Révolte dans Les Pays-d’en-Haut : Le ministre Barrette serait-il devenu le nouveau Séraphin?

Par Thomas Gallenne

Des citoyens bénévoles engagés dans la défense des droits des usagers au sein du Comité des usagers des Sommets du nouveau CISSS des Laurentides s’indignent et ont exprimé la semaine dernière leur colère. « Ça fait longtemps qu’on ne se lave plus à la débarbouillette dans les Pays-d’en-Haut, M. Barrette. Aujourd’hui, on prend des bains et des douches! Les plus fragiles des citoyens devront payer pour obtenir des soins hygiéniques de base. On appelle ça la privatisation des soins », lance avec ironie la présidente du Comité des usagers, Jacinthe Normand. Celle-ci dénonce haut et fort ce qu’elle qualifie de détournement de démocratie, la centralisation à outrance et la culture citoyenne bénévole bafouée par une centralisation sans précédent du réseau de la santé menée par le ministre Barrette. « Nous vivons concrètement les impacts directs de l’application de la loi 10 depuis le 1er avril 2015. »

Mme Normand avance que la loi 10 est une énième réforme pavée de bonnes intentions censée améliorer le sort des usagers pour l’accès aux soins de santé. « Même si M. Barrette répète sans cesse que sa réforme a pour objectif de ‘‘ mettre l’usager au cœur du système ’’, que l’objectif est de réduire la bureaucratie, que l’attention du réseau soit non plus portée sur les structures, mais sur les citoyens, les patients, sur le terrain, on observe qu’il s’assure de faire le contraire », lance-t-elle. Elle en a pour preuve que, désormais, la défense des droits des usagers et les préoccupations d’amélioration de la qualité des soins passeront obligatoirement par la nouvelle structure le CUCI du CISSS des Laurentides à Saint-Jérôme.

De 22 représentants à un!

Jusqu’en avril 2015, pour 11 établissements de santé, situés sur le grand territoire des Laurentides, il y avait 11 comités d’usagers (CH, CHSLSD, CLSC, CSSS, Centre jeunesse, Centres de réadaptation, etc.) voués à la protection des droits des usagers. Avec la loi 10, le nouveau Centre Intégré de santé et de services sociaux compte seulement deux représentants des usagers au C.A. : un directement nommé par le ministre Barrette et un autre désigné par les usagers. On passe donc de 22 représentants des usagers désignés aux différents C.A., à un seul. « C’est une structure à Saint-Jérôme qui décidera des priorités sur notre vaste territoire avec des besoins différents dans les Hautes et les Basses-Laurentides », rappelle Mme Normand.

Les Laurentides vieillissent plus vite que le reste du Québec, l’accès aux soins pour les personnes âgées dans les CHSLD est une préoccupation constante. Dans les CHSLD, les soins hygiéniques de base deviennent un luxe et sans payer, les résidents sont contraints à se satisfaire d’un seul bain par semaine.

Après deux ans de dénonciations sans succès et avec la certitude qu’il est trop tard pour changer les choses, les citoyens bénévoles engagés du Comité des usagers des Sommets lancent un dernier cri d’alarme. « Si nous ne le faisons pas, qui le fera pour les usagers?, questionne Mme Normand. Nous n’avons rien à perdre, nos jobs ne sont pas en jeu comme les 70 cadres déplacés ou mis à la retraite ou en attente d’un poste. Avec l’application de la loi sur l’aide médicale à mourir, les citoyens auront plus que jamais besoin d’avoir l’heure juste sur ce processus, surtout en ce qui concerne les droits des usagers, le respect de leurs volontés et de leur capacité à décider. »

On peut aller la vidéo faite pour l’occasion ici.