Roundup de Monsanto : Vigilance OGM sonne l’alerte
« C’était trop beau pour être vrai » lance M. Harper, un agriculteur parlant des cultures génétiquement modifiées (GM), dans le reportage sur l’invasion des mauvaises herbes résistantes au glyphosate à l’émission La Semaine Verte, diffusée sur Radio-Canada le 16 janvier dernier. Après 20 ans de ce qu’il qualifie de « fausses promesses » de la part de la multinationale Monsanto, l’organisme à but non lucratif Vigilance OGM dit ne pas être surpris de constater que les cultures GM contribuent à l’augmentation de l’utilisation de pesticides et conséquemment à la prolifération de ce qu’on appelle les « super » mauvaises herbes qui leurs sont résistantes.
Comme y déclare Hugh Beckie, chercheur à Agriculture et agroalimentaire Canada, en parlant de la résistance des mauvaises herbes au glyphosate : « On s’y attendait depuis longtemps ». En effet, depuis plusieurs décennies, des scientifiques avaient anticipé que l’utilisation abusive de pesticides tel que le glyphosate entraînerait l’émergence de ce phénomène.
« Ce reportage démontre clairement que ces mauvaises herbes résistantes, telles que l’Amarante de Palmer et le Kochia, peuvent avoir des effets néfastes sur les revenus des agriculteurs et que cela va aller en empirant », déclare le coordonnateur de Vigilance OGM, Thibault Rehn. Dans le cas du Kochia, les pertes de rendements peuvent aller jusqu’à 70 % selon Monsieur Beckie. De plus, de nombreux agriculteurs doivent désormais faire appel à de la main d’œuvre afin d’arracher ces mauvaises herbes. Elles sont si résistantes qu’elles posent même des risques pour la machinerie.
À l’heure actuelle, on répertorie cinq mauvaises herbes résistantes au glyphosate au Canada, principalement présentes en Ontario et dans les Prairies. « Au Québec, il n’y a toujours pas de déclaration officielle de la part du Ministère de l’agriculture mais cela n’est qu’une question de temps, croit M. Rehn. En effet, le glyphosate est aussi largement utilisé au Québec, principalement sur les cultures GM de maïs et de soya. »
L’OBNL rappelle que l’utilisation d’herbicides à base de glyphosate au Québec a augmenté de 71 % entre 2006 et 2012. « C’est un nouveau signe alarmant qui devrait forcer le ministère de l’Environnement du Québec à adopter des mesures strictes dans le cadre de la réouverture du Code de gestion des pesticides attendue ce printemps », ajoute M. Rehn.
Par ailleurs, depuis mars 2015, le glyphosate a été classé comme « potentiellement cancérigène pour l’humain » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
« Vingt ans après l’introduction des premiers OGM au Canada, dont l’objectif commercial a toujours été d’augmenter les ventes des compagnies de biotechnologies, il apparaît évident que nos gouvernements se doivent de soutenir les agriculteurs dans une transition vers un modèle d’agriculture biologique, plus durable et sain pour eux, comme pour les consommateurs », conclut Thibault Rehn.
Vigilance OGM
Vigilance OGM est un organisme à but non lucratif formé de groupes et d’individus provenant de divers horizons : paysans, environnementalistes, consommateurs, citoyens, tous préoccupés de ce que l’on met quotidiennement dans notre assiette et de l’impact des modes de production sur la santé humaine et environnementale. (www.vigilanceogm.org)
Pour plus de renseignements, on peut consulter le rapport de l’Enquête OGM 2015 « Les OGM sont-ils bénéfiques pour les agriculteurs ? »