Saint-Sauveur se souvient des disparus du marathon de Boston
Par Mathieu Laberge
Il y a une dizaine de jours, alors que le demi-marathon de Saint-Sauveur battait son plein, les coureurs qui arpentaient les rues du village avaient le cœur à la fête et au dépassement de soi. Une semaine plus tard, ils étaient de retour. Le cœur moins léger cette fois. -Mathieu Laberge
Dimanche, à l’instar d’une quinzaine d’autres villes des quatre coins du Québec, Saint-Sauveur a été l’hôte d’une course symbolique en mémoire des disparus de l’attentat à la bombe survenu au marathon de Boston.
Encore sous le choc de ce tragique incident qui a frappé la course mythique pour tous les coureurs à pied, les membres de la communauté sportive ont rapidement organisé des événements commémoratifs. Pour ne pas oublier les victimes et leurs familles, mais aussi pour rappeler que la course à pied est le sport le plus universel qui soit.
Un groupe d’environ 150 personnes a pris le départ de la boutique Espresso Sports pour sillonner des rues résidentielles du village. Dans ce peloton majoritairement féminin, des coureurs de tous âges et de tous les niveaux, des poussettes et quelques accompagnateurs en vélo.
Les organisateurs de l’événement de Saint-Sauveur ont été épaulés par les agents de la Sûreté du Québec qui ont bloqué la circulation aux intersections les plus passantes.
Et fait intéressant à noter, même si l’imposant peloton a monopolisé quelques sections de route pendant un peu moins d’une heure, aucun automobiliste n’a démontré des signes d’impatience. Une autre preuve que le recueillement s’est élargi auprès d’un groupe encore plus grand.
En fin de parcours, les coureurs se sont recueillis quelques minutes devant l’église pour écouter une brève allocution de l’ex-marathonienne Jacqueline Gareau avant de compléter le dernier kilomètre en silence.
Un événement organisé à pied levé
Dès le lendemain du tragique attentat,
Melissa Rattue a jugé bon que les coureurs de la région se réunissent pour souligner cette tragédie. Quelques messages envoyés sur les réseaux sociaux et cinq jours plus tard, elle réunissait 150 personnes.
«Je suis une coureuse et lorsque j’ai vu les événements de lundi, ça m’a vraiment touchée. Je connais Jacqueline Gareau qui a gagné ce marathon en 1980, alors c’est encore plus venu me chercher. Il y a eu des courses qui ont commencé à s’organiser dans les grandes villes et je me suis dit qu’il y aurait des gens des Laurentides qui aimeraient être présents à un tel événement», a indiqué la résidente de Saint-Sauveur.
En plus de Jacqueline Gareau, on a remarqué une demi-douzaine de coureurs qui avaient revêtu leur survêtement de l’édition 2013 du marathon de Boston. Mélanie Sarrazin était du nombre. La Prévotoise avait franchi la ligne d’arrivée moins de 5 minutes avant la première explosion. Non seulement elle a été au cœur du chaos, mais son conjoint et ses enfants l’attendaient à l’arrivée. Heureusement, tous s’en sont sortis sains et saufs.
«Je n’avais pas remis mes espadrilles depuis lundi. Je n’avais plus de douleurs musculaires, sauf que dans ma tête, il y avait encore le bruit et les nuages des deux explosions», a expliqué celle qui est enseignante au primaire. «Ce que nous avons fait aujourd’hui a dissipé tout ça. Aujourd’hui, c’est la course à pied, la liberté et la paix. Il fait soleil, il y a plein d’enfants et c’est un très grand bonheur! C’était simple et bien émouvant. Je me sens encore mieux! Dans le dernier droit où nous étions silencieux, j’ai pensé à la fin de ma course au bonheur et à la chance que j’ai eue de franchir la ligne d’arrivée.»