le gardien légal. Le problème, c’est que nous on facture quand les animaux entrent chez nous tandis que nos compétiteurs facturent quand ils sortent, c’est-à-dire quand ils meurent.» Mme Gonzalez concède que les services offerts à la SPCA sont très différents que ceux offerts par les contrôleurs animaliers. «Dans un sens, on ne peut pas tellement en vouloir aux patrouilleurs. Ce sont les municipalités qui au départ, considèrent que les chiens sont une nuisance. Nous sommes intolérants avec les chiens et indifférents avec les chats. Et plus les citadins s’installent à la campagne, plus les règlements tendent à changer», constate la directrice de la SPCA. Selon elle, tant que les contribuables n’exigeront pas des informations claires au sujet de la gestion des animaux dans leurs municipalités, les histoires d’horreur continueront de se produire. «Dans la région de Rawdon, il arrive qu’il y ait 200 races de chiens en vente. C’est à croire qu’il y en a qui font de la reproduction. Comme payeurs de taxes, nous avons le droit de savoir.»

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