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Quand fêter peut virer au cauchemar

Par Thomas Gallenne


La drogue du viol dans les Laurentides

Des histoires d’horreur, tout le monde en a à raconter au sujet de soirées qui ont mal tourné. Et bien souvent les victimes d’agressions sexuelles, suite à la consommation de la drogue du viol, ne portent pas plainte. Un phénomène pourtant bien connu des forces policières, mais sur lequel il est très difficile d’avoir des données officielles, et des témoignages.

Faites le test autour de vous. Quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a vécu une expérience très troublante. À force de questionner, les langues se délient. «L’hiver passé, après le travail, je décide de prendre un verre avec des amis dans un bar de Saint-Sauveur», raconte Cynthia (nom fictif), 34 ans. Cette jolie brunette se sent mal, dès la deuxième gorgée. La rapidité des symptômes lui sonne des cloches. «Je connais les effets de l’alcool sur mon organisme, mais là, il y avait quelque chose de pas normal, poursuit la jeune femme. L’erreur que j’ai faite a été de m’isoler. J’ai pris mes affaires et j’ai quitté les lieux en hâte. Si j’avais été suivie, je ne sais pas ce qui me serait arrivée.» Heureusement que des amis qui l’accompagnaient l’ont prise en charge et l’ont raccompagnée chez elle. «Mais en y repensant, je trouve ça freakant de savoir que quelqu’un me voulait du mal.»

 

Une drogue sournoise

Que s’est-il passé? Les symptômes ressemblent étrangement à ceux causés par le gamma-hydroxybutyrate (GHB) ou encore le Rohypnol, communément appelés la drogue du viol:  perte d’inhibition, ivresse accrue, perte d’équilibre, voire perte de mémoire si la substance toxique est consommée avec de l’alcool.

 

Watch ton drink

«C’était en mai, j’étais dans un bar de Saint-Sauveur, mais je ne veux pas dire lequel, raconte Chantal (nom fictif), superbe femme d’affaires dans la quarantaine avancée. J’ai dû me faire mettre quelque chose dans mon verre qui était posé sur le comptoir. En peu de temps, je n’étais plus moi-même, j’ai été malade. Un ami qui m’accompagnait, trouvait que je n’étais pas dans mon état normal et a décidé de me ramener chez moi.» Là encore, cette femme n’a pas porté plainte.

 

«Ce n’est pas un phénomène sur lequel je me sens à l’aise de commenter», avoue  Frédéric Tremblay de la Sureté du Québec à Saint-Sauveur. Le sergent reconnaît ne pas détenir de statistiques avérées sur l’ampleur du problème, car pour faire une corrélation entre un événement rapporté, et l’implication réelle d’une quelconque substance, il faudrait procéder à un examen toxicologique sur la victime. «Encore faut-il que la personne porte plainte», ajoute le sergent Tremblay. Même son de cloche, du côté de la capitale des Laurentides. «Quand les gens sont victimes de la drogue du viol, ces derniers n’appellent pas la police, confie Robin Pouliot, agent des communications au service de police de Saint-

Jérôme. C’est ce qu’on appelle les «chiffres noirs»: des délits non rapportés.» Autrement dit, on sait que ça existe, mais on ne peut rien prouver. «En fin de semaine, on a eu un cas, poursuit  l’agent Pouliot. Une jeune fille a eu un malaise dans un bar et est repartie en ambulance. Son malaise est-il lié à cette drogue? Va-t-elle nous rencontrer pour porter plainte? Je n’en sais rien.» L’agent de communication de la police de Saint-Jérôme sait cependant que cette drogue circule dans les bars jérômiens et également dans le milieu scolaire. «On fait des rencontres avec les finissants du secondaire, poursuit Robin Pouliot, avant les bals de fin d’année. Le message important, c’est de ne jamais perdre de vue sa consommation, sinon on ne la consomme plus. Et ça vaut aussi bien pour les hommes que pour les femmes.»

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