Sauver mes lacs!

Par Éric-Olivier Dallard

Algues bleues: mise au point du CRE

Quelques chercheurs et gens d’affaires ont jeté un pavé dans la marre dans les médias dernièrement, affirmant que des solutions efficaces existent au problème des algues bleues, mais qu’elles semblent ignorées par les organismes en place. Ce pavé jeté a éclaboussé surtout ceux-là qui sont en première ligne, dont l’intervention en est une de proximité. Car si le forum sur la santé des lacs qui se tenait à Sainte-Adèle il y a deux semaines, et auquel s’est présenté Jean Charest, a été l’occasion de sorties médiatiques de groupes environnementaux et d’entreprises non con­viés «à la fête», le travail de pédagogie effectué par le Conseil régional de l’environnement des Lau­rentides (CRE), lui, commence à porter fruit auprès de la population.
«Si l’on veut replacer la problématique dans un contexte plus large, il faut considérer la proximité que nous avons avec la métropole, explique Jacques Ruelland, président du CRE. Celle-ci amène depuis des années un fort accroissement de notre population, une croissance qui a un impact majeur sur la diversité de nos milieux naturels, et sur la qualité de nos nombreux plans d’eau en particulier.» En ce sens, l’on peut affirmer sans se tromper que les Laurentides sont à la fois un modèle et un laboratoire; à voir l’adhésion unanime des élus des Laurentides à la Charte pour la protection des lacs et des cours d’eau proposée par le préfet Charles Garnier (et le succès remporté par ses présentations sur le sujet à l’extérieur de la région), l’on doit constater que le «laboratoire» devient, en effet, de plus en plsu «modèle». C’est que le CRE s’est fait d’abord une priorité d’éduquer les citoyens, de les conscientiser: «Le problème des cyanobactéries est le reflet de pratiques implantées depuis des décennies et qui se sont accentuées au cours des dernières années. Il faut donner un coup de barre, tout en sachant que le problème ne se règlera pas du jour au lendemain», constate M. Ruelland, faisant référence aux «solutions-miracles» proposées pour redonner la santé aux lacs.

D’ailleurs, pour Anne Léger, directrice adjointe du CRE, la valeur de ces plans d’eau – et donc la nécessité de les préserver – est primordiale, et la prudence de mise: «Ce ne sont pas des piscines! Ce sont des écosystèmes, ils sont fragiles, et portent la vie… il faut bien s’assurer que l’on ne cause pas plus de dommages en cherchant des solutions rapides… D’ailleurs, ce n’est pas nous de juger de la validité des solutions proposées, que ce soit en termes d’épuration ou de restauration. Notre intervention est axée sur la prévention.» Charles Huot, du Comité environnement de la Conférence régionale des élus (CRÉ), abonde dans le même sens: «Le premier objectif doit être de contrôler l’apport en sédiments et en nutriments dans les plans d’eau, c’est la façon le plus efficace de diminuer le taux de phosphate.Il faut que des modèles soient implantés en ce sens, et la mise en place de ces modèles passe par une prise de conscience à la fois des propriétaires riverains, des élus et de l’ensemble des citoyens. Par exemple, sait-on que l’érosion, qu’elle vienne des rives par le déboisement ou des écoulement ou bien qu’elle vienne du plan d’eau par les vagues produites par les embarcations, est une des causes principales de l’apport en sédiments, qui vient fragiliser la qualité de l’eau?…»

Encadrer la mobilisation

Les volets «éducatif» et «sensibilisation» de la vocation du CRE ont été parfaitement réussis: en effet, qui donc était sensililisé au problème des algues bleues il y a 5 ans?… aujourd’hui, tout le monde connaît le terme «cyanobactérie»! L’un des prochains axes sur lequel travaille l’organisme est celui de la mobilisation: «Tout le monde est concerné, explique M. Huot, citoyens, entreprises, élus… Au-delà des enjeux environnementaux, il s’en trouve d’autres et notamment économiques: tourisme, investissements, valeur immobilière, etc…» «Croire que la science règlera tout relève de la pensée magique, résume Mme Léger. C’est une façon de se déresponsabiliser, de faire fi, et tout en se donnant bonne conscience, des règles élémentaires de l’aménagement durable.»

Les bonnes pratiques…

n Conservez le bouclier végétal naturel de votre rive sur une largeur de 10 à 15 mètres minimum. n Reboisez avec des végétaux indigènes adaptés au milieu riverain. n Bannissez l’utilisation d’engrais (même biologique). n Évitez les aménagements artificiels sur l’ensemble de votre propriété. Des matériaux tel que le béton sont imperméables et ne jouent pas le rôle de rétention et de filtration des eaux. n Ne gaspillez pas l’eau. Réparez les fuites et apprenez à gérer votre consommation. n Assurez-vous d’avoir une installation septique conforme et non dé­fi­ciente, vidangez-la régulièrement. n Privilégiez les savons et autres produits sans phosphate. Ne vous lavez surtout pas dans le lac! n Ne modifiez pas l’écoulement naturel des cours d’eau.

n Les végétaux, algues et plantes aquatiques sont utiles. Ne désherbez pas les lacs! n Ap­prenez à reconnaitre les fleurs d’eau de cyanobactéries. n Préservez les milieux humides.

n Naviguez-santé ! Privilégiez les activités récréatives telles que le kayak, vous préservez ainsi votre santé et celle du lac. n Sensibilisez votre municipalité, vos amis, vos voisins proches et ceux de votre bassin versant.

_source: Conseil régional de l’environnement des Laurentides

Un prochain rendez-vous…

Le deuxième Forum national sur les lacs se tiendra les 5 et 6 juin prochains dans les Lau­rentides, On estime qu’il accueillera entre 300 et 400 personnes. Organisé par le Conseil régional de l’environnement des Laurentides en collaboration avec le Regroupement national des Conseils régionaux du Québec (RNCREQ), il rassemblera les gestionnaires du territoire, les usagers et les experts autour du thème de la santé des lacs, lequel constitue un enjeu majeur sur les plans écologique, social et économique dans une majorité de régions du Québec, et tout particulièrement dans les Laurentides. Il visera à porter encore plus loin le mouvement provincial de résolution de problèmes liés à l’état de santé des lacs déclenché lors du premier forum de 2006.

Renseignements: www.forumsurleslacs.org

et www.crelaurentides.org.

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