Plan d’urbanisme à Piedmont : le maire défend la démarche
Par Alexane Taillon-Thiffeault (Initiative de journalisme local)
À la suite des inquiétudes exprimées par la famille Boisclair la semaine dernière de ne pas pouvoir construire sur leur terrain à cause de changements de zonage suggérés dans le plan d’urbanisme, le maire sortant, Martin Nadon, a tenu à clarifier la situation et à défendre le processus entourant le nouveau plan.
« La très vaste majorité des terrains à Piedmont peuvent être construits avec une superficie de 4000 m². Seuls les terrains qui ont été identifiés par les biologistes avec une valeur écologique élevée requièrent 40000 m². C’est malheureusement le cas du terrain de M. Boisclair. C’est le prix à payer pour sauver nos espaces naturels de qualité. »
Le maire précise toutefois que le terrain de la famille Boisclair n’est pas en zone de conservation. « Celui-ci est zoné résidentiel à faible impact environnemental, dit-il. Ça veut dire qu’il faut 40 000 m² de terrain pour construire. Lui, il en a 400 000. Il pourrait construire environ une dizaine de maisons. »
Un processus « très encadré par la loi »
Martin Nadon assure que le processus de consultation entourant le plan d’urbanisme a été mené conformément à la loi. « Dans le cas d’un plan d’urbanisme, la consultation est prévue dans la loi, rappelle-t-il. Elle y figure justement pour s’assurer que les municipalités y recourent. »
Selon lui, la municipalité a offert à la population plusieurs occasions de prendre connaissance des démarches en cours. « Sur notre site internet, les gens pouvaient consulter le plan de conservation, le plan d’urbanisme, lire les projets de règlement et connaître les dates de consultation, explique-t-il. On a aussi tenu une séance en début de processus, puis une autre l’été dernier au club de golf où il y avait 125 personnes. De mémoire, il n’y a jamais eu autant de monde à une consultation à Piedmont. »
Face à certaines critiques, le maire insiste sur le fait qu’il ne pouvait pas consulter les citoyens individuellement. « La loi prévoit qu’on ne peut pas faire des rencontres dans un cadre privé, dit-il. On doit inviter tout le monde afin que chacun puisse prendre la parole. Si on privilégie l’avis de certains citoyens, notre plan d’urbanisme pourrait être contesté. »
« Il faut avoir le courage de le faire »
Le maire reconnaît que certaines personnes ont mal réagi à ces nouvelles règles, mais il maintient que leur adoption est nécessaire pour préserver l’environnement. « C’est sûr que ça va déplaire aux grands propriétaires terriens et aux promoteurs, par exemple, affirme-t-il. Ceux-ci veulent davantage de densité, c’est plus rentable. […] Nous, on dit oui au développement dans des endroits appropriés, mais pas dans ceux qui sont fragiles écologiquement. »
Selon lui, la population est tout de même consciente de l’importance de protéger les milieux sensibles. « C’est la principale préoccupation des citoyennes et des citoyens de Piedmont depuis trois ans et demi. C’est le sujet dont on me parle le plus », dit-il.
Une question claire pour les citoyens
Le 2 novembre, lors des élections municipales, les citoyennes et les citoyens de Piedmont seront invités à se prononcer sur la question de la protection des milieux écologiquement fragiles. « On a posé une question claire, explique M. Nadon. On demande : “Êtes-vous d’accord pour interdire la construction dans les endroits écologiquement fragiles ?” »
Il voit ce vote comme une démarche profondément démocratique. « Quand on dit qu’il n’y a pas eu de consultation, je pense que celle-ci est la consultation ultime. On profite des élections pour poser une question et le prochain conseil va avoir l’heure juste sur ce que veut la population », affirme-t-il.
Alors qu’il quitte ses fonctions, le maire Nadon se dit satisfait du travail accompli. « Il faut du courage pour prendre de telles mesures afin de préserver l’environnement. Nous l’avons eu et j’en suis fier », conclut-il.