Le maire de Piedmont, Martin Nadon. Archives : Nordy - Sébastien Fleurant

Piedmont : Le maire veut empêcher une seconde crise

Par Simon Cordeau (initiative de journalisme local)

La salle était remplie lors de la séance ordinaire du conseil municipal de Piedmont mardi, 2 octobre. Le maire, Martin Nadon, a fait le point sur la division qui règne maintenant entre les deux groupes d’élus. « Comme c’était le cas avec l’ancienne administration, nous assistons présentement à un climat malsain, voire toxique, au sein du conseil. Il est donc impérieux que d’ici la fin du mandat, les deux groupes se côtoient moins souvent. »

« J’ai de la difficulté à comprendre ce qu’est ce climat toxique », répond le conseiller Bernard Bouclin, en entrevue téléphonique. « On pose des questions et on n’a pas de réponses. Si poser des questions est toxique pour le maire, je n’arrêterai pas d’en poser tant que je n’aurai pas de réponses. »

« J’ai l’intention de tenir le fort »

Ce sera désormais le comité de coordination qui gérera l’action du conseil et de l’administration, qui préparera le projet d’ordre du jour des séances du conseil, qui suivra les dossiers de la municipalité et qui préparera le budget. Cependant, seulement le maire et les conseillers Denis Royal, Charles Daneau et Christian Lefebvre y siégeront : les conseillers dissidents Bernard Bouclin, Marival Gallant et Richard Valois en sont exclus.

« Quand deux groupes ne peuvent plus travailler étroitement ensemble, il est tout à fait normal en démocratie que ce soit le groupe majoritaire qui prenne plus de place que l’autre, surtout quand sa légitimité est nettement supérieure à celle du groupe minoritaire », a expliqué le maire. « Toutes les décisions seront prises, comme toujours, en assemblée publique », a-t-il ajouté.

M. Nadon a listé trois raisons pour cette nouvelle façon de faire : la nécessité de protéger Piedmont d’une seconde crise politique en deux ans; celle de protéger l’équipe de direction « compétente et dédiée que nous avons réussi à reconstituer depuis 15 mois et dont nous sommes fiers »; et celle de protéger la démocratie. « En un mot, la majorité légitime au conseil prend ses responsabilités pour mettre fin à ce climat toxique que personne en 2023 n’est obligé d’endurer. J’ai l’intention de tenir le fort », a martelé le maire.

« On pose des questions et on dérange »

Les conseillers dissidents Bernard Bouclin, Marival Gallant et Richard Valois. Source : Site web de la Municipalité de Piedmont

Selon M. Bouclin, cette division éloigne le débat de l’essentiel. « Pendant qu’on parle de ça, on ne parle pas des finances. […] M. Nadon est toujours en train de nous traîner ailleurs. Un citoyen a posé des questions sur les finances hier, et le maire n’a jamais répondu. C’est toujours de détourner », illustre-t-il.

« Hier, on a accepté presque 1,4 M$ en règlements d’emprunt. Si on avait voulu être toxiques, on avait la majorité. [Le conseiller Charles Daneau était absent.] Mais pour ne pas freiner l’administration, on s’est abstenus de voter. » Notons toutefois que le maire aurait alors pu utiliser son vote prépondérant. M. Bouclin répète que ses collègues et lui n’ont pas toutes les informations sur les finances de la Municipalité pour prendre des décisions éclairées. « On veut juste protéger la Municipalité. […] On pose des questions et on dérange. »

Le conseiller rejette aussi l’accusation d’ingérence auprès de l’administration municipale. « Je travaille à Montréal tous les jours. Si M. Valois, Mme Gallant ou moi nous présentions à l’hôtel de ville, je crois que les gens ne nous reconnaîtraient même pas », a-t-il illustré.

M. Bouclin considère aussi que le maire a eu des mots « dévastateurs » à son égard et celui de ses collègues. « C’est correct, on est capables d’en prendre. […] Moi, je n’ai jamais insulté M. Nadon, jamais. On a eu des différends, mais je n’ai jamais été accusateur envers lui », insiste-t-il.

« Et je n’ai aucune façon de parler aux citoyens », ajoute-t-il. Normalement lors des séances du conseil, les conseillers donnent un rapport de leurs comités respectifs. Mais lundi, ce point n’était pas à l’ordre du jour. Les conseillers ont aussi une période d’information vers la fin de la séance. Lundi, le maire a donc demandé si certains d’entre eux souhaitaient s’exprimer, mais aucun d’eux n’a pris la parole.

De plus, le maire jette la responsabilité de la crise politique et administrative de Piedmont, en 2022, sur les trois conseillers dissidents : une accusation « aberrante », selon M. Bouclin. « Dire que c’est nous qui avons mis la mairesse dehors, alors qu’on n’était que trois et qu’ils étaient quatre ? Voyons ! Nous donner ce pouvoir-là, alors qu’on n’avait aucune expérience politique, c’est incroyable ! »

Retrouver l’unité ?

Lors de la séance, quelques citoyens sont intervenus pour demander aux élus de faire preuve d’unité et de maturité, en mettant leurs différends de côté. Mais durant son discours, le maire a évoqué « 15 mois de vaines tentatives de travailler harmonieusement » et de tensions entre les deux groupes dès les premières semaines de leur mandat.

« M. Nadon, son travail, c’est d’unifier », réplique M. Bouclin. « Il a dit qu’ils nous ont tendu la main. Mais nous aussi, on leur a tendu la main. C’est à eux aussi de faire un bout de chemin. »

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