Que ferez-vous pour votre lac cet été?
Par Journal Accès
Avec ce que l’on entend sur la situation des lacs de notre région, notamment la prolifération de plantes aquatiques, l’érosion des berges, le vieillissement accéléré des plans d’eau (appelé l’eutrophisation des lacs), voire même l’apparition de cyanobactéries – ou algues bleues –, nous pouvons nous demander quelle sera l’attitude des municipalités et des propriétaires riverains face à la préservation des lacs cet été. Les mentalités et les approches changeront-elles?
Une bonne nouvelle est certainement le fait que de plus en plus de municipalités de la région, ainsi que les MRC, prennent la question au sérieux et doublent les efforts pour sensibiliser les citoyens et mieux réglementer en termes de protection des lacs et des rives. On voit même apparaître des postes d’inspecteurs et d’inspectrices en environnement, ce qui, avouons-le, est assez avant-gardiste dans la région (mais oh combien nécessaire!) Mais bon, le travail reste à être fait, et vite.
Malgré cela, nous devons regarder la réalité en face. Les riverains ont une responsabilité face à la santé des lacs et cours d’eau qu’ils bordent, réglementation municipale ou pas.
Aujourd’hui, nous connaissons les sources de pollution et les facteurs qui contribuent au vieillissement accéléré de nos lacs. Toutefois, je crois que s’il y avait une chose que les municipalités et riverains devraient attaquer d’abord et avant tout, c’est l’absence de végétation sur la rive des lacs.
Encore en 2007, nous verrons des propriétés riveraines entourées d’un gazon coupé au centimètre près, verdoyant et « parfait », s’étalant jusqu’au bord de l’eau.
Soyons honnêtes : le gazon parfait, c’est pour les banlieues. Tenter de reproduire la banlieue en campagne, c’est une catastrophe environnementale pour nos lacs.
La végétation présente naturellement autour des lacs et cours d’eau est ESSENTIELLE à la santé de ces derniers puisqu’elle agit comme une bande de protection. Entre autres, elle retient le sol et freine l’érosion des rives, absorbe les nutriments (phosphates, azote, etc.), rafraîchit le bord de l’eau en créant de l’ombrage et constitue un lieu de reproduction pour de nombreuses espèces lacustres.
Votre rive est dénudée ou est gazonnée mur à mur? Plantez-y des plantes et arbustes adaptés aux rives des lacs et cours d’eau. Vous pouvez également cesser tout simplement de couper le gazon dans les premiers mètres de la rive (tout en vous gardant un accès au lac d’une largeur de cinq mètres) et rapidement vous verrez s’installer les espèces végétales du milieu. Et la santé de votre lac ne pourra que s’en porter mieux.
Quant à ceux qui croient que la valeur de leur propriété diminuera à cause de la présence de végétation sur leur rive, qu’en sera-t-il si votre lac est contaminé à la cyanobactérie? Vaut mieux un lac végétalisé et en santé qu’un lac qu’on ne peut plus profiter. Qui voudrait d’un lac impropre à toute utilisation?
Bonjour la dévaluation…
Quand nos lacs sont perçues comme étant des piscines géantes
Depuis quelques temps, on nous annonce des solutions miracles pour venir en aide à nos pauvres lacs: Pompes à phosphates, enzymes dévoreuses de sédiments présents au fond des lacs, etc. Décidément, il y a de l’argent à faire avec les lacs du Québec.
Mais franchement, va-t-on traiter nos lacs, qui sont de véritables écosystèmes vivants et complexes, comme des piscines? Le danger, c’est que devant toute solution miracle, les individus ont tendance à se déresponsabiliser et à s’en remettre uniquement à ces solutions. J’imagine mal un lac où l’on pompe les phosphates alors que parallèlement les rives sont toujours dénudées et que des fertilisants sont encore épandus au nom de la verdure impeccable. C’est inquiétant.