Projet du Grand-Brûlé — Dérivation Saint-Sauveur
Par Valérie Maynard
Le conseil des maires jette les armes
Rien ne va plus entre le comité aviseur de Saint-Adolphe-d’Howard, qui réclame des modifications au tracé d’Hydro-Québec, et le conseil des maires depuis la décision de huit des dix maires d’accepter de modifier le schéma d’aménagement et de développement de la MRC des Pays-d’en-Haut. Mercredi dernier, le conseil des maires a une fois de plus été le théâtre d’âpres discussions entre les deux parties. « Non seulement vous ne nous avez pas aidés, mais vous nous avez grandement nui », a plaidé Denise Payette, membre du comité aviseur.
La lecture d’une lettre signée par une citoyenne de Sainte-Adolphe et lue par la conseillère municipale Monique Richard a donné le ton aux échanges. « De quel droit acceptez-vous un tracé que refuse Saint-Adolphe-d’Howard? »
C’est de guerre lasse que les maires ont agi ainsi, a tenu à expliquer le préfet suppléant, André Genest. « Ça ne donnait plus rien de continuer. On n’a pas l’appui du gouvernement ni des deux députés. On est tannés de ce dossier parce que ça ne donne plus rien et on se met de plus en plus de monde à dos », s’est-il défendu. Et devant les insinuations, à l’effet que des élus pourraient retirer des bénéfices de ce tracé, M. Genest a pris soin de préciser qu’il n’y avait « aucun retour d’ascenseur prévu ».
« Quand on se bat et qu’on s’acharne, à long terme, ça nuit à nos relations avec le gouvernement et les autres élus », a appuyé le maire de Morin-Heights, Tim Watchorn. Bien que M. Watchorn reconnaisse le fait que « personne ne veut voir une ligne électrique traverser le territoire », de son point de vue personnel, insiste-t-il, plus aucun gain n’était possible pour la région dans ce dossier. « Après la décision de la Régie de l’énergie, je ne croyais plus aux résultats. »
À ce stade-ci, les élus semblent d’avis que le débat dépasse largement les frontières de la MRC et que c’est à Québec de légiférer afin que soit mieux protégé l’environnement.
Rappelons que le 11 octobre dernier, huit des dix maires de la MRC des Pays-d’en-Haut, Gilles Boucher (Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson), Monique Monette Laroche (Sainte-Anne-des-Lacs), Robert Milot (Sainte-Adèle), Jacques Gariépy (Saint-Sauveur), Clément Cardin (Piedmont), Tim Watchorn (Morin-Heights), Yves Baillargeon (Lac-des-Seize-Îles) et Jean-Pierre Nepveu (Estérel), sur recommandation du ministère des Ressources naturelles, ont accepté de modifier le schéma d’aménagement et de développement de la MRC, donnant ainsi le feu vert à Hydro-Québec pour son projet de ligne à 120 kV du Grand-Brûlé — Dérivation Saint-Sauveur.
Or, après Saint-Adolphe-d’Howard, les municipalités de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson, Estérel, Sainte-Adèle et Piedmont risquent à leur tour de se retrouver dans la mire d’Hydro-Québec qui prévoit aussi la construction d’une nouvelle ligne de 120 kV, à son poste de Chertsey, dont le tracé traverserait vraisemblablement leur territoire. Aucune carte n’a cependant encore été rendue publique par Hydro-Québec. Pressé par un citoyen inquiet, le maire de Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson a promis d’en faire la demande à la société d’État.
Lettre à Éric Martel
Par ailleurs, le comité aviseur a fait parvenir, en date du 22 novembre, une longue lettre à Éric Martel, président-directeur général d’Hydro-Québec, par laquelle il souligne la présence de « nouvelles irrégularités dans le dossier de ligne à haute tension Grand-Brûlé — Dérivation Saint-Sauveur », comme la présence non autorisée d’employés de la firme Aecom venus faire un relevé des milieux humides sur des terres privées. Le comité dresse aussi une longue liste « d’erreurs importantes », commises à différents niveaux, depuis le début de ce projet et dénonce l’acharnement d’Hydro-Québec dans ce dossier, sans considération pour « les citoyens qui auront à vivre les conséquences » causées par le passage de cette ligne.
Le comité réclame à nouveau d’Hydro-Québec le rapport d’évaluation environnementale du projet, tel que déposé à l’été 2015 au ministère de l’Environnement, et demande officiellement une révision complète du projet de cette ligne à haute tension.